Une exposition pour sensibiliser au don d’organes s’installe au Département

« Don d’organes : l’expo qui a du cœur » met en en scène des personnes qui ont retrouvé une vie normale après avoir bénéficié d’une transplantation. Elle s’installe à l’Hôtel du Département dans le but de sensibiliser le plus grand nombre.

Chaque année, des milliers de patients en France décèdent alors qu’ils sont dans l’attente d’une greffe. C’est pour sensibiliser à ce drame que l’Association Régionale des Greffés du Coeur, qui fête cette années ses 35 ans, a décidé de créer l’exposition « Don d’organes : l’expo qui a du coeur ». Après avoir été inaugurée à l’hôpital de la Timone, elle s’installe à présent à l’Hôtel du Département jusqu’au 24 février 2023.

Les visages des femmes, des hommes et des enfants ayant survécu grâce à une greffe du cœur s’affichent dans l’immense hall du bâtiment, en grand format. En légende, les visiteurs découvrent leur année de naissance et l’année de leur opération. Comme une seconde naissance.

À travers cette exposition gratuite et ouverte à tous, l’association entend « sensibiliser le plus grand nombre au don d’organes tout en mettant en avant le formidable travail des équipes médicales qui œuvrent au quotidien pour prendre soin de leurs patients et leur offrir une nouvelle vie ».

« La France fait figure de mauvaise élève »

C’est le Professeur Frédéric Collart, chirurgien cardiaque de renom, et conseiller départemental, qui a proposé que l’exposition itinérante fasse une escale au « Bateau Bleu ». Il rappelle que « la France fait figure de mauvaise élève en termes de don d’organes, et tout particulièrement le sud du pays ».

Son objectif : sensibiliser à cet enjeu pour sauver des vies. « Dans 99% des cas, quand une personne décède et que la famille refuse de donner ses organes, c’est parce que le sujet n’avait pas été discuté en amont, regrette-t-il. Quand la personne a une carte de donneur ou avait donné son approbation, il n’y a jamais de refus de la famille ».

Frédéric Collart souligne la difficulté à obtenir des greffons à Marseille : « À la Timone, nous aurions besoin de faire 40 greffes cardiaques par an pour couvrir tous les besoins. On n’y est jamais arrivé mais, il y a quelques années, on parvenait encore à réaliser environ 30 greffes par an. Depuis que la priorité au niveau national est donnée aux patients locaux pour les dons d’organes, on est descendu à 11 greffes l’an dernier ». Il lance donc un appel : « le cœur, le poumon et le foie sont les organes les plus urgents à obtenir ». Quand ils doivent être transplantés, c’est « la course contre la montre ».

Des dons plus rares pour les enfants et les nourrissons

Le chirurgien, qui a déjà sauvé de nombreuses vies, s’émeut devant « la beauté des portraits et des visages qui s’illuminent » sur les murs de l’exposition. « Voir ces personnes en pleine forme avec le sourire » est pour lui « la plus belle des reconnaissances ». Philippe Collomb, membre de l’Association Régionale des Greffés du Cœur, fait partie de ces « survivants » qui ont accepté de se faire photographier. Il a été greffé en juillet 2003 et n’a connu « aucun souci depuis ».

Il estime avoir eu « beaucoup de chance » car il n’a eu « à attendre que deux mois ». Il pointe en revanche la complexité de trouver des greffons pour les enfants et les nourrissons. « Les dons d’organes sont beaucoup plus rares pour eux car on est dans des moments très difficiles. Un adulte peut donner son accord de son vivant alors que ce n’est pas une discussion que l’on envisage avec des enfants ».

Philippe espère en tout cas que l’exposition trouvera prochainement de nouveaux lieux d’accueil, peut-être à l’Hôpital Européen et à l’Hôpital Nord, « pour parler à tout le monde de cette cause ». En attendant la poursuite de l’itinérance, les Marseillais peuvent venir découvrir à l’Hôtel du Département, à Saint-Just, les visages de celles et ceux qui ont un message à leur transmettre.