Le porteur du projet d’hôtel de luxe à la Villa Valmer a rendu les clés de l’édifice à la Ville de Marseille. Mais il faudra attendre la fin d’une bataille juridique qui s’annonce encore longue avant de se prononcer sur l’avenir du site.

La Ville de Marseille a récupéré les clés de la Villa Valmer jeudi 1er septembre. Mais on ne peut pas encore parler d’épilogue pour cette affaire à rebondissements qui occupe la municipalité du Printemps marseillais depuis qu’elle a pris les rênes de la mairie en 2020.

Les multiples feuilletons, dont la destruction non autorisée d’une annexe du bâtiment, ont abouti à un vote du conseil municipal en juin qui acte la rupture du bail emphytéotique de 60 ans contracté sous l’ère Gaudin avec le promoteur-hôtelier Pierre Mozziconacci pour son projet d’hôtel de luxe.

Malgré une tentative infructueuse de procédure en référé pour faire suspendre la délibération, en août, l’occupant a dû se résoudre à remettre les clés de la bâtisse à la mairie, sur site, sous le regard d’huissiers.

Encore trois procédures en cours

Mais la bataille juridique semble loin d’être finie. « Maintenant, la procédure se poursuit sur le fond », précise Mathilde Chaboche, adjointe à l’urbanisme, en première ligne sur ce dossier.

Et pas que sur le fond. Pierre Mozziconacci rappelle qu’il a fait « appel devant le Conseil d’État de la dernière décision du tribunal administratif ». Il espère encore faire suspendre la délibération municipale actant la rupture du bail.

Restent les deux autres procédures qui devraient donner lieu à des batailles judiciaires d’une autre envergure. La première concerne la validité de l’arrêté interruptif de travaux, prononcé par la Ville au lendemain de la destruction non autorisée de l’hôtelier, qu’il conteste. La deuxième porte sur le refus du permis de construire qu’il a déposé afin de régulariser la situation en reconstruisant à l’identique l’élément démoli.

villa, La Ville récupère les clés de la Villa Valmer, mais l’hôtelier n’abdique pas, Made in Marseille

L’hôtelier espère toujours une indemnisation de plus de 40 millions d’euros

Quoi qu’il en soit, il formulera une demande d’indemnisation par courrier officiel à la mairie « dans les prochains jours ». Il table toujours sur une somme de plus de 40 millions d’euros.

Selon lui, la Ville aurait déjà désigné un expert, commissaire aux comptes, pour évaluer la valeur du bail et du chiffre d’affaires du projet. Montants sur lesquels pourra être appuyée une éventuelle indemnisation. Il doit présenter son expertise lors d’une réunion avec les deux parties ce mois-ci. La municipalité devrait se baser dessus pour indemniser, ou pas, le porteur du projet hôtelier.

Si les deux parties ne s’entendent pas sur cette question, il faudra, ici aussi, s’attendre à une bataille au tribunal.

Que devient la Villa Valmer en attendant ?

« La Ville de Marseille reprend possession d’un site emblématique dans un état très dégradé, sans aucune mise hors d’air et hors d’eau depuis des mois, entouré d’une végétation faisant état d’un fort stress hydrique », déclare la mairie. Ce que conteste sans surprise Pierre Mozziconacci, rappelant que « aucun procès verbal d’entrée n’a été fait pour établir un état des lieux lors de mon arrivée ».

« Nous sommes désormais responsables de la protection de l’intégrité et de la préservation de la Villa Valmer », reprend l’adjointe à l’urbanisme. D’abord avec des premiers travaux sur l’enveloppe de l’édifice, toitures et enceinte, « afin de stopper sa dégradation ». Ensuite, avec « des travaux plus lourds de consolidation dans les mois qui viennent ». Le montant de ces interventions reste à préciser.

Le barriérage autour des bâtiments a été repris par la Ville, plus resserré, « pour redonner un accès maximum au parc pour le public », précise l’élue. Un gardiennage « 24 heures sur 24 » de l’enceinte fermée est également à la charge de la municipalité.

Mais l’avenir de la Villa Valmer reste la grande interrogation. « Le but, à terme, c’est une ouverture de tout le site aux Marseillaises et aux Marseillais. Mais la vocation précise reste a définir, et dépendra de la procédure judiciaire », conclut Mathilde Chaboche. Il faudra encore être patient.

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