Alors que l’équipe féminine de l’Olympique de Marseille ne parvient pas à se hisser dans l’élite du football français, la nouvelle directrice générale adjointe chargée du marketing et des revenus, Nathalie Nénon-Zimmermann, lance un projet pour viser les sommets européens. Avec l’aide des entreprises du territoire.
La semaine dernière, Nathalie Nénon-Zimmermann, nouvelle directrice générale adjointe chargée du marketing et des revenus de l’Olympique de Marseille, accordait un grand entretien à Made in Marseille pour évoquer son parcours, sa vie et ses projets. A cette occasion, elle nous dévoilait son ambition d’emmener l’équipe féminine du club dans l’élite. Un projet pour lequel nous avons décidé de consacrer un article plus détaillé.
« Nous sommes la seule grande ville d’Europe à ne pas avoir d’équipe féminine en première division », regrette Nathalie Nénon-Zimmermann, se donnant « 5 ans pour permettre à l’équipe féminine de revenir en première division et de jouer dans les meilleurs niveaux pour pouvoir disputer les Champions League comme les garçons tous les ans ».
Il s’agirait d’un changement de cap majeur pour l’institution sportive marseillaise, une petite révolution. Car selon les observateurs, comme Mourad Aerts, journaliste spécialiste du club, jusqu’à présent, « l’OM ne semble mettre aucun investissement ni foi durables dans le fait que cette section peut construire le futur du club », nous explique-t-il.
Un sacré retard à rattraper
Le challenge est de taille pour Nathalie Nénon-Zimmermann, tant le club part de loin. Depuis les années 1980, l’équipe olympienne n’a connu la première division que par de brèves parenthèses, dont deux saisons entre 2016 et 2018. « On a cru à un déclic à cette époque », se rappelle le journaliste de Football Club de Marseille.
« Mais pas du tout. Il n’y pas eu d’amélioration structurelle dans la gestion des féminines et ça a été n’importe quoi en termes de recrutements ». Avec une anecdote parlante : cette ancienne joueuse devenue membre du staff qui a dû rechausser les crampons pour tenter de sauver l’équipe de la redescente en seconde division. Sans succès.
Il n’y pas eu d’amélioration structurelle dans la gestion des fémininesMourad Aerts
Un sponsoring innovant avec les entreprises locales
Alors comment la directrice générale adjointe chargée du marketing et des revenus entend aujourd’hui inverser la tendance ? Si à première vue, cette mission n’apparait pas dans l’intitulé de son poste, justement, « je m’occupe des revenus », a-t-elle lancé dimanche 6 mars au Vélodrome devant une assemblée féminine et féministe, invitée par le club au stade à quelques jours de la journée internationale des droits des femmes.
Les finances sont nécessaires pour un tel projet sportif, « parce que quand on fait monter une équipe, il y a des coûts associés ».
Or, le modèle économique du football féminin est aujourd’hui « au mieux, fragile » rappelle Mourad Aerts. « Les contrats de diffusion ne représentent presque rien », contrairement aux championnats masculins qui bénéficient de revenus télévisuels faramineux. Sans compter les billets achetés par des milliers de spectateurs chaque week-end et le sponsoring de grandes marques.
C’est précisément sur le sponsoring que Nathalie Nénon-Zimmermann entend jouer sa carte. Mais de manière innovante et locale grâce aux « entreprises du territoire ». « Ce que je leur propose, ce n’est pas un projet de sponsoring classique », nous précise-t-elle. Mais une relation « de partenaires » qui va au-delà « de la visibilité ou de l’exposition ».
Développer sa marque employeur grâce aux joueuses
Elle souhaite proposer « de l’interaction avec l’équipe ». Développer les échanges entre les joueuses et les entreprises afin que les deux parties bénéficient du partage de compétences et d’expériences. Cela passera aussi par « des opérations de mentoring et de reverse mentoring, du témoignage ».
Les entreprises pourront développer « leur marque employeur. Parce que grâce à nos filles, on va pouvoir travailler sur le rôle modèle, sur l’émancipation et la diversité. Car nos joueuses viennent de différents pays et différents quartiers avec des parcours différents ». Un panel de profils, qui plus est à Marseille, qui permettra selon elle d’affirmer des valeurs telles que « la diversité, la mixité, l’inclusion ».
Elles vont pouvoir dire que ce sont elles, entreprises du territoire, qui ont permis à cette équipe d’atteindre ces sommetsNathalie Nénon-Zimmermann
En s’associant à l’équipe féminine de l’OM, les sociétés vont également pouvoir « travailler sur l’ancrage territorial. Parce qu’elles vont pouvoir dire que ce sont elles, entreprises du territoire, qui ont permis à cette équipe d’atteindre ces sommets ». Et ainsi bénéficier de l’importante mais difficilement quantifiable « fierté marseillaise ».
Fédérer entre 10 et 20 partenaires
« Puis nous, on va les faire rayonner », insiste-t-elle. En effet, la force de frappe médiatique de l’Olympique de Marseille, son rayonnement international, sont des arguments qui ne devraient pas laisser de marbre les services de communication des entreprises.
Elle compte en fédérer entre 10 et 20. « Franchement, pour des entreprises locales, sur un investissement qui est relativement modeste, travailler sa marque employeur, son ancrage territorial et son rayonnement, c’est un beau projet et c’est un projet qui fait sens ».
Nathalie Nénon-Zimmermann a déjà commencé à démarcher les grands groupes de la région marseillaise, « deux ont déjà donné leur accord de principe », assure-t-elle. Très confiante pour la suite, elle révélait en exclusivité lors de notre entretien le slogan de ce projet, qui pourrait devenir celui de l’équipe féminine : « toutes les révolutions commencent par une Marseillaise ».