La librairie internationale de la famille Maurel, située dans le 6e arrondissement, a fermé ses portes. La crise sanitaire a eu raison de cette institution marseillaise qui faisait partie de la vie du quartier depuis trois générations. Depuis quelques mois, le lieu est devenu Provisions, une librairie-épicerie, où les livres trouvent leur place aux côtés des produits locaux.
Située dans le 6e arrondissement de Marseille, la librairie-épicerie Provisions a ouvert ses portes il y a quatre mois déjà. Saskia et Jill, les deux fondatrices, perpétuent l’histoire de la librairie Maurel en y ajoutant leur touche personnelle.
Restée fermée après le premier confinement, elle a pourtant rythmé la vie du quartier pendant 70 ans. « Le projet de Provisions était assez récent quand nous avons trouvé ce lieu », explique Saskia. Depuis, les Marseillaises occupent cette institution pour y vendre non seulement des livres, mais aussi du vin, des épices ou de la céramique.
Elles ont gardé intacts le sol et les étagères où s’amoncelaient les ouvrages. « Beaucoup de gens du quartier viennent, ils sont contents que le lieu vive sans que nous l’ayons dénaturé ». Malgré la nostalgie, la petite fille Maurel voit ce projet comme une belle initiative.
L’identité de la librairie avec sa dimension internationale a été conservée avec la vente de livres en français aux côtés des ouvrages en anglais. Si les livres en Italien connaissent un joli succès, en raison de la présence du Consulat général d’Italie à 300 mètres, Saskia et Jill aimeraient « aussi en avoir en espagnol et en allemand ».
La librairie-épicerie Provisions met surtout en avant des ouvrages autour de la cuisine, l’écologie ou l’agriculture. Des albums et histoires pour enfants sont également vendus, « lus et approuvés par mon fils », sourit Saskia. Ils sont en partie « destinés à l’éveil écologique : sur la cuisine ou des histoires à la ferme ».
« Aller chercher de petits trésors pour remplir ses placards »
« Nous n’avons pas vraiment de concept précis, nous faisons tout ce nous aimons », détaille Saskia. Le nom de la boutique reflète son esprit. « Nous aimons bien la notion de provisions, d’aller chercher de petits trésors pour remplir ses placards ». Et les étagères en sont pleines.
Par exemple, pour les vins. Tous natures, c’est-à-dire fabriqués avec du raisin issu de l’agriculture biologique ou biodynamique. « C’était évident de faire un large volet sur la cave. Nous essayons d’aller un maximum chez le producteur, le sourcing prend beaucoup de temps. Ces petits vignerons font donc de petites quantités. Quand il n’y en a plus, il n’y en a plus ! » poursuit Saskia.
Du local à la découverte d’autres horizons
Si les deux entrepreneuses misent sur le local et privilégient le circuit court, elles vont également chercher des produits hors du département, pour donner aux clients le plaisir de « faire découvrir de nouvelles choses ». C’est le cas du chocolat bio de Terre de Fèves. « Anne-Laure est une des premières en France à travailler de la fève à la tablette ».
Citrons noirs, nombreux mélanges d’épices, mélasse, ou encore un grand choix de poivres… Elles constatent d’ailleurs que les clients « sont contents qu’il y ait autant de diversité. L’idée, c’est que lorsqu’on voit un produit dans un livre, on puisse le retrouver sur l’étagère d’à côté ».
D’ailleurs, pour consommer les produits, on peut aussi retrouver de la vaisselle. Des céramistes ont réalisé des pièces pour la maison. Provisions dispose également de planches et de cuillères en bois pour la préparation. Cette partie représente 10 % du chiffre d’affaires de la structure, l’épicerie et la cave 60 %, et la librairie 30 %.
Un lieu de partage autour d’une bonne table
Provisions reste un lieu de rencontre et d’échange. Dans ce but, le binôme organise divers événements, comme des lancements en live d’auteurs. Des chefs viennent également organiser des dîners, où les participants peuvent déguster un repas tous ensemble, et même apporter un plat ou une bonne bouteille à partager.
Le chef japonais Yuichiro Shimatani y a déjà concocté un déjeuner le mois dernier. Début mars, c’était le brunch Sunday Duck, sous la houlette de deux cheffes vietnamiennes venues de Paris pour l’occasion. Plusieurs repas dans le même esprit sont à venir à Provisions.
En attendant, vous pouvez retrouver Marie et ses Fleurs d’Arles tous les week-ends. « Il y a un vrai engouement autour de cette idée, notamment pour le caractère local », explique Saskia. Il est possible de s’offrir des bouquets déjà préparés ou de les composer à la tige. Les jolies plantes prennent place dans la vitrine sur le côté de la boutique.