Aux Baux-de-Provence, l’événement « Pastoralisme d’aujourd’hui » a pour but d’informer sur les traditions pastorales régionales, l’histoire de la filière laine et les initiatives qui revalorisent cette matière aux multiples propriétés.
Deux confréries pastorales existaient autrefois au village des Baux-de-Provence : celle des tondeurs et celle des bergers. Bien qu’elles n’existent plus, la tradition et les pratiques pastorales sont encore très présentes dans la vallée des Baux et dans les Alpilles.
Du 21 au 23 avril dernier, en pleine saison de la tonte, le village médiéval organisait la deuxième édition de l’événement « Pastoralisme d’aujourd’hui, du mouton à la laine ». L’occasion de comprendre les étapes de la tonte de mouton, de la toison au produit fini, et de rencontrer ceux qui font vivre la filière aujourd’hui : éleveurs, tondeurs, fileurs, tricoteuse et tisserande étaient présents pour partager leurs savoir-faire et connaissances.
« Il y a autant de paysages dans le monde qu’il y a de races de moutons qui y correspondent », comme l’explique Lucie Grancher entre deux tontes de brebis Mourérous. Si la plus connue reste la Mérinos d’Arles, la Mourérous, qui signifie « museau roux » en provençal, fait partie des trois races emblématiques de la région, avec la Préalpes.
Une industrie qui pourrait renaître de ses cendres
Si la laine de mouton possède de multiples usages et propriétés, cette matière-ressource a perdu de sa valeur et les bêtes ne sont plus élevées pour cette production. La concurrence de la fibre synthétique, la délocalisation et la fermeture de quasiment toutes les anciennes usines de filature ont mené à une quasi-extinction de cette filière dans les régions françaises, dont en Provence.
Aujourd’hui, plus de 80% de la laine produite en France est vouée à l’export, principalement vers l’Asie où elle est transformée en fils ou utilisée en mélange. Au point qu’elle est même devenue un coût, voire un déchet pour les éleveurs.
Mais depuis une dizaine d’années, des initiatives fleurissent pour revaloriser la laine de mouton et relocaliser la transformation de cette matière aux multiples usages et propriétés : naturelle, isolante, régulatrice d’humidité… mais aussi biodégradable et infiniment renouvelable. La Maison de la Transhumance a par exemple développé « La Routo », une gamme de vêtements techniques conçus avec de la laine de Mérinos d’Arles, en partenariat avec une quarantaine d’éleveurs.
Pour Lucie Grancher, « les éleveurs prennent de plus en plus conscience de la valeur de leur production ». Certaines compagnes d’éleveurs, comme Margot Hannequart et Cathy Ripert de la ferme du Lambert dans le Var, ont quant à elles décidé de se réapproprier un savoir-faire traditionnel : le tissage. Elles transforment la laine de leur troupeau familial de 400 brebis Mourérous pour en faire des écharpes, ceintures, plaids et accessoires.