Le président sortant Emmanuel Macron et sa rivale Marine Le Pen arrivent en tête au soir du premier tour de l’élection présidentielle, devant Jean-Luc Mélenchon. Une nouvelle campagne s’ouvre désormais. La plupart des candidats battus ont d’ores et déjà appelé à faire barrage à l’extrême droite.
Le match retour. Comme en 2017, Emmanuel Macron (LReM) et Marine Le Pen (Rassemblement national) sont qualifiés pour le second tour de la présidentielle. Avec 27,60%, le président candidat est arrivé en tête du premier tour, soit près de 4 points de plus qu’il y a 5 ans, devant la candidate du RN, avec 23,41% des voix.
Mélenchon devance Macron à Marseille
Jean-Luc Mélenchon talonne le RN, et totalise 21,95% des suffrages. Même s’il améliore son score, c’est la deuxième fois que le leader de la France insoumise est le troisième homme dans une élection présidentielle.
Comme en 2017, les électeurs marseillais ont accordé en majorité leur voix au candidat LFI qui obtient 31,12 % des suffrages exprimés. Il progresse de près de six points par rapport à son score de 2017. Avec 22,62 % des votes, Emmanuel Macron figure en deuxième position, suivi de Marine Le Pen (20,89%).
Les deux partis historiques PS et LR s’écroulent
Les résultats de ce premier tour font état d’un effondrement des deux grands partis Les Républicains et le Parti socialiste. Avec Valérie Pecresse, candidate Les Républicains, en-dessous de la barre des 5% et Anne Hidalgo avec 1,74%, les deux mouvements politiques sont à leurs plus bas taux historiques, ce qui fait craindre leur disparition au niveau national, tout au moins tels qu’ils existaient jusqu’à présent.
Loin derrière le trio de tête, arrivé en quatrième position, avec 7,05%, Eric Zemmour (Reconquête !) a, quant à lui, raté son pari. Même sanction pour l’écologiste Yannick Jadot qui n’obtient que 4,58%.
Formation d’un front républicain face à Marine Le Pen ?
Dès les premières estimations, et fait rare, lors de leurs discours respectifs, la plupart des candidats battus se sont positionné pour le second tour le 24 avril prochain, appelant majoritairement à faire barrage à l’extrême droite, dont le score n’a jamais été aussi élevé sous la Ve République.
De gauche à droite, c’est un front républicain – dont on prédisait une disparition – qui semble se dessiner. « Malgré les profondes divergences » et pour « dire non à l’extrémisme », Valérie Pécresse a déclaré : « Je voterai en conscience Emmanuel Macron pour empêcher l’arrivée au pouvoir de Marine Le Pen et le chaos qui en résulterait ».
La maire de Paris a, elle aussi, appelé ses électeurs à voter pour Emmanuel Macron « pour que la France ne bascule pas dans la haine de tous contre tous, je vous appelle avec gravité à voter le 24 avril contre l’extrême droite de Marine Le Pen en vous servant du bulletin de vote Emmanuel Macron », a-t-elle déclaré depuis son QG de campagne.
Le candidat soutenu par le Parti communiste qui échoue à atteindre la barre des 5% (2,31% des suffrages) en a fait de même : « Jamais nous ne banaliserons l’extrême droite et ses idées, c’est pourquoi j’appelle ce soir à battre l’extrême droite, à la mettre en échec, en nous servant du seul bulletin à notre disposition ».
L’écologiste Yannick Jadot a lui aussi appelé à « faire barrage à l’extrême droite en déposant dans l’urne un bulletin Emmanuel Macron ». Même Philippe Poutou, du Nouveau Parti anti-capitaliste (0,77%) a appelé à « ne donner aucune voix » à Marine Le Pen, mais sans donner de consignes de vote pour Emmanuel Macron, qui « n’est en rien un rempart contre l’extrême droite », juge-t-il.
« Il ne faut pas donner une seule voix à Madame Le Pen »
Avec clarté et par trois fois, Jean-Luc Mélenchon a martelé depuis le Cirque d’Hiver : « Il ne faut pas donner une seule voix à Madame Le Pen », anticipant les critiques, sans prononcer toutefois le nom d’Emmanuel Macron. Jean Lassalle qui a obtenu 3,16% des voix n’a pas donné de consignes laissant le choix à ses électeurs. Même chose pour Nathalie Arthaud, Lutte ouvrière, qui totalise 0,57% pour qui « Macron fera du Le Pen et Le Pen fera du Macron ».
