Installée en plein cœur de Marseille, Prozon est une jeune start-up ambitieuse déjà surnommée « l’Amazon des professionnels ». Le mot d’ordre de son fondateur Gabriel Guiral : la qualité.
Prozon est une petite entreprise marseillaise qui ne craint pas la crise. Des grands noms de l’industrie du pays, tels que Michelin, Renault et L’Oréal, ont déjà fait appel à cette nouvelle plateforme dédiée aux sociétés et collectivités à la recherche de fourniture technique professionnelle.
En trois ans, la start-up a déjà créé 30 emplois pour un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros. Mais, avec une croissance annuelle de 100%, elle ne compte pas s’arrêter là et ambitionne d’embaucher rapidement une vingtaine de nouveaux collaborateurs. Un succès qui lui vaut d’ores et déjà d’être surnommée « l’Amazon des professionnels » par ses utilisateurs.
« Marseille, la ville de tous les possibles »
À la tête de ce petit empire en construction, un jeune homme de 30 ans, jovial mais exigeant. Gabriel Guiral, originaire du nord de la France, reprend en 2019 Mysignalisation, une entreprise d’e-commerce, basée dans l’Oise, qui vend des panneaux routiers à destination des professionnels. Il la transforme, l’installe à Marseille, élargit sa gamme au mobilier urbain et au matériel événementiel, et repense son modèle économique.
Le jeune entrepreneur, qui a déjà eu plusieurs vies, à San Francisco mais aussi dans l’agriculture, se laisse séduire par le bouillonnement de la cité phocéenne. Après avoir installé ses bureaux dans différents quartiers de la ville, il finit par trouver la perle rare à quelques pas du Palais de Justice : un espace de 370 m2 niché dans un bel immeuble, avec un vaste jardin exposé plein sud.
Pour Gabriel, s’implanter dans l’hyper-centre était une évidence. « Tous les employés de Prozon vivent dans le centre-ville et on a envie d’être là où ça bouge », nous confie le trentenaire qui a investi près de deux millions d’euros dans ce nouveau siège, dans la perspective de pouvoir accueillir de nouvelles recrues. « Marseille, c’est vraiment la ville de tous les possibles. Je ne suis pas sûr qu’il y ait d’autres métropoles en France où l’on puisse acheter un tel bien en plein cœur de ville ».
Un catalogue « à 70% français »
Dans le hall d’entrée de Prozon, une tireuse à bière, reconvertie en fontaine à eau, accueille les employés. L’ambiance se veut décontractée, mais Gabriel ne cache pas son esprit « carré ». Le jeune homme n’a pas pour habitude de se reposer sur ses lauriers. « Au début, je me suis dit que j’avais entre les mains un truc qui marchait, raconte-t-il. Mais je voulais savoir pourquoi ça marchait. Car si quelqu’un décidait de faire la même chose, il pouvait faire mieux que moi ».
S’il ne dévoile pas tous ses secrets, il estime que le succès de Prozon repose sur « un catalogue clair » et un positionnement « business de qualité », tandis que d’autres plateformes célèbres privilégient « un business de quantité ». Son cœur de métier, c’est « le lourd et le volumineux », car « c’est là qu’il y a quelque chose à inventer. Par exemple, envoyer un texto pour une livraison volumineuse, ça n’existe pas aujourd’hui. Nous, on veut construire un écosystème utile aux professionnels ».
Gabriel ambitionne de passer de 2 000 à 25 000 objets référencés et défend le « localisme » avec un catalogue « à 70 % français ». Il assure faire appel à des importateurs étrangers uniquement pour « les articles non-fabricables » dans l’Hexagone. « Si c’est fabricable ici, on n’importe pas ». Pour étoffer l’offre de la plateforme, une vingtaine de personnes sont appelées à renforcer les équipes dans les prochains mois. « Je cherche des personnes qui ont envie de rejoindre un projet qui les dépasse », lance l’entrepreneur qui cherche des talents à travers toute la France.
Un vaste jardin et des « business battle »
Depuis les bureaux de la start-up, le jardin intérieur fait de l’œil aux employés. Ce petit havre de paix, au milieu de l’hyper-centre marseillais, est l’objet d’un véritable projet d’aménagement et pourrait accueillir ponctuellement des visiteurs lors de soirées.
« On va même construire un petit kiosque au milieu qui pourra être utilisé comme une scène pour des concerts », dévoile Gabriel en pleine dégustation d’oranges cueillies dans le petit verger.
Il aimerait aussi faire du siège de Prozon un lieu de rencontres pour organiser des « business battle ». Un format de deux heures « pour se confronter à des pairs et prendre du recul, de la hauteur, en mode crash test » imagine le jeune patron, qui aurait aimé pouvoir rencontrer des entrepreneurs expérimentés quand il a commencé.
Hypercroissance
Aujourd’hui, il ne se fixe aucune limite, à part celle de « ne pas négliger sa vie de famille ». Il croit dans les opportunités du digital : « On pense qu’on arrive au bout, mais ce n’est que le début ». Le jeune homme est déjà lauréat de Tech for Future pour la région Sud dans la catégorie Smart Tech et participera à la finale nationale au Grand Rex à Paris.
Prozon s’est également qualifié il y a quelques jours pour le Trophée de l’hypercroissance organisé par la French Tech. En septembre dernier, l’entreprise a aussi été lauréate de la catégorie Conquérant au concours annuel de l’IRCE. Autant de récompenses qui lui permettent d’espérer devenir le leader français dans la vente de fournitures et d’équipements techniques aux professionnels.
Quand on lui demande s’il vise désormais un chiffre d’affaires à 100 millions d’euros dans quelques années, Gabriel répond en riant que ce chiffre ne lui paraît pas suffisamment ambitieux. Il évoque un objectif de plusieurs centaines de millions. « Mais je ne fais pas ça pour gagner de l’argent, sourit-il, je le fais pour m’amuser ». C’est peut-être une des clés de son succès.
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