Nice sera-t-elle désignée Capitale européenne de la culture en 2028 ? Après Marseille en 2013, la capitale azuréenne se positionne dans la course pour obtenir ce label attribué par l’Union Européenne. Pour made in sud Christian Estrosi, maire de Nice, revient sur ce projet qu’il souhaite « audacieux » et « innovant ».
Nice va se porter candidate pour devenir Capitale européenne de la culture en 2028. Elle devra se démarquer de plusieurs villes concurrentes pour décrocher ce précieux sésame qui offre un gros coup de projecteur international. Parmi elles, Rouen, Reims, Clermont-Ferrand, Bourges, Bastia ou encore Saint-Denis et Amiens sont en lice pour la France.
Depuis la création des Capitales européennes de la culture en 1985, chaque année deux villes dans deux pays différents sont désignées pour une compétition lancée six ans avant l’année capitale. La France et la République tchèque ont été retenues pour 2028.
La date limite de candidature est fixée au mois de décembre 2022. Après l’analyse des dossiers, la ville lauréate sera désignée fin 2023. Depuis 1985, quatre villes françaises ont déjà décroché le label : Paris en 1989, Avignon en 2000, Lille en 2004 et Marseille-Provence en 2013.
Le maire de Nice Christian Estrosi revient sur le calendrier, les atouts de sa ville et les enjeux d’une telle candidature qui s’inscrit comme « une projection vers l’avenir ».
Quand la candidature de la Ville de Nice va-t-elle être déposée officiellement ?
Je préciserai dans les prochaines semaines l’organisation de l’équipe qui portera la candidature de Nice au label de Capitale européenne de la Culture en 2028. Nous sommes par ailleurs en train de travailler sur un projet que je souhaite audacieux, innovant, en phase avec les nouveaux modes d’expression et de diffusion de la culture. Le dossier de pré-sélection doit être remis avant le 1er décembre 2022. Cette étape sera suivie d’un jury au premier semestre 2023. La liste restreinte des villes retenues sera connue dans la foulée et la ville lauréate annoncée en décembre de la même année. La ville française sera désignée aux côtés d’une ville tchèque. Si nous sommes désignés, nous disposerons ensuite de 4 ans pour préparer Nice à fédérer autour de notre candidature l’ensemble des forces vives, créatrices et culturelles de notre territoire.
Nous sommes en train de travailler sur un projet que je souhaite audacieux, innovant, en phase avec les nouveaux modes d’expression et de diffusion de la culture Christian Estrosi
Quels sont les atouts de Nice dans cette candidature ?
Nice, ville d’art et d’histoire, est au carrefour des grandes influences culturelles. Elle a inspiré de nombreux artistes, de Matisse à l’École de Nice. Les grandes figures de la création moderne et contemporaine y ont trouvé, et continuent à y trouver, un formidable terrain d’inspiration.
La ville frontière a successivement été ligure, grecque, romaine puis ostrogoth d’Italie, devenant par la suite génoise, provençale, savoyarde, piémontaise avant de devenir française en 1860 à l’issu d’un processus démocratique. De cette histoire nous avons hérité d’une diversité architecturale unique au monde, riche d’influences multiples. C’est à Nice que fût signée la paix en Europe le 18 juin 1538 entre François 1er et Charles Quint grâce à l’implication du Pape Paul III.
C’est cette histoire de Nice, à la fois enracinée et ouverte, méditerranéenne et alpine, européenne et cosmopolite, qui a produit aussi une architecture et un paysage uniques qui nous ont permis, en juillet dernier, d’être inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Tout cela atteste de la légitimité de notre ville pour devenir, en 2028, l’ambassadrice de la richesse et de la diversité culturelle européenne, et de témoigner après Paris, Avignon, Lille et Marseille de la dynamique culturelle de notre territoire.
Quelles sont les retombées attendues pour la ville et sa métropole ?
L’obtention du label de Capitale européenne de la Culture en 2028 serait une aubaine pour faire connaitre et reconnaitre dans toute l’Europe le formidable tissu artistique et culturel de notre territoire. Cette désignation serait une opportunité supplémentaire de démontrer que notre territoire, riche de son histoire, doit être à l’avant-garde des pratiques et des usages culturels de son temps. C’est aussi un élément d’attractivité touristique très puissant : pour ne prendre que c’est 2 exemples, Lille et Marseille ont accueilli, à la suite de leur labélisation, entre 10 et 13 millions de visiteurs sur une année.
A l’horizon 2025, 100% des élèves de nos 151 écoles bénéficieront d’une initiation à une discipline artistiqueChristian Estrosi
Quel serait le budget alloué aux projets pour accueillir l’événement et quelles infrastructures sont prévues ?
Depuis le début de mon premier mandat, nous avons investi plus de 35 millions d’euros dans la restauration de notre patrimoine et chaque année, c’est 50 millions d’euros pour le fonctionnement de nos institutions et nos événements culturels.
Nous avons également voté un plan d’investissement Culture 2021-2026 de 100 millions qui nous permettra notamment de mettre en place de nouvelles actions tournées vers la création et la diffusion de notre offre culturelle. Nous allons engager aussi un vaste mouvement de remise à niveau de nos équipements (musées, théâtres, opéra, studios de cinéma ainsi que des bibliothèques).
Nous allons également accentuer encore notre soutien aux créateurs et développer des lieux de production et de diffusion comme le 109, tiers-lieu dédié à la création contemporaine, qui témoigne de l’incroyable vitalité du tissu associatif et culturel de notre territoire. Enfin, nous avons élaboré un projet global d’éducation artistique et culturelle.
A l’horizon 2025, 100% des élèves de nos 151 écoles bénéficieront d’une initiation à une discipline artistique. Cette candidature est une projection vers l’avenir. C’est à la fois une candidature qui doit tenir compte de notre héritage et que je souhaite résolument tournée vers les nouvelles pratiques culturelles et vers tous les publics.