La pollution de l’air n’épargne pas les crèches de Marseille. L’agence de surveillance de la qualité de l’air Atmosud et l’Agence régionale de santé (ARS) Paca vont former 50 agents municipaux sur la question.
L’agence de surveillance de la qualité de l’air Atmosud et l’Agence régionale de santé (ARS) Paca se penchent sur l’impact de la pollution de l’air sur la petite enfance. Les deux institutions lancent un cycle de formation pour 50 agents municipaux marseillais afin de les former à l’amélioration de la qualité de l’air dans les crèches.
Car le sujet est loin d’être anodin. « Sur 188 crèches dans la Ville, 22 sont dans des zones qui dépassent les seuils de concentration de dioxyde d’azote recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) », explique le directeur d’Atmosud, Dominique Robin.
David Humbert, responsable du pôle Urbanisme, Service Santé Environnement à l’ARS, peint un tableau plus large : « Dans la métropole, 80 % de la population est exposée à des niveaux d’azote dépassant les seuils de l’OMS. Pour les particules fines plus petites que 10 microns (PM10), c’est 60 % de la population, et les PM2.5, c’est 100 % de la population ».
Les enfants en première ligne face à la pollution
Ces pollutions chroniques, « surtout liées au transport », n’épargnent pas les plus jeunes. D’abord, à cause de l’effet de confinement des espaces fermés. Comme le précise David Humbert, « cela concentre les pollutions extérieures et intérieures ». Ces dernières sont multiples : produits chimiques du mobilier, peintures et autres matériaux. Mais aussi la concentration de CO2 d’origine humaine, dont l’impact sur la concentration des enfants peut-être impressionnant.
Ensuite, car les enfants « sont particulièrement exposés à la pollution, du fait de leur métabolisme », poursuit le responsable à l’ARS. Ce que confirme Michèle Rubirola, pédiatre de profession et première adjointe au maire de Marseille, en charge de la santé publique : « Leur organisme n’est pas assez mature. On entend parfois « respirer c’est la santé » mais ce n’est pas toujours vrai. C‘est urgent d’agir », insiste-t-elle.
Apprendre les bons gestes aux employés municipaux
C’est pourquoi la municipalité soutient le cycle de formation porté par l’ARS et Atmosud, à hauteur de 8 000 euros, sur les 15 000 que coûte l’opération. Elle doit débuter le mois prochain, et « les employés municipaux suivront 8 séances de formation », décrit Michèle Rubirola.
« Ça concerne plus de 50 agents de huit directions différentes de la Ville », poursuit l’élue. Comme les services de la petite enfance, la direction de la santé publique, les services achats ou reliés aux bâtiments. « Il s’agira d’abord de les sensibiliser à l’impact de la pollution sur la santé ».
Puis, de leur apprendre comment agir. Dans le choix des matériaux lors des travaux, par exemple. Ou les gestes du quotidien pour renouveler l’air dans les établissements municipaux.
Faire de la qualité de l’air un sujet incontournable à Marseille
La qualité de l’air s’impose comme un sujet central sur le territoire. Atmosud insiste de plus en plus sur la sensibilisation et la participation du public, dans l’analyse et la lutte contre la pollution. En particulier avec les publics jeunes, grâce à des associations comme l’Air et moi, qui travaille depuis des années sur la question.
Son président, Victor-Hugo Espinosa, estime « qu’un million d’enfants ont été sensibilisés aujourd’hui ». Notamment en leur apprenant à fabriquer eux-mêmes un capteur d’air. Un investissement pour l’avenir selon lui. « Car la pollution de l’air coûte 100 milliards d’euros en santé par an selon un rapport du Sénat ».
Le message s’adresse également à la Ville de Marseille, dont le plan de rénovation et de reconstruction des écoles doit passer à la vitesse supérieure. Dominique Robin rappelle qu’aujourd’hui, dans la commune, « 75 % des écoles n’ont pas de VMC. Et 78 % présentent un indice de confinement élevé ou extrême ». L’aération des écoles devra être une donnée incontournable de ce grand chantier.