Après l’annonce par le ministre de la Justice d’une concertation concernant la localisation de la future cité judiciaire, le monde économique et le Barreau de Marseille plaident pour sa tenue « dans les plus brefs délais ».
Face à la fronde du monde économique et des avocats, le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, a annoncé le lancement d’une concertation sur la future cité judiciaire de Marseille, qui doit remplacer l’actuel tribunal, éclaté entre divers sites et trop exigu. « Je souhaite, avant de décider, que sous l’égide du préfet des Bouches-du-Rhône on réalise une concertation locale avec tous les acteurs sans exception : avocats, magistrats, greffiers, personnels administratifs, Chambre de commerce et d’industrie (CCI), Mairie, élus, députés, Métropole, Région… d’ici à l’été », explique le ministre dans un entretien à La Provence.
En février 2022, le ministre de la Justice avait annoncé un « plan Marshall pour la justice phocéenne », dont la construction d’une nouvelle cité judiciaire de 40 000 m² d’ici 2028. Le ministère est prêt à mettre 350 millions d’euros dans cette construction. Si rien n’était encore décidé, une délocalisation dans le quartier d’Euroméditerranée ou dans le 10e arrondissement était envisagée.
Un déménagement qui faisait peser un risque économique majeur sur le centre-ville, selon une étude d’impact réalisée par le monde économique et le Barreau marseillais et présentée le 19 avril dernier au palais de la Bourse. Clairement opposés à la future implantation à Arenc, ils ont exprimé avec force l’impérieuse nécessité, symbolique et économique, de voir la cité judiciaire rester dans le cœur de la ville de Marseille.
L’occasion également de dénoncer la méthode imposant un projet depuis Paris sans concertation préalable avec les acteurs locaux et de demander officiellement et collectivement l’organisation d’une table ronde.
Quelles options avancées ?
« Rien n’est acté pour l’emplacement de la cité judiciaire à Marseille », temporise le ministre dans le quotidien régional, même s’il précise que garder cette configuration dans le centre-ville « pose un problème technique ». Il avance quelques pistes.
Un temps évoqué, le déménagement dans le quartier de la Capelette n’est plus envisagé, car il y a « des difficultés techniques liées à la proximité d’un centre de traitement des déchets ». L’option d’une construction d’une cité judiciaire de 350 millions d’euros dans laquelle « tout sera regroupé » dans le quartier d’Euromed reste sur la table. Dans ce cas, trois ans de construction sont envisagés, avec l’utilisation du site historique du palais de justice « pour accueillir l’École du barreau (Edase) et une annexe de l’École nationale de la magistrature (ENM) ».
Autre option avancée : un palais de justice sur Euroméditerranée, une partie restant au palais de Monthyon regroupant les prud’hommes et le commerce. Un investissement de 370 M€ et quatre ans de construction, cette fois, mais « nous ne sommes plus dans une cité judiciaire », précise le ministre.
« Il doit s’agir d’une réelle concertation »
Les acteurs économiques et le Barreau de Marseille [voir encadré] prennent acte des déclarations du ministre de la Justice et « saluent » la proposition d’ouvrir une concertation qu’ils souhaitent « dans les plus brefs délais ». Dans un communiqué de presse commun, ils rappellent « qu’il doit s’agir d’une réelle concertation permettant aux différentes parties concernées par l’avenir du centre-ville d’objectiver et de mettre en perspective tous les tenants et aboutissants du dossier pour conduire à une décision éclairée et avisée ».
« La cité judiciaire doit rester dans le centre-ville de Marseille, réitèrent-ils, soulignant la conviction partagée par l’ensemble des acteurs impliqués. « Délocaliser cette activité historiquement implantée dans l’hypercentre, c’est voir mourir tout un quartier intimement lié à l’activité du Palais de Justice, lieu emblématique qui participe à l’attractivité du centre-ville marseillais ».
Mathieu JACQUIER, Bâtonnier de l’ordre des avocats du Barreau de Marseille
Jean-Luc CHAUVIN, Président CCI métropolitaine Aix-Marseille-Provence
Corinne INNESTI, Présidente CPME 13
Philippe KORCIA, Président UPE 13
Bernard MARTY, Président UMIH Bouches-du-Rhône
Guillaume SICARD, Président Fédération Marseille Centre
François-Xavier GUIS, Président FNAIM Aix Marseille Provence
Nicolas RASTIT, Président de l’UNIS Marseille Provence Corse