À Forcalquier, un frigo solidaire a été mis à disposition de ceux qui peinent à remplir le leur. Alimenté avec l’aide de quatre cantines scolaires et des commerces de la ville, ce dispositif permet aux plus démunis de manger correctement, tout en évitant le gaspillage alimentaire.
Un lieu de solidarité qui permet à chacun de donner et de recevoir. À Forcalquier, dans les Alpes-de-Haute-Provence, un « frigo solidaire » mis en place par la municipalité permet aux familles les plus démunies de se servir librement et gratuitement parmi les denrées déposées par les cantines scolaires, commerces et habitants de la ville.
Le frigo été inauguré en février dernier à l’initiative de deux élues de la ville, Charlotte Soulard, adjointe aux affaires sociales et Sandrine Lebre, adjointe à l’éducation et au développement durable. Pendant la crise sanitaire, elles réfléchissent à une solution face au gaspillage alimentaire dans les cantines scolaires, engendré par les fermetures de classes du jour au lendemain.
« Jusqu’à 30 repas pouvaient être jetés en une journée quand une classe fermait, explique Charlotte Soulard. Nous avons donc décidé de mettre en lien ce gaspillage et le besoin d’une partie de notre population en aide alimentaire et financière ».
Un frigo ouvert aux restaurateurs, commerces et particuliers
À chaque fin de service, les agents de quatre cantines de la commune empaquètent les restes alimentaires dans des barquettes étiquetées avec leur contenu. Celles-ci sont ensuite déposées dans le frigo et mises à disposition des habitants par un autre agent communal. En moyenne, une dizaine à une vingtaine de repas variés et équilibrés par jour sont déposés par les cantines dans le frigo solidaire.
Constatant le succès du dispositif, la mairie ouvre « dans la foulée » le frigo aux restaurateurs, épiceries et producteurs en fin de marché afin qu’ils puissent y déposer leurs surplus ou invendus. Plusieurs associations, dont l’épicerie sociale et solidaire locale ainsi que les Restos du Cœur de Forcalquier, aident à collecter des denrées pour le frigo et y orientent les publics les plus démunis.
Les particuliers peuvent aussi déposer leurs plats « faits maison », moyennant quelques conditions inscrites sur une charte : les repas doivent être empaquetés dans des emballages individuels indiquant leur date de fabrication, ne pas être entamés, ni périmés. Les boissons alcoolisées, la viande crue, les poissons et fruits de mer sont interdits.
Une initiative écoresponsable et créatrice de lien social
La municipalité de Forcalquier s’est inspirée d’initiatives similaires déjà mises en place, principalement dans des grandes villes comme Paris, Grenoble, Angers ou encore Dijon. À Forcalquier, 1/5 de la population serait dans une situation de précarité, notamment « des personnes âgées avec des faibles ressources et des familles monoparentales ».
Dans cette commune de 5000 habitants, « le frigo a été très bien accueilli, constate Charlotte Soulard. Depuis son installation, nous n’avons eu que des retours positifs. Nous savons que beaucoup de monde va se servir dans le frigo, car il se vide systématiquement. Il a donc une vraie utilité », poursuit l’élue.
Avant d’ouvrir d’autres frigos solidaires dans la commune, Charlotte Soulard « aimerait pouvoir garnir encore plus » ce prototype, car « s’il se vide aussi vite, c’est que mine de rien, le besoin est là ». L’élue compte également sur l’arrivée de la saison touristique pour « encore plus de participation de la part des commerces et restaurateurs ». La mairie se donne un an pour observer l’évolution du dispositif et faire le point sur les besoins de la population.