La cathédrale de la Major fait depuis 2016 l’objet d’un grand plan de restauration. Après la rénovation des deux tours clochers sur la façade sud, celle de la travée centrale et du porche est maintenant terminée. Mais la cure de jouvence de l’édifice se poursuit dès cette fin d’année.

La cathédrale Sainte-Marie-Majeure, plus communément appelée « La Major », est un monument emblématique de Marseille, construit sur les plans de l’architecte Léon Vaudoyer entre 1852 et 1893.

Le projet de construction d’une nouvelle cathédrale à Marseille est porté par l’évêque Eugène de Mazenod dès le début du 19ᵉ siècle. Il souhaite l’édification d’un monument à la hauteur de la ville qui est alors en plein essor économique et démographique.

Dix ans de négociations seront alors nécessaires pour obtenir l’accord du ministre des Cultes. Mais il reste à trouver le bon emplacement. Si au départ Mazenod privilégie le site du Chapitre en haut de la Canebière, c’est finalement le site de la « Vieille Major » qui sera retenu suite aux études de faisabilité de l’architecte parisien Léon Vaudoyer.

L’état de cette ancienne cathédrale, édifiée à partir du 12ᵉ siècle, est jugé indigne de la deuxième ville de France. Elle échappera cependant à une démolition totale grâce aux protestations de la Société Française pour la Conservation des Monuments Historiques. Elle sera seulement amputée pour permettre l’implantation de la nouvelle cathédrale.

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La Vieille Major a été érigée au XIIe siècle et a échappé à la destruction quand a débuté la construction de la nouvelle cathédrale.

La version définitive du projet de Vaudoyer pour la nouvelle Major est approuvée en 1857 et les travaux peuvent débuter. Mais l’architecte parisien décède en 1872, sans pouvoir achever le chantier. C’est Henri-Jacques Espérandieu, à qui l’on doit également la réalisation de Notre-Dame-de-la-Garde, qui prend la suite des travaux. Il décède également deux années plus tard, en 1874.

Henri Revoil aura alors la difficile mission d’achever la construction de l’édifice jusqu’en 1893, malgré les manques de moyens financiers. Le projet initial est livré de manière incomplète – les mosaïques des murs et des coupoles sont absentes – mais la cathédrale sera malgré tout consacrée le 6 mai 1897.

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Images d’archives de la construction de la nouvelle cathédrale (Ministère de la Culture – Conservation régionale des monuments historiques Provence-Alpes-Côte d’Azur)

Le plus grand édifice religieux construit en France au 19e siècle

La Cathédrale de la Major n’en demeure pas moins un monument aux mensurations imposantes qui en font la plus grande église construite en France au 19e siècle : 142 mètres de longueur, 54 mètres de largeur et une coupole qui s’élève à 70 mètres de hauteur. Le bâtiment a été conçu selon un schéma en croix latine qui s’inspire du style gothique. En hauteur, c’est cependant le style romano-byzantin qui pré-domine, faisant écho aux origines orientales de la cité phocéenne.

La Major est en fait un résumé des strates de l’histoire fondatrices et emblématiques de la ville de Marseille : elle est une synthèse de l’architecture locale et de ses influences extérieures.

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Les dômes de la cathédrale au style romano-byzantin

Une dégradation accélérée de la cathédrale

À partir du milieu du 20e siècle, le site de la cathédrale se retrouve exposé à un développement urbain très intense avec une importante circulation de véhicules aux abords de l’édifice. Face à cette dégradation de l’environnement immédiat, une opération de rénovation urbaine est lancée par Euroméditerranée en 1995 et conduit à la transformation des voûtes en boutiques en 2014 et à la piétonnisation du parvis en 2016.

Malgré la pacification des abords, une étude d’évaluation rendue en mars 2018 a fait état d’une dégradation accélérée de la cathédrale. Selon celle-ci, trois facteurs contribuent aujourd’hui à la détérioration du bâtiment : « l’exposition au climat marin », « la fragilité de certains matériaux » et sa « morphologie rendant l’accès difficile pour l’entretien ».

Le rapport de présentation de l’architecte en chef des monuments historiques, Michel Trubert, tire la sonnette d’alarme : « Il est nécessaire d’intervenir à court terme au titre d’une révision poussée qui, semble-t-il, n’a pas été effectuée depuis 60 ans ».

Et détaille les urgences : « Les couvertures plomb présentent des dégradations et n’assurent plus l’étanchéité en tout point. Leur restauration doit être engagée sans plus attendre afin de préserver l’intégrité des structures (charpente, voûtes intérieures des dômes) et la sécurité du public ». Le document remis par l’architecte pointe également la dégradation de nombreux éléments de la toiture, les « ouvrages sommitaux », et estime que leur restauration est « obligatoire et urgente ».

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Éléments dégradés au niveau des colonnes de la cathédrale de la Major (rapport de l’architecte Michel Trubert)

Une première tranche de travaux confirmée

Face à cette situation alarmante, l’État, qui est propriétaire du monument, a décidé de mettre en oeuvre un plan de rénovation qui va s’échelonner sur plusieurs années pour restaurer les couvertures en dalles de pierre et de plomb qui sont particulièrement abîmées.

Trois tranches de travaux sont envisagées pour une durée totale de 32 mois : 8 mois pour la restauration du passage et de la nef, 12 mois pour le grand dôme, les dômes du transept et les tourelles d’escalier et enfin 12 mois pour le dôme du choeur et l’abside du choeur.

Le service des Monuments Historiques de la Direction régionale des affaires culturelles précise néanmoins que « seule la première tranche est ferme. Pour le reste, nous sommes en attente d’arbitrages budgétaires, soit dans le cadre d’un plan de relance en 2022, soit dans un cadre classique ».

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Plan de phasage de la restauration des couvertures de la cathédrale de la Major (© DRAC / CRMH / Michel Trubert)

Cette première tranche de travaux, débutée au mois de novembre, va donc permettre de restaurer les parties les plus urgentes, à savoir la couverture du passage et de la nef, mais aussi d’améliorer le système de sécurité incendie. Alors que les échafaudages de la façade sud sont sur le point d’être démontés, ceux du bas-côté Est de l’édifice ont été installés, à l’endroit d’implantation de la zone de chantier.

Le coût de l’opération est entièrement pris en charge par l’État et s’élève à 2 millions d’euros pour la tranche ferme. Les étapes de restauration suivantes, si elles sont confirmées, feront grimper l’enveloppe budgétaires à 8 millions d’euros. Le prix à payer pour sauvegarder l’un des plus beaux monuments de la ville de Marseille.

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Installation en cours des échafaudages et de la zone de chantier

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Plongée dans le passé de la cathédrale de la Major
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