L’agence de la transition écologique, Ademe, publie un diagnostic pour accompagner les politiques d’alimentation durable de demain. Objectif ? Rendre l’agriculture régionale durable et résiliente en 2050.
L’Ademe, établissement public dédié à la transition écologique, a publié fin mars son diagnostic du système alimentaire en Provence-Alpes-Côte d’Azur, en analysant sa durabilité et sa résilience. Ce rapport fait d’abord le bilan des filières agro-alimentaires de la région. Il vise également à accompagner les politiques publiques du secteur vers une agriculture régionale durable en 2050.
L’agriculture est un des secteurs les plus polluants en France. Le premier pour la consommation d’eau (45 %), et le deuxième pour les émissions de gaz à effet de serre (19 %) derrière les transports. Sans compter les pollutions engendrées par les surfaces cultivées, par l’utilisation de pesticides et engrais, entrainant une érosion de la biodiversité.
Les agriculteurs régionaux plutôt bons élèves sur la réduction de la pollution
Toutefois, dans la région, « la production agricole pèse moins sur l’environnement que sur le reste de la France », précise l’Ademe. En grande partie parce que l’élevage animal y tient une faible part, mais aussi grâce à « un essor important de l’agriculture biologique ». Cependant, « les pollutions restent notables, en raison par exemple, de l’utilisation de pesticides ».
Avec un indice établi sur la base des principaux postes émetteurs au niveau de l’exploitation agricole, mais aussi en prenant en compte certaines phases en amont (fabrication des engrais, etc.), l’agriculture du territoire émet 2,86 tonnes équivalent (teq) CO2 par hectare exploité, contre 4,03 pour la moyenne nationale.
La part majoritaire de production végétale crée une réelle pression hydrique en Provence-Alpes-Côte d’Azur. « 40 % des cours d’eau souffrent d’un excès de prélèvement que le stress hydrique dû à l’évolution du climat sera amené à intensifier ». L’agence alerte sur cette question qui prendra de l’ampleur à l’avenir.
Très loin d’une autonomie alimentaire
L’Ademe pointe également la faible production agricole de la région. Avec moins de 2 000 m² par habitant contre près de 10 000 pour le Centre-Val de Loire, par exemple, le territoire dispose d’une surface agricole utile par habitat « parmi les plus faibles de France ». Soit l’avant-dernière, devant l’Île de France.
Ainsi, seuls 12 % de la production agricole et 38 % de la transformation agroalimentaire consommés sont issus de la région. Les habitants se nourrissent donc principalement par l’importation. Une donnée qui relativise l’empreinte environnementale : la population génère 9,8 millions de tonnes équivalent CO2 pour son alimentation.
Avec un scénario « tendanciel », basé sur les évolutions récentes, l’Ademe envisage une autonomie alimentaire de la région dégradée sur la période 2019-2050 pour la production agricole, qui pourrait chuter de 11 % à 8 %. La transformation agricole locale pourrait elle baisser de 38,5 % à 38 %.
Les pistes pour développer l’agriculture durable dans le Sud
L’établissement public propose toutefois un « scénario de transition ». Il invite en premier lieu à inverser la tendance concernant le « déficit important » de surfaces alimentaires qui se réduisent depuis des décennies pour atteindre aujourd’hui 649 000 hectares. En 2050, 200 000 hectares supplémentaires seront nécessaires selon l’Ademe.
Elle met la lumière sur des « opportunités d’évolution vers un système alimentaire régional plus résilient et durable ». Elle conseille pour cela de s’appuyer sur la consolidation de filières existantes, comme la culture du riz, de légumes et fruits, plantes à épices et aromatiques, fabrication d’huiles, de pâtes alimentaires…
En parallèle, elle invite à renforcer des secteurs peu implantés, « mais à potentiel de développement », comme la transformation des fruits, légumes, produits amylacés, ou encore fromages et plats préparés.
Enfin, concernant l’impact environnemental de ces filières, l’agence appelle à la transition du territoire « vers des pratiques agroécologiques, qui laisse augurer la réduction voire l’abandon de pratiques telles que l’usage de produits chimiques ». Une opportunité économique selon elle, avec « un enjeu de reconversion de certaines activités vers d’autres débouchés ou nouveaux services ».