Grâce à la création de son campus géant et l’arrivée du centre de création numérique TUMO à Marseille, l’école inclusive de la tech, La Plateforme, prend une nouvelle dimension, avec l’objectif de former des milliers de jeunes aux métiers du digital et du cinéma à l’horizon 2026.
Créée il y a 4 ans, La Plateforme s’impose comme un acteur majeur de la formation sur le territoire. Implantée dans le quartier de la Joliette, cette école inclusive de la tech donne à chacun l’opportunité de se former gratuitement aux métiers du numérique, sans condition de diplôme.
Marseille compte un nombre incalculable de jeunes qui ont quitté le système éducatif, le plus souvent sans ce sésame en poche, sous les radars du chômage, voire du RSA. Ce sont ces “invisibles” que Cyril Zimmermann a décidé d’aller chercher depuis 2019, en créant La Plateforme, avec le Top 20, une association réunissant les grandes entreprises de la métropole Aix-Marseille-Provence.
« L’opportunité qu’offre l’informatique, c’est de donner une chance à tout le monde, pour autant que la personne s’intéresse au sujet. Je trouve dommage que la plupart des écoles informatiques soient de grandes écoles, après des prépa’ qui demandent d’avoir franchi des étapes académiques françaises assez classiques, qui elles-mêmes sont assez discriminantes, parce que l’école, c’est la reconnaissance d’une certaine forme d’intelligence. L’autre option, ce sont des écoles privées et très chères. L’université produit des informaticiens, mais à plus petite échelle, explique le serial entrepreneur de l’économie numérique. On avait sur le papier une discipline ouverte à tout le monde, dès lors qu’on a l’esprit logique, qui permettait d’ouvrir à plein de métiers à mi-chemin entre la technique et la créativité, mais il n’y avait pas de formations permettant d’offrir ces voies d’épanouissement et d’excellence personnelle et professionnelle ».
3 000 jeunes sur le nouveau campus
Lors de son ouverture en septembre 2019, La Plateforme a accueilli 50 étudiants, avant de connaître une montée en puissance rapide, avec 600 étudiants aujourd’hui et 1 000 pour l’année scolaire 2023/2024, qui suivront des formations diversifiées de développeurs informatiques, experts en cybersécurité, spécialistes en Intelligence artificielle, chefs de projets d’innovation sur des niveaux allant jusqu’à Bac + 5.
« On vise 3 000 étudiants dans trois ans avec la première école informatique gratuite ouverte à tous et basée sur l’alternance en entreprise avec une vocation de professionnalisation très forte », poursuit Cyril Zimmermann.
Une ambition possible grâce à la création du campus géant du numérique de 25 000 m2 au nord la cité phocéenne. Ce nouvel équipement sera ouvert sur la ville, avec cinéma, restaurant et épicerie. Le bâtiment, qui doit s’élever au chemin de la Madrague-Ville, dans le quartier des Crottes, est pensé comme un lieu d’accompagnement des parcours, mais surtout comme un lieu de vie, avec offre culturelle, sportive et ses services d’hospitalité.
Le but est « d’affirmer qu’une école ne doit pas se limiter à l’enseignement des compétences métiers, mais aussi accompagner l’apprenant globalement pour lui donner toutes les chances d’insertion et d’épanouissement ».
La Plateforme labellisée « La Grande fabrique de l’image »
Membre du programme Grande École du Numérique, La Plateforme a récemment été labellisée “La grande fabrique de l’image”, du plan France 2030, visant à stimuler la compétitivité et l’attractivité du territoire français grâce à la relance ou à la création de nouvelles filières industrielles et technologiques.
Dans le cadre de cet appel d’offres, l’école a développé une proposition unique baptisée La Plateforme_Créative. « Au-delà des métiers en tension de l’informatique, le numérique s’est également largement déployé dans l’audiovisuel, le jeu vidéo et les industries culturelles et créatives. Il est donc logique que La Plateforme se déploie sur cette filière audiovisuelle afin de susciter des vocations chez les plus jeunes, puis former le plus largement possible aux métiers de l’image numérique, à des niveaux Bac+3 et Bac+5 », affirme Cyril Zimmermann.
Ouverture de l’école TUMO-Marseille avec Robert Guédiguian
Dans cette perspective, La Plateforme va lancer TUMO Marseille. Né en Arménie, ce centre de création numérique (Center for Creative Technologies) a essaimé un peu partout en Europe (Berlin, Paris, Lyon…). Il forme gratuitement des jeunes (12-18 ans) à l’usage d’outils informatiques pour créer leur musique, leur site web, leur jeu vidéo ou leur film d’animation. Des formations de 4 à 5 mois sur le temps périscolaire, le mercredi, les week-ends et pendant les vacances. « Ce sont des ateliers et modèles pédagogiques qui ressemblent beaucoup à ce que fait La Plateforme », ajoute Cyril Zimmermann.
En partenariat avec le Forum des images, ce sont plus de 1 000 jeunes Marseillais, de 12 à 18 ans, qui pourront bénéficier chaque année de sessions d’initiation gratuites. « La pédagogie TUMO autour du cinéma et de l’audiovisuel rétablit l’enseignement dans ce qu’il ne devrait jamais cesser d’être, un jeu auquel tous les enfants ont envie de jouer », s’enthousiasme le réalisateur, producteur et scénariste Robert Guédiguian, parrain de TUMO-Marseille.
L’occasion également d’aller chercher un public de jeunes filles « parce que ce sera des métiers plus en lien avec la culture, avec une capacité d’attraction beaucoup plus forte », abonde Cyril Zimmermann. La Plateforme forme 20 à 25% de jeunes femmes. Un taux supérieur à la moyenne nationale (12 à 15%) « mais ce n’est pas encore assez, estime le chef d’entreprise. Il faut pouvoir leur parler à partir du collège. Au lycée, elles sont déjà mentalement conditionnées à des métiers qu’on leur a décrits, plus naturels pour elles que d’autres. On peut leur montrer que cette technicité du numérique peut amener à plein de métiers différents et que ce ne sont pas des métiers genrés ».
Avec le soutien du ministère de la Culture et du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), La Plateforme va également proposer des formations aux métiers de l’image numérique gratuites à destination des jeunes adultes, de niveau Bac +3 aux post-diplômes, autour des métiers des arts numériques, la gestion de projet des jeux vidéo et de l’animation 3D ou encore autour de l’innovation future de l’image avec notamment l’intelligence artificielle.
« J’aimerais qu’on commence avant la fin de l’année avec l’école TUMO et les formations de type Bachelor-master, en 2024, ajoute Cyril Zimmermann. On est en train, par petite touche, de permettre à ceux qui sont dans un univers quotidien qui paraît bouché de voir la lumière ».