Un projet de réhabilitation se dessine pour le Comptoir de la Victorine. D’ici 2026, l’ancienne usine d’allumettes du 3e arrondissement de Marseille doit s’ouvrir aux habitants du quartier.
Située à Saint-Mauront, en bordure de la Belle de Mai, le Comptoir de la Victorine s’apprête à démarrer une nouvelle vie, après en avoir vécu déjà plusieurs depuis sa création en 1860. Ancienne usine d’allumettes, devenue ensuite comptoir à épices, le lieu abrite depuis le début des années 2000 des activités socio-culturelles. Une reconversion qui a connu quelques écueils.
Racheté par la Ville de Marseille en 2008, après une opération immobilière infructueuse, le bâtiment a souffert selon ses occupants d’un déficit d’entretien au fil du temps, empêchant l’émergence d’un véritable espace culturel de proximité. L’incendie survenu en 2018 aurait pu sonner le glas de ce site pourtant résilient, mais de nouvelles perspectives semblent aujourd’hui se dessiner.
Une perspective de rénovation
« Le lieu a un peu été passé sous silence ces dernières années. Mais cette fois-ci, on n’a jamais été aussi proche de la concrétisation d’un projet » se réjouit Sam Khebizi, co-président du Grand Comptoir, l’association des résidents et usagers du Comptoir de la Victorine.
Un site qu’il a découvert en 1994, en tant que comédien, et dont il est « tombé amoureux ». L’ancienne usine, il aurait pu la quitter à plusieurs occasions pour rejoindre la Friche la Belle de Mai, à proximité. Mais il a préféré rester sur ce vaste espace de 6000 m2. Un patrimoine auquel il se sent attaché.
Et sa persévérance devrait être récompensée : au printemps dernier, le Comptoir de la Victorine a été inscrit dans le plan de rénovation urbaine conclu entre la Ville de Marseille, la Métropole Aix-Marseille-Provence et l’Agence de Rénovation Urbaine (ANRU). Une avancée vécue comme « une première victoire pour ce site qui a toujours été en dehors de tout plan de réhabilitation », rappellent ses occupants.
Deux ateliers citoyens pour enrichir le projet
Si la Ville doit porter l’étude architecturale préalable à la rénovation, Le Grand Comptoir s’est vu confier l’organisation d’une consultation auprès des habitants et des structures de proximité afin d’enrichir le projet. Pour l’accompagner dans cette démarche et animer deux ateliers publics, l’association a fait appel à Pôle Eco Design, une « agence de design responsable qui imagine et conçoit des solutions innovantes ».
« On a choisi de travailler avec un cabinet extérieur, car en tant que résidents, on ne peut pas être juges et partie, concède Sam, qui tenait, par ailleurs, à collaborer avec une agence qui aurait un œil architectural « pour ne pas dissocier le bâti du projet ».
Éducation populaire, économie sociale et solidaire, insertion professionnelle, art, création… les riverains ont donc pu phosphorer sur l’avenir du site, les 25 janvier et 8 février, à l’occasion des deux ateliers participatifs. Avec un cap : celui de l’utilité sociale pour les habitants, mais aussi de la viabilité économique. Dans le cadre de cet exercice, le terme de « concertation » a été proscrit pour « ne pas provoquer de désirs trop forts ». L’association rappelle qu’elle « n’a pas les clés de la boutique ».
Une réhabilitation à 6 millions d’euros
La restitution des échanges devrait être partagée avec les Marseille au début du mois de mars. Une nouvelle mouture du projet, enrichi des contributions, sera alors remise à la Ville qui reprendra la main avec le lancement à venir des études de faisabilité.
Marie Batoux, adjointe au maire en charge de lʼéducation populaire, pilote le dossier et confirme sa volonté de voir émerger « un lieu de vie » qui répondra à « un besoin social » dans un quartier auquel elle aspire « donner un souffle nouveau ».
Côté financement, la plus grosse dotation viendra de l’ANRU qui conditionne sa contribution à la création de « services aux habitants ». 3 millions d’euros, pour un projet qui pourrait en coûter environ le double et qui devra donc être soutenu également par la municipalité et d’autres mécènes.
« Le vent pousse dans la bonne direction »
Même si quelques étapes restent à franchir, le Grand Comptoir se dit optimiste sur la livraison du projet d’ici 2026. L’association souligne que « la nouvelle équipe municipale a suivi et défendu le combat [pour la réhabilitation] mené par les résidents et leurs soutiens » et veut croire qu’elle aura à cœur d’en faire un symbole de ses promesses tenues avant la fin du mandat.
« Et puis ce projet va au-delà du Comptoir de la Victorine, il a une dimension plus large, note Sam Khebizi. Pendant les ateliers, on a parlé de l’avenir du 3e arrondissement. Avec l’arrivée annoncée du tramway dans le quartier, le vent pousse dans la bonne direction. Le lieu va devenir un trait d’union entre Euromed et la gare Saint-Charles, entre la Belle de Mai et Saint Mauront ». L’ancienne usine d’allumettes, autrefois esseulée, pourrait jouir d’une nouvelle centralité.
Un commentaire