À l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le cancer du sein, le 19 octobre, Made in Marseille revient sur la start-up marseillaise Les Minettes en Goguette, spécialisée dans la confection textile de vêtements post-cancer du sein. L’entreprise est devenue membre de la French Tech et prépare sa nouvelle collection écoresponsable.
Il y a quelques mois, nous vous parlions de l’histoire de Véronique Gonzalez et des débuts de son entreprise Les Minettes en Goguette. Après trois ans à développer ses tenues, l’entrepreneuse avait lancé sa première ligne de vêtements post-cancer du sein depuis son local installé au Carburateur : un tee-shirt, un ensemble de lingerie et un maillot de bain, disponibles via une campagne de crowdfunding.
Grâce aux 8 576 euros collectés, 550 pièces ont ainsi pu être fabriquées au sein de l’atelier d’insertion marseillais 13 En Mode afin d’offrir une alternative vestimentaire moderne, pratique et élégante aux femmes souffrant d’un cancer du sein. « Nous avons pensé nos vêtements pour qu’ils s’adaptent aux effets secondaires de la maladie. Nos matériaux sont très doux pour lutter contre la sensibilité de la peau due aux cicatrices, nos manches amples pour se sentir à l’aise même en cas de bras qui gonfle et nos coupes évasées pour gérer sereinement les fluctuations de poids », détaille Véronique Gonzales, qui combat cette maladie depuis 2016.
Son combat contre le cancer du sein
Date qui a bouleversé la vie de cette maman : « Un jour, sous la douche, j’ai senti une boule sous mon sein gauche. Je suis allée voir mon médecin. Après plusieurs examens, on m’a diagnostiqué un cancer du sein », nous racontait la Marseillaise de 48 ans, avec un léger tremblement dans la voix, trahissant son émotion à l’évocation de cette période douloureuse.
Afin d’être certaine que la tumeur disparaisse, la Marseillaise a décidé d’opter pour un choix radical : une mastectomie sans reconstruction immédiate. Une procédure qui se conjugue avec une radiothérapie et une hormonothérapie, non sans conséquence. « Quand j’ai commencé l’hormonothérapie, j’ai pris 20 kilos en deux mois, lâche-t-elle. Un sein en moins, 20 kilos en plus, ça fait beaucoup d’un coup. Les hormones se réactivent, m’a expliqué mon médecin, donc cela provoque un chamboulement dans le corps assez conséquent ».
De nouvelles pièces en fibres biodégradables et algues marines
L’ambition sociétale de la marque Les Minettes en Goguette est forte : donner l’opportunité aux femmes touchées par la maladie de retrouver leur confiance et leur estime de soi et leur permettre d’être bien dans ce nouveau corps.
C’est à partir de son expérience personnelle que la créatrice a ainsi imaginé des vêtements adaptés, en prenant en compte les effets secondaires de la maladie et en proposant aux femmes une solution esthétique et fonctionnelle, dans une démarche écoresponsable.
Dans les prochaines semaines, la petite entreprise Les Minettes en Goguette va proposer deux nouveaux modèles : une tunique et un tee-shirt à manches longues, conçus tous les deux à base de SeaCellTM. Ce coton, entièrement composé de fibres biodégradables et d’algues marines, est particulièrement adapté aux peaux sensibles.
Les matières utilisées sont ainsi sourcées pour apporter des bénéfices à la peau et aux cicatrices, sans impacter l’environnement. Pour éviter la surproduction, cette société marseillaise propose ses tenues en précommande, tout en assurant des délais de livraison de six à huit semaines. « Si tous les fabricants arrêtaient aujourd’hui de produire, nous pourrions vivre encore 10 ans sans connaître de pénurie de vêtements, déplore la créatrice. Notre idée est donc de confectionner uniquement ce dont nos clientes ont besoin ». C’est dans ce même esprit qu’elle confectionnera ensuite une robe à manches longues pour l’hiver.
Véronique Gonzalez s’est illustrée, il y a quelques jours, à l’occasion de la 8e édition du Trophée des Entrepreneurs positifs de la CPME13, en remportant le trophée de la « bienveillance » : « Pour moi, ça a beaucoup de sens car j’ai créé les Minettes en Goguette dans l’espoir que les femmes ayant un cancer du sein retrouvent confiance et estime en elles. J’ai la sensation que ce prix reconnaît le travail que je fais depuis deux ans, à la fois pour créer et lancer la marque et désormais pour développer ces modèles ».
Le partage d’expériences pour co-construire les futurs modèles
La start-up fait aussi depuis peu partie de la grande famille de la French Tech et de ses communautés Coq rouge et Coq Vert, ainsi que de l’association En Mode Climat. Marques, usines, acteurs économiques de la mode, rassemblés au sein de cette association, utilisent leur pouvoir d’influence pour demander des lois qui luttent contre la catastrophe climatique, qui servent le bien commun et non nos intérêts économiques propres.
Il s’agit de « reconnaissances importantes » pour cette jeune marque qui planche déjà sur ses futurs modèles en co-construction avec des femmes souhaitant partager leurs besoins et leurs expériences : « Nous avons eu des retours de femmes qui connaissent d’autres effets secondaires, voire d’autres maladies que le cancer du sein. Nous réfléchissons à des tenues qui prennent encore plus en compte ces besoins », conclut Véronique Gonzalez.