Conçus avec des cheveux recyclés issus des salons de coiffure, les boudins flottants Capisorb adsorbent les hydrocarbures relâchés par les bateaux. Le dispositif vient d’être installé dans le Vieux-Port de Marseille.

C’est une idée loin d’être tirée par les cheveux. Les boudins flottants Capisorb, mis au point par la société Ecofhair et l’association Coiffeurs Justes, ont vocation à capter les hydrocarbures dans l’eau des ports grâce au pouvoir adsorbant d’une ressource inépuisable : la fibre capillaire.

Le Vieux-Port de Marseille est le premier à s’équiper de ce dispositif innovant de « micro-dépollution » : le 28 mars dernier, une ligne de 30 mètres de boudins attachés entre eux a été mise à l’eau aux abords de la station d’avitaillement Nouvelle Aire. La société a également fait installer le dispositif sur son site au port de la Pointe-Rouge.

Un barrage aux substances polluantes

Si la pollution par hydrocarbures dans les zones portuaires est difficile à quantifier précisément, les fuites accidentelles de carburant sont fréquentes. Il arrive, par exemple, que le réservoir déborde au moment du plein, laissant se déverser une quantité d’huile. Celle-ci forme une couche de pollution visible à la surface de la mer, créant un phénomène d’irisation.

Le cheveu est lipophile. Il fixe donc les matières grasses, comme celles contenues dans les hydrocarbures et huiles de moteurs. Les boudins de Capisorb sont conçus pour empêcher ces substances polluantes de se propager dans l’eau. Ils créent un barrage flottant autour des zones à risques.

Le dispositif se remplace une fois par saison, hors déversement accidentel plus important. « Chaque modèle de boudin d’un mètre peut adsorber jusqu’à 5 litres de carburant », explique Thierry Gras.

capisorb, Vidéo | Des boudins de cheveux pour dépolluer le Vieux-Port de Marseille, Made in Marseille

Une filière de recyclage et d’insertion

Ce coiffeur varois engagé a créé l’association Coiffeurs Justes pour mettre en place une filière de recyclage de cheveux. L’association en a récupéré plus de 350 tonnes depuis sa création en 2015, envoyés par 5 580 salons adhérents, en France, mais aussi en Allemagne, au Portugal ou en Italie.

Quatre salariés en insertion professionnelle fabriquent les boudins Capisorb dans un atelier à Draguignan. À terme, Thierry Gras souhaite développer la filière afin de « créer de l’économie locale et circulaire » dans d’autres régions de France. « Que les cheveux des Bordelais dépolluent le port de Bordeaux, pareil à Lyon, et ainsi de suite ».

Après Marseille, les boudins vont conquérir les ports de la Côte d’Azur : ils se déploieront prochainement dans la zone d’avitaillement de Juan-les-Pins dans les Alpes-Maritimes.

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