À l’inverse de sa candidate, l’autre finaliste de la primaire LR , Éric Ciotti, député des Alpes-Maritimes, « ne votera pas pour Emmanuel Macron ». À l’extrême droite, Éric Zemmour (Reconquête !) a appelé à voter pour Marine Le Pen le 24 avril. « Il y a face à Marine Le Pen un homme qui a fait entrer 2 millions d’immigrés (…) Je ne me tromperai pas d’adversaire, c’est la raison pour laquelle j’appelle mes électeurs à voter pour Marine Le Pen ». Idem, pour le candidat souverainiste Debout La France, Nicolas Dupont-Aignan (2,07%) qui « appelle les Français à faire barrage à Macron ».
Deux projets de société radicalement différents
Malgré les appels à voter pour Emmanuel Macron, ses réserves de voix apparaissent limitées, contrairement à 2017, où il bénéficiait entre autres des 20% du LR François Fillon. Faiseur de roi, les voix de Jean-Luc Mélenchon seront très disputées. Pour espérer signer pour un second mandat à l’Elysée, le président sortant devra « tendre la main », comme il l’a souligné dans son discours, depuis le Parc des expositions, porte de Versailles.
S’ouvre désormais une nouvelle campagne de deux semaines dont l’issue paraît incertaine, avec deux projets de société et deux visions radicalement différentes pour la France qui s’affrontent. « Je veux une France qui relève le défi climatique et écologique » ; « je veux une France résolument contre le séparatisme islamiste (…) Le seul projet pour le pouvoir d’achat, c’est le nôtre ! » a déclaré Emmanuel Macron, lors de son discours.
Une référence claire à la campagne de Marine Le Pen. « Dans les jours à venir, on ne ménagera aucun effort, car rien n’est fait », prévient le président sortant pour lequel « rien n’est joué ». De son côté, Marine Le Pen estime que « tous ceux qui n’ont pas voté pour Macron ont vocation à rejoindre [son] rassemblement ».
D’après un sondage diffusé par Ipsos-Sopra Steria pour France Télévision, Radio France, France-RFI-MDC, Public Sénat-LCP Assemblée nationale et Le Parisien Aujourd’hui en France, au soir du second tour, Emmanuel Macron obtiendrait 54% des intentions de vote contre 46 % pour sa rivale du Rassemblement national. Pour rappel, en 2017, Emmanuel Macron avait obtenu 66,1% des suffrages contre 33,9% pour Marine Le Pen au second tour. Le débat de l’entre-deux-tours aura lieu mercredi 20 avril.
Résultats du premier tour
Emmanuel Macron (La République en marche) 27,60%
Marine Le Pen (Rassemblement national) 23,41%
Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise) 21,95%
Eric Zemmour (Reconquête !) 7,05%
Valérie Pecresse (Les Républicains) 4,79%
Yannick Jadot (EELV) 4,58%
Jean Lassalle (Résistons !) 3,16%
Fabien Roussel (Parti communiste) 2,31%
Nicolas Dupont-Aignan (Debout La France) 2,07%
Anne Hidalgo (Parti socialiste) 1,74%
Philippe Poutou (Nouveau Parti anticapitaliste) 0,77%
Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) 0,57%
Abstention au premier tour : 26%, 5 points de plus qu’en 2017. Un électeur sur trois ne s’est pas déplacé aux urnes.
Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise) 24,82% (90 847 voix) Résultats Marseille en 2017
Marine Le Pen (Rassemblement national) 23,66% (86 633 voix)
Emmanuel Macron (La République en marche) 20,44% (74 823 voix)
François Fillon (Les Républicains) 19,81 % (72 516 voix)
Benoit Hamon (Parti socialiste) 5,30 % (19,417 voix)
Nicolas Dupont-Aignan (Debout La France) 3,01% (11 026)
François Asselineau (Union populaire républicaine) 0,98% (3 579 voix)
Jean Lassalle (Résistons !) 0,75% (2 734 voix)
Philippe Poutou (Nouveau Parti anticapitaliste) 0,71% (2 597)
Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) 0,36% (1 329 voix)
Jacques Cheminade (Solidarité et progrès) 0,16% (582 voix)