À l’occasion de la rentrée scolaire, le maire de Marseille, Benoît Payan, a annoncé que le prix de la cantine scolaire resterait inchangé, l’augmentation due à l’inflation sera prise en charge par la Ville. Au menu également, la qualité dans les assiettes.
Face à la hausse du prix des denrées et des coûts de l’énergie, des collectivités sont contraintes d’augmenter le budget dédié aux cantines scolaires. Le Conseil national de la restauration collective (CNRC) estime que sur un coût moyen de 2 € par repas, la hausse est en moyenne de 20 %.
À Marseille, la municipalité a « décidé de ne pas augmenter d’un centime le prix du repas et prendre à notre charge cette augmentation. On a décidé avec notre prestataire (Sodexo) de fournir un service équivalent au même prix », a annoncé Benoît Payan à l’occasion de la rentrée scolaire, ce jeudi 1er septembre, depuis l’école Révolution – Jet d’eau, située dans le 3e arrondissement.
À Marseille, selon les chiffres de la Ville, 68 000 enfants sont inscrits à la cantine pour 6 millions de repas servis par an dans 322 restaurants scolaires municipaux. Comme l’année dernière, pour 2022-2023, le coût du repas payé au prestataire de service Sodexo s’élève à 3,715 euros TTC, hors coût personnel des écoles, personnel administratif, locaux, fluides et produits divers. Outre l’exonération, le prix pour les foyers varie en fonction du quotient familial, entre 1,83 et 3,67 euros par enfant. 15 000 familles bénéficient de tarifs réduits.
Du changement dans les assiettes ?
Alors que la cantine reste « pour beaucoup de petits Marseillais(es), le seul repas de la journée », l’inflation aura-t-elle une répercussion dans l’assiette des enfants, déjà très souvent sous le feu des critiques ? La Ville veille au grain, d’autant qu’avant « 2020, on a dit des choses très fortes auxquelles on croit toujours », lance le maire de Marseille, avec beaucoup de prudence, faisant référence au fait de mettre fin au « monopole de Sodexo » martelé par le Printemps marseillais, durant la campagne des municipales.
Dans les années 1990, Marseille est passé d’un fonctionnement en régie municipale à une délégation de service public (DSP) et de deux cuisines centrales, une au Nord, l’autre au Sud, à une seule. La cité phocéenne est la seule grande ville de France où la totalité de la restauration scolaire est attribuée à un prestataire unique.
C’est aussi « le plus grand marché de restauration collective d’Europe. Il n’y a pas d’équivalent en Europe continentale. Il n’y a pas de cuisine centrale capable de fabriquer autant de repas, c’est dire le gigantisme de cette affaire, ajoute le maire. On a décidé de changer les choses. Il faut beaucoup de temps, il ne suffit pas de dire que « demain, j’arrête tel ou tel monopole ». On a commencé un travail de changement », explique-t-il, sans vouloir brûler les étapes. « On n’a pas le droit à l’erreur ».
« Nous voulons aller sur du circuit court à terme »
Depuis le début du mandat, la municipalité planche sur un « modèle alternatif » pour imaginer les cantines de demain. « Nous voulons à terme aller vers du circuit court. Nous voulons réinstaller des paysans, des agriculteurs dans la région, nous souhaitons que les repas soient de saison et que les produits soient de bonne qualité nutritionnelle et alimentaire », énumère Benoît Payan, qui ne souhaite pas en dire plus à ce stade du projet.
Reste que l’ambition est de placer la restauration scolaire au centre d’un « véritable enjeu de développement du territoire », reposant sur quatre piliers : l’approvisionnement, la production des repas, le service dans les cantines et la gestion des déchets. « Le premier objectif est de pouvoir proposer aux enfants une alimentation de qualité, bio et locale, participer à un modèle de développement durable et responsable, notamment dans la lutte contre le réchauffement climatique », nous expliquait il y a quelques mois Pierre Huguet, adjoint au maire de Marseille, en charge de l’Éducation, des cantines scolaires et des cités éducatives, dans le cadre d’un dossier consacré à la restauration scolaire.
La délégation de service public qui lie la Ville et la société en charge de la restauration scolaire arrivera à son terme en 2025. Mais d’ores et déjà des axes d’amélioration sont en discussion avec le délégataire.
Par ailleurs, la question de la restauration scolaire est concomitante du plan-école. Au sein des écoles qui font l’objet d’un grand chantier de rénovation, la réorganisation des selfs est repensée. Autre question à l’étude : la création de cuisines collectives au sein des futures écoles en construction. Affaire à suivre…