Le futur siège du Grand Port maritime de Marseille devrait accueillir un « Port Center », dont la vocation est de proposer un programme d’animations et de visites au public. Avec ce projet, pour la première fois depuis de nombreuses années, le GPMM veut s’ouvrir sur la ville et à ses habitants. [Premier volet].
C’est un projet « Phare » qui doit ancrer un nouveau dialogue entre le Grand Port maritime et la Ville de Marseille. Le GPMM prévoit la construction d’un nouveau siège place de la Joliette, en lieu et place de l’actuel bâtiment, vieux de 70 ans, situé entre la façade des Terrasses du Port et la gare maritime.
La création de cette future entité a fait l’objet d’une décision du conseil de surveillance au mois de décembre avec les premiers arbitrages. La déconstruction – reconstruction a été actée, plutôt qu’une réhabilitation complète, qui aurait coûté plus de 10 millions d’euros. « C’est un dossier complexe sur lequel on travaille depuis longtemps, notamment sur le modèle économique, sur des questions d’urbanisme et sur le type architectural et qui a donné lieu à de longs débats avec la Ville, la Métropole, mais aussi avec les Bâtiments de France, car le futur siège sera situé dans le périmètre de co-visibilité de la cathédrale de la Major », confie Hervé Martel, président du directoire du Port Marseille-Fos.
Réhabilitation de la halle Eiffel pour accueillir des petites activités économiques
Le parti pris arrêté est de rester dans les clous du plan local d’urbanisme, et d’ériger un bâtiment de la même hauteur que le centre commercial, dans un alignement plus harmonieux et esthétique.
D’autre part, la surface de plancher envisagée, 28 000 m², étant bien plus vaste que les stricts besoins des services portuaires évalués à 7 000 m², c’est un investisseur privé qui devra imaginer le nouveau site aux multiples vocations. « Il y a plusieurs objectifs : nous reloger, proposer une offre immobilière pour les acteurs du port et de la mer et les partenaires de la place portuaire ».
Le montant global de l’opération est estimé à 107 millions d’euros, qui sera prix en charge par l’investisseur via un « contrat de partenariat » avec le GPMM. Un choix justifié car « nous préférons investir dans le développement industriel, et ne prenons aucun risque », justifie Hervé Martel. Le port fournit donc le terrain et sera locataire de ses futurs bureaux.
L’aspect architectural et l’aménagement seront des critères majeurs pour sélectionner le projet des différents candidats. Ils devront prendre en compte la halle Eiffel, à l’arrière de l’actuel bâtiment, qui comporte deux nefs (un double toit). Présentant un intérêt architectural évident, elle sera entièrement réhabilitée pour accueillir quelques activités économiques, de type restauration et commerces.
La façade Sud sera, quant à elle, ouverte sur la darse. La partie métallique, aujourd’hui noyée par le béton, devrait être mise à nue. « C’était un élément d’intention très fort pour les Bâtiments de France, afin qu’elle soit mise en valeur et pour que le port soit valorisé, en termes de recettes/revenus pour le projet ».
Ouverture sur les quais et autres lieux de vie du port
Ce projet laisse entrevoir de nouvelles perspectives avec l’implantation d’un « Port Center » : un lieu ouvert aux habitants de la ville et aux visiteurs qui veulent découvrir le fonctionnement et les projets du port. Une demande forte de la municipalité marseillaise. « On ne sait pas aujourd’hui ce que sera le Port Center car on travaille dessus, concède Hervé Martel, mais il y a une forte motivation de la part de la Ville et partagée par nous, car c’est dans notre vision stratégique. S’il doit y avoir un lieu, ou plusieurs peut-être, il est très probable que le site de la Joliette soit l’un des espaces d’explications sur ce qu’est le port, d’interprétation de son Histoire, de son avenir ou de ses projets. Ça semble cohérent ».
Un « Port Center » a vocation à proposer un programme d’animations et de visites, souvent directement sur les quais et autres lieux de vie du port. Dans cette perspective, la gare provisoire de la Corse qui sera déplacée, une fois le J1 réhabilité, pourrait être ouverte aux Marseillais, lorsque les règles internationales le permettent. « Bien entendu, on reste sur le port. La priorité est donnée aux activités portuaires avec un système de barrières qui devra exister pour respecter les règles internationales de sécurité, limiter les accès aux quais lorsqu’il y a de l’exploitation. Et lorsque cela est possible, c’est-à-dire beaucoup plus que la moitié du temps, elles devraient pouvoir s’effacer pour ouvrir l’accès dans des conditions qui restent à définir avec les collectivités, notamment la Métropole », explique le président du directoire.
« C’est un projet compliqué, multiforme, qui devrait considérablement modifier l’accès au quartier, mais aussi l’image du port. Car je ne suis pas certain que le siège actuel renvoie une image à la hauteur de ce que l’on est en droit d’attendre ».
Livraison prévue à l’horizon 2026
Pour sélectionner le projet, un jury devra être constitué afin que les collectivités puissent se prononcer. La procédure de consultation devrait être lancée dans le courant du premier semestre 2022. D’ici à la fin de l’année ou début 2023, « je pense qu’il est raisonnable de penser que l’on pourrait avoir une vision sur le futur projet », espère Hervé Martel.
Malgré l’urgence et l’impatience, le siège ne sera pas opérationnel pour les Jeux olympiques 2024. « On est au mieux sur une livraison fin 2025-2026 ».
À suivre : notre deuxième volet
> Hervé Martel (GPMM) : « Je pense impulser une dynamique d’ouverture plus forte » sur la ville