De l’Indonésie au Vietnam, du Pérou à la Colombie, en passant par la Provence, les saveurs se mélangent et les terrasses végétalisées fleurissent le long de la rue Saint-Sébastien. Un voyage culinaire à deux pas de la place Castellane.
À quelques encablures de la place Castellane, les terrasses de la rue Saint-Sébastien attirent l’oeil des passants. Les plantes exotiques ont envahi les trottoirs et créent un cocon végétal où défilent des plats venus d’ailleurs.
L’homme derrière tout ce vert s’appelle Alain Bonetto. À 55 ans, il est aujourd’hui propriétaire de quatre restaurants dans cette même rue. C’est avec Ubud que tout a commencé en 2012 quand, accompagné de sa femme indonésienne, il décide de créer cette nouvelle adresse après avoir revendu son restaurant précédent.
Puis, il ouvre le restaurant vietnamien Bao, à quelques mètres seulement. En 2019, ses fils Benjamin et Lucas inaugurent Maison Bohème. Et enfin, en 2021, il lance le petit dernier : la cevicheria Lima Lemon.
Des chefs venus de tous les horizons
Quatre établissements, quatre concepts culinaires : « À chaque fois, ce sont des chefs venus de pays différents qui sont au commande. D’Indonésie, du Vietnam, du Pérou, de Colombie », indique Alain. Mais toujours ce souci du détail, dans la décoration et dans l’assiette, que l’on retrouve d’un restaurant à l’autre.
Et des extérieurs verdoyants. Pour lui, la crise sanitaire a au moins eu une conséquence positive : « Elle nous a permis d’installer des terrasses sur les places de stationnement. Maintenant elles sont pérennes et chaque année on essaye de les embellir encore davantage. Pour nous, ça change absolument tout. Ça nous a amené une nouvelle clientèle en été alors qu’auparavant on travaillait principalement en hiver ».
Et les clients viennent de loin désormais pour goûter les plats de la rue Saint-Sébastien, « de Lyon et de Paris, et même de la Côte Bleue ! ». Une fierté pour cet entrepreneur qui s’est lancé dans la profession avec la brasserie Le 6e Sens, au pied de la tour Méditerranée.
Chez Ubud, une cuisine indonésienne authentique
Le voyage culinaire démarre en Indonésie. Ubud offre, sans aucun doute, l’extérieur le plus luxuriant des quatre établissements avec une terrasse nichée au milieu d’une multitude de plantes tropicales. Ici, la gastronomie indonésienne est évidemment à l’honneur avec la cheffe Avi Nurul en cuisine. L’épouse d’Alain Bonetto est originaire de Java et propose une cuisine authentique et traditionnelle.
À l’intérieur, la décoration est soignée, avec un grand comptoir qui fait face aux tables dressées du restaurant. Un escalier sur le côté mène à un étage qui offre une vue plongeante sur la terrasse végétalisée. C’est le plus grand des quatre établissements.
À cette adresse, le dénominateur commun de tous les plats, c’est le riz. Il peut être agrémenté de viandes, de légumes, de poissons, de crevettes et bien évidemment d’épices. Colorée et parfois surprenante, la cuisine indonésienne varie selon les régions. S’attabler chez Ubud, c’est poser ses valises à Bali le temps d’un repas et découvrir la richesse culinaire de tout un pays.
Au Bao, le charme du Vietnam
En traversant la rue et en poursuivant son chemin le long de la rue Saint-Sébastien, on arrive rapidement au Bao. Le restaurant vietnamien est le plus petit des quatre adresses, avec une terrasse végétalisée composée de deux tables.
L’établissement asiatique offre un cadre plus intimiste, avec seulement une douzaine de couverts. Ici, c’est la cheffe Maï qui dirige la cuisine. Originaire de la province de So’n La, au nord du Vietnam, elle a toujours été passionnée par sa cuisine natale, qu’elle partage désormais avec ses clients à Marseille.
Au Bao, les murs sont sombres et parsemés de fresques. La lumière est tamisée et on mange près des fourneaux où sont concoctés les mets typiques de la cuisine vietnamienne. C’est le charme de l’Extrême Orient. Et il opère.
Lima Lemon, la richesse de la cuisine péruvienne
On fait quelques pas seulement, on change de trottoir et voilà le petit nouveau : le Lima Lemon. La cevicheria, qui a ouvert ses portes en 2021, propose elle aussi à ses client une petite terrasse végétalisée et ombragée par deux paillotes. On est au coeur de Castellane mais la rue prend ici des airs de plage du Pacifique.
Sur les murs du Lima Lemon, une multitude de poissons colorés accueillent les clients. Ici, on est bien dans « l’ambassade du ceviche ». La décoration, soignée et verdoyante, rappelle celle des autres établissements. Le cuisinier nous accueille avec son accent péruvien. Il est arrivé en France il y a un an et demi, sa valise chargée des saveurs de son pays d’origine : « Notre spécialité, ce sont les plats à base de poisson cru mariné ».
Cette spécialité péruvienne se revisite à toutes les sauces et révèle la diversité et la richesse d’une cuisine fruit de l’immigration espagnole, africaine, chinoise, japonaise et italienne. À la carte, des recettes à base de leche de tigre, d’oignons rouges, de cubes de patate douce et de coriandre. « On forme une belle équipe avec les restaurants d’à côté. On partage nos expériences. Il y a une bonne ambiance » sourit le chef péruvien, heureux d’avoir trouvé ici une véritable communauté.
Maison Bohème, un chef colombien pour une cuisine locale
Il faut marcher un peu plus pour arriver jusqu’au dernier établissement de la famille Bonetto. À l’angle avec la rue Falque, se dresse la Maison Bohème. Quelques tables et quelques chaises tournées face à la rue lui donnent presque des airs de brasserie parisienne. Sur le côté, une terrasse baignée par le soleil marseillais fait de l’oeil aux clients du midi.
À l’intérieur, c’est le fils d’Alain, Lucas Bonetto, qui nous accueille dans un décor chic et feutré. Il nous parle de ce lieu qu’il gère après son frère Benjamin : « On a trois univers culinaires. Le midi, en semaine, on prépare des salades, des poke balls et des plats traditionnels. Le soir, ce sont plutôt des plats à partager. Et le week-end on organise des brunchs. On propose des produits pas trop gras et uniquement faits maison ».
À Maison Bohème, les plats sont d’inspiration française et italienne avec, par exemple au menu, de la daube provençale et un croque monsieur au pain de campagne à la truffe. Mais ils sont parfois agrémentés d’une touche colombienne puisque le chef en cuisine vient tout droit de Colombie. La spécialité de l’établissement, ce sont aussi les cocktails, avec des compositions colorées et des propositions pointues.
Le voyage culinaire le long de la rue Saint-Sébastien est terminé. Mais il pourrait bientôt s’enrichir d’une nouvelle destination. Alain Bonetto nous confie qu’un nouveau local va peut-être se libérer. Auquel cas, il aimerait le reprendre pour ouvrir un autre restaurant à thème : « On a déjà des idées », glisse-t-il, sans en dire plus. De nouvelles saveurs en perspectives dans ce bout de quartier déjà très épicé.
Suite de la visite de la rue Saint-Sébastien