C’est un vestige important qui vient d’être mis à jour en haut du boulevard des Dames : un rempart datant de l’époque de Louis XIV vient d’être découvert. Il nous en apprend un peu plus sur l’Histoire de la cité phocéenne.
Les travaux de canalisation battent leur plein sur le boulevard des Dames dans le cadre du chantier qui vise à raccorder une partie du quartier à la centrale de géothermie marine Thassalia. En creusant du côté de la Porte d’Aix, les ouvriers de la SADE se doutaient qu’ils finiraient par trouver quelque chose dans ce secteur où se dressait un rempart au 17e siècle.
Et ce qui devait arriver arriva. Un mur d’environ trois mètres de large, datant de 1680, a été mis à jour au milieu du boulevard. Des archéologues de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) ont donc été envoyés sur le site pour étudier les vestiges.
Un mur « symbole de la mainmise de Louis XIV sur la ville »
L’un d’eux nous parle de cette découverte : « On sait que ce rempart existe car son parcours est marqué sur des plans et des cartes anciennes. On sait approximativement où il passe, mais ce qui est intéressant ici c’est qu’on découvre son emplacement exact. D’autres vestiges ont également été trouvés lors des fouilles du tunnel de la Major et du côté de Saint-Victor ».
Ce mur érigé autour de Marseille à la fin du 17e siècle intéresse les historiens car il témoigne de la mainmise du roi Louis XIV sur la cité phocéenne. « Quand il prend possession de la ville après les rebellions, il décide de l’étendre », rappelle l’expert. « L’extension s’est principalement faite du Centre Bourse vers le boulevard d’Athènes et, au Sud, de la Canebière jusqu’au cours Pierre Puget ». Le rempart mis à jour est donc un vestige des nouvelles limites de la ville sous son règne.
Quelques années plus tôt, entre 1660 et 1671, Louis XIV avait également fait construire le fort Saint-Nicolas et le fort Saint-Jean « pour faire une amorce des nouveaux remparts ». C’est aussi à cette époque que Marseille devient un port franc de notoriété mondiale et que le commerce devient un moteur de l’économie de la ville.
« Ce bout de rempart va devoir être détruit »
L’historienne Judith Aziza rappelle que le rempart « fut progressivement détruit entre la Révolution et le milieu du 19e siècle car il était accusé de séparer incommodément la ville de ses faubourgs ». Les restes du mur, enfouis sous la cité moderne, racontent donc quelque chose d’essentiel sur l’Histoire de Marseille et son évolution géographique au fil des siècles.
Bien que la découverte de ce vestige soit exaltante pour les historiens, l’Inrap indique qu’il ne sera pas sauvegardé : « Il faut faire passer le système de chauffage de Thassalia, donc ce bout de rempart va devoir être détruit. Mais il ne s’agit que d’un tout petit morceau du mur qui est enfoui ici ».
Pendant que les archéologues se passionnent sur le site pour ces pierres vieilles de quatre siècles, les ouvriers de la SADE continuent de s’activer sur le chantier. Ils assurent que tout se passe en bonne intelligence avec les experts dépêchés sur place et que les travaux de canalisation ne prendront pas trop de retard. « Juste quelques jours ». Un détail dans une cité 26 fois centenaire.