En juillet dernier, 2000 personnes ont participé au premier Marseille Rooftop Day. Initié par le collectif À nous les toits, ce festival veut repenser les usages et le potentiel de cette « cinquième façade » de la ville.

Et si Marseille abritait un 112e quartier, perché sur les toits de ses immeubles ? C’est en tout cas ce que suggère le collectif À nous les toits*, organisateur du Marseille Rooftop Day. La première édition, le 2 juillet dernier, avait attiré 2000 curieux sur 13 toits-terrasses publics et privés dans 8 arrondissements.

Cette manifestation vise à ouvrir les toits de la ville aux Marseillais afin qu’ils réinvestissent ces milliers de m2 de surface souvent inaccessibles ou inutilisés, en y proposant des projets et événements variés.

« Nous sommes partis du constat que la ville contient en elle-même une sorte de « cinquième façade » sous-utilisée », explique Colombe Pigearias, r« Ce festival est le projet pilote de notre volonté de mettre en valeur les toits dans le but d’y promouvoir des utilisations durables, sociales et créatives ».

Car si leur potentiel en tant qu’espaces communs a été oublié ou peu considéré, « les toits peuvent répondre à de nombreux enjeux de la société d’aujourd’hui, poursuit Colombe Pigearias. Ils sont une ressource sociale, spatiale, énergétique, environnementale et climatique » selon les utilisations qui en sont faites. Et les possibilités sont nombreuses : lieux de rencontre, potagers urbains et jardins perchés, producteurs d’énergies durables, espaces de travail, logements…

Un « droit au ciel pour tous les Marseillais »

Une notion que partage l’adjointe au maire en charge de l’urbanisme Mathilde Chaboche, qui soutient la démarche du Rooftop Day et revendique un « droit au ciel » pour tous les Marseillais. « Il y a une réflexion à avoir sur la pérennisation de ces toitures ouvertes et vivantes, estime-t-elle. C’est en adéquation avec la charte de la construction durable de Marseille, qui aborde la question des espaces communs […], des lieux où la vie en société se crée à l’intérieur d’un immeuble ».

« C’est aussi le droit à des espaces ouverts, dans une ville où l’on manque d’espaces verts et d’espaces publics suffisamment qualitatifs, appuie l’élue. Je pense qu’on a là un potentiel qui n’est pas encore assez exploité et qui pourrait l’être davantage ».

Mais si Marseille et sa topographie vallonnée se prêtent à la culture du « rooftop », réaménager les toitures de bâtiments anciens reste compliqué. La majeure partie du centre-ville se trouve en secteur protégé, soumis à une réglementation stricte. « Nous avons un architecte des bâtiments de France [Frédéric Aubanton, ndlr] qui est très attaché à l’intégrité des toitures », justifie Laure-Agnès Caradec, présidente d’Euroméditerranée, partenaire du projet Rooftop Day.

Parmi les établissements ayant participé au premier Rooftop Day, on compte Coco Velten et son toit-terrasse végétalisé, le Mucem avec un grand karaoké, la Friche la Belle de Mai ou encore la Halte des Parents sur le toit des Apprentis d’Auteuil.

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Laure-Agnès Caradec et Mathilde Chaboche lors d’une conférence-débat d’À nous les toits au Club Pernod Ricard.

Deuxième édition en juin 2023

Les toits-terrasses ne sont pas l’apanage des villes ensoleillées d’Europe du Sud : la version marseillaise du Rooftop Day puise son inspiration dans le festival « Dakendagen » à Rotterdam aux Pays-Bas. Organisé depuis sept ans, il a permis de repérer 18 km2 de toits aménageables et d’identifier 120 usages innovants et durables des toits en milieu urbain. Plus de 25 000 visiteurs ont arpenté 70 toits lors de sa dernière édition.

Ses créateurs travaillent avec la mairie de Rotterdam pour encourager la transformation de toits en espaces publics multifonctionnels, notamment avec le « Rooftop walk », un trajet de 600 mètres reliant par ponts aériens les différents toits-terrasses de la ville.

Pour sa deuxième édition prévue en juin 2023, le Rooftop Day de Marseille revoit ses ambitions à la hausse et espère réunir une trentaine de toits-terrasses privés et publics dans toute la ville. En attendant, le collectif À nous les toits travaille sur le lancement au printemps prochain d’un « Lab des rooftoppers », un « espace de recherche-action pour penser et rendre possibles les projets sur toits-terrasses », et sur la création d’un réseau de toit-terrasses dans diverses villes du pourtour méditerranéen.

* À nous les toits (anciennement Toits & Nous) est une dynamique collective portée par :

Marseille Solutions l Synergie Family l Wetopia, Making Cities Together l L’Épopée l La Cité de l’agriculture l Récipro-Cité l Apprentis d’Auteuil l Friche la Belle de Mai l Agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise (Agam) l Club Immobilier MP l La Fabrique du Nous

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