La Ville de Marseille a récemment acquis un domaine bastidaire d’1,8 hectare aux Borels (15e). Elle prévoit d’en faire un parc municipal avec des jardins partagés, avant de réhabiliter la bâtisse présente sur le terrain.
Il y a deux mois, la Ville de Marseille est officiellement devenue propriétaire du domaine bastidaire de l’Annonciade, situé aux Borels (15e) sur les hauteurs du quartier des Aygalades. Repéré par les services de la mairie en juillet 2020, le site d’1,8 hectare a été racheté par voie de préemption à un propriétaire privé pour une somme avoisinant 660 000 euros.
Ce lieu insoupçonné surplombant la ville « semblait intéressant » pour la municipalité, « car on y retrouve des ambiances boisées méditerranéennes, d’anciennes terrasses de culture traditionnelle et un forage actif avec un réservoir d’eau », décrit Nassera Benmarnia, adjointe au maire en charge du retour de la nature en ville et des espaces verts.
Vers un « lieu de vie de proximité »
La mairie centrale et celle des 15e et 16e arrondissements vont travailler conjointement dans le but d’y aménager un « lieu de vie de proximité. Le domaine bastidaire pourrait être un grand parc nature à destination des habitants de ce secteur », ajoute l’adjointe.
Celle-ci a visité la bastide au début du mois, en compagnie de son homologue à l’urbanisme Mathilde Chaboche et de la maire de secteur Nadia Boulainseur, afin de faire le tour du bien et d’« envisager ce qui pouvait y être fait ».
A l’Annonciade dans le 15e arrdt de #Marseille : une bastide rachetée par @marseille pour y développer un espace vert, un équipement de proximité et des jardins partagés.
Engagée avec mes collègues @BoulainseurN et @nassbenmarnia pour le retour de la nature en ville. pic.twitter.com/sCqfZVlGo9
— Mathilde Chaboche (@M_Chaboche) July 8, 2022
Pour Mathilde Chaboche, ce rachat symbolise à la fois « la reconquête du service public dans les quartiers populaires et la préservation du patrimoine » : en effet, la bastide de l’Annonciade était convoitée par le promoteur immobilier Kaufman & Broad avant que la Ville ne mette son veto.
« Il faut préserver ce patrimoine bastidaire qui raconte aussi l’histoire agricole de la ville et lui donner une nouvelle vie pour les enfants, les jeunes et les familles du quartier », souligne l’adjointe à l’urbanisme.
Création d’un jardin partagé au milieu du parc
Dans un premier temps, l’acquisition du domaine, situé au 15, chemin de la Mûre, devrait permettre de créer une continuité d’espaces publics : le nouveau parc « relierait le jardin public Varella à proximité, jusqu’en haut au groupe scolaire et parc sportif des Borels », explique Nassera Benmarnia. À proximité également, sur le boulevard Provençal, se trouvent les jardins ouvriers de l’Écureuil, qui disposent « d’une soixantaine de parcelles ».
La municipalité y voit l’opportunité d’« étendre l’activité de jardin collectif » en « recréant des parcelles de jardin partagé, complémentaires des restanques, et d’aménager un jardin collectif au milieu du parc, qui s’ajouterait aux jardins de l’Écureuil ».
Bordée par le canal de Marseille, cette bastide très arborée a accueilli pendant quatre ans l’association de « jardiniers militants » Chiendent, qui avait l’autorisation de cultiver une partie du terrain. Guinguettes et repas solidaires étaient alors régulièrement organisés par le collectif, qui a dû quitter les lieux l’année suivant le décès de l’une des copropriétaires du domaine en 2018.
Pour sauver un patrimoine naturel et culturel convoité par un investisseur, @marseille a préempté la propriété L’Annonciade, chemin de la Mûre, 15e, aux Borels (1,8ha pour 667.000€). Un collectif de jardiniers y sema de 2015 à 2019. ☘️🌳https://t.co/4Ezt7ohFcm pic.twitter.com/isDMoEVAwp
— David Coquille (@DavidLaMars) May 3, 2021
Une concertation prévue d’ici le mois d’octobre
La bâtisse de la fin du XIXe siècle présente sur le domaine de l’Annonciade devrait, elle, être rénovée dans un second temps par les services de l’urbanisme et du foncier de la Ville.
Selon Nassera Benmarnia, ce projet remplit donc « trois critères » : « un enjeu paysager » et patrimonial de par la nature historique du domaine, un enjeu environnemental, car situé « dans un couloir écologique qui part de la colline jusqu’au ruisseau des Aygalades » ; mais aussi un critère social, du fait de « la connexion directe avec un équipement public et culturel ».
« C’est dans notre objectif de rendre la nature aux Marseillais, d’étendre la nature en ville partout où cela est possible », affirme l’adjointe en charge des parcs et jardins.
Après la phase de réflexion actuelle, des propositions devraient être présentées aux habitants lors d’une concertation prévue à la rentrée, « au plus tard la première semaine d’octobre ».