Il y a de ça presque 30 ans, le jardin zoologique de la ville fermait ses portes. Car oui, Marseille disposait bien de son propre zoo jusqu’en 1987 ! C’est même la première ville de province à en avoir possédé un, en plein cœur de la ville, dans le magnifique parc du Palais Longchamp.
Sans la présence de quelques cages et autres abris pour animaux, difficile d’imaginer aujourd’hui que le parc du Palais Longchamp a pu accueillir autrefois un jardin zoologique. Pendant 132 ans exactement, ce poumon vert du centre-ville de Marseille a vu défiler des centaines d’espèces d’oiseaux et de mammifères pour le plus grand bonheur des Marseillais et surtout des enfants.
Le premier zoo de province
C’est à Barthélemy-Pommeraye lorsqu’il était directeur du Muséum d’Histoire Naturelle de Marseille que l’on doit l’idée de créer un zoo dans la ville. On est alors à la fin des années 1840. Il voit en ce parc animalier un double intérêt pour Marseille : il servirait d’abord de terrain d’expérience pour l’acclimatation de certaines espèces et offrirait à la population la possibilité de mieux connaître les animaux sauvages.
Il faudra attendre quelques années et surtout le mouvement d’agrandissement et d’embellissement de Marseille insufflé par le second empire pour que l’idée de Barthélemy-Pommeraye se concrétise. C’est ainsi que le jardin zoologique est créé en 1854 et ouvert au public le 1er juin de l’année suivante. Marseille devient alors la première ville de province à posséder un zoo. Suivra ensuite Lyon en 1856 ou Mulhouse en 1868. Quant au célèbre parc parisien de Vincennes, il faudra attendre 1934.
C’est sur d’anciennes terres vouées à la culture de raisin et d’oliviers du plateau Longchamp que le parc prend place. De trois hectares à son ouverture, le jardin s’agrandit rapidement grâce à l’achat de terrains appartenant à la Ville à l’est, séparé par l’actuel boulevard Cassini. Un pont est alors construit pour relier les deux parties du parc.
Le parc, d’abord propriété de la Société du Jardin Zoologique se retrouve très vite en faillite et est racheté par la Ville de Marseille dès 1856. Elle en laisse alors la gestion à une société privée jusqu’à la fin du 19ème siècle. À partir de cette date, c’est le service municipal des plantations qui en prend la charge pendant plus de 60 ans et l’entrée devient gratuite.
Des mammifères, des oiseaux, des reptiles mais pas de poissons
Pendant les quatre premières décennies d’existence du parc, on dénombre 105 mammifères et plus de 2200 oiseaux. Les singes étaient les plus représentés avec 30 espèces différentes malgré l’absence de grands singes comme le gorille. On compte aussi fauves, ours, gazelles, kangourous, zèbres, dromadaire, chameau, girafe, éléphant ou encore des rongeurs. Un rhinocéros et un hippopotame ont même habité les lieux dans les premières années du zoo mais n’ont jamais été remplacés à leur décès. Parmi les volatiles, outre les échassiers, cygnes, oies ou canards exotiques, le parc compte deux spécimens d’autruche.
À partir de la fin du 19ème siècle et la reprise de la gestion du zoo par la Ville, de nouvelles espèces y font leur entrée comme les tigres, les pumas, les loups ou encore les hyènes. Après la Seconde Guerre mondiale, un vivarium est même installé. Malgré les années qui passent, la population de poisson reste quant à elle cantonnée à la présence de poissons rouges.
Bien souvent, les animaux du jardin zoologique ont été dotés d’un petit nom. C’est ainsi que la première girafe du parc s’appelait Fanny, la deuxième Ketty, un lion Brutus, des ours bruns Mira et Mirka… Mais le nom qui aura marqué l’histoire du zoo de Marseille est celui d’une éléphante baptisée « Poupoule ». Sa douceur et sa docilité en firent l’animale vedette du zoo. Les autres éléphants qui la remplacèrent à sa mort continuèrent d’ailleurs d’être appelés Poupoule par les Marseillais.
Les années 1960, l’âge d’or du jardin zoologique
Après plus d’un demi-siècle de prise en charge, la Ville de Marseille décide en 1963 par délibération la mise en concession du jardin zoologique à un homme : André Francki. Ce dernier ferme le parc pendant quatre mois pour y effectuer des travaux. À sa réouverture, le zoo marseillais compte plusieurs nouveautés : une école de dressage, un bassin avec des otaries et même un spectacle de dauphins. La population animale est également augmentée. Tout cela entraîne un regain d’intérêt de la part de la population : c’est l’âge d’or du jardin zoologique.
Cependant, ce nouveau souffle s’estompe dès les années 1970. Avec l’essor de l’automobile, les Marseillais ont des envies de liberté et d’évasion. Ils délaissent la ville pour aller se balader aux alentours, se désintéressant du jardin zoologique qui se dégrade lentement et dont le manque d’argent se fait de plus en plus sentir : moins de personnel, moins d’animaux, de nourriture pour les bêtes ou même de nettoyage des cages et des enclos. Il faudra toutefois attendre le 30 décembre 1987 et le départ des derniers pensionnaires vers les zoos de Fréjus et de la Barben pour que le jardin zoologique marseillais ferme définitivement ses portes.
© Georges Seguin
Et depuis ?
Aujourd’hui, le jardin du Palais Longchamp est toujours là et seuls les animaux ont disparu. Certains ne sont tout de même pas très loin puisque, lors du décès d’un animal, sa dépouille était dans la plupart des cas confiée aux soins d’un taxidermiste avant d’aller prendre place dans les vitrines du Muséum d’Histoire Naturelle.
Après la fermeture du zoo, des rumeurs ont circulé quant à l’avenir du parc comme par exemple la construction d’un hypermarché en lieu et place. Mais c’est un projet de parking sous-terrain qui inquiète surtout les Marseillais depuis 10 ans. Toutefois pour le moment, le jardin est toujours bien là et fait partie aujourd’hui des espaces verts de la ville les plus fréquentés et appréciés, autant par les touristes que les habitants, pour sa verdure, son calme et son magnifique palais.
Par Agathe Perrier
J’ai connu aussi le zoo c’était toute mon enfance, et ca me manque beaucoup. J’y aller avec mes parents, merveilleux souvenir
C’est un lieu plein de souvenirs pour beaucoup d’entre nous, et aujourd’hui c’est un merveilleux lieu de promenade pour les riverains ,mais aussi pour tous ceux qui trouvent là détente et sérénité. Un lieu à préserver absolument !