Fask Academy, la première école de confection textile du Sud de la France ouvre prochainement ses portes dans les quartiers Nord de Marseille. Les premières machines sont arrivées dans les locaux encore en travaux, qui accueilleront une promotion de 15 élèves, dont le cursus débute dans un mois.
Les deux premières piqueuses plates et les deux surjeteuses viennent d’arriver. Ces machines à coudre industrielles destinées aux métiers de la mode ont pris place dans les locaux de la Fask Academy, la première école de confection textile du Sud de la France.
C’est au 35, boulevard Capitaine Gèze, au cœur du parc Eiffel des Aygalades, que 650 m2 sont actuellement en cours d’aménagement. Un vaste espace baigné de lumière qui deviendra dans quelques semaines le nouveau quartier général des couturiers de demain. Car c’est sur ces machines livrées le 27 octobre que la première promotion constituée d’une quinzaine d’élèves apprendra les techniques liées à la fabrication du vêtement. « Il s’agit d’un CAP de deux ans, « métiers de la mode – vêtement flou ». C’est une formation diplômante, gratuite, ouverte à partir de 15 ans, soit après la 3e, et qui va jusqu’à 18 ans, et plus (25 ans) mais n’est pas rémunérée », explique Valérie Pintard, directrice des lieux.
Les codes de l’entreprise
La motivation est le premier critère de sélection pour intégrer la Fask Academy. La phase de recrutement est en cours. L’ouverture de l’école est prévue le 24 novembre 2021. À cette date, les jeunes évolueront au sein d’un site décloisonné, loin des codes de l’école traditionnelle.
Dès l’entrée, ils auront le loisir de prendre un peu de temps dans l’agora. Un espace de détente, avec cuisine, avant de rejoindre des salles de cours, équipée de mobilier type mange-debout. L’objectif de cette configuration est de les rapprocher de l’esprit d’entreprise.
Ils pourront ainsi également suivre l’enseignement obligatoire de français, de math et d’histoire-géographie dans la pièce principale face à deux immenses tableaux blancs dont la séparation vitrée laisse entrevoir les petites mains qui s’attelleront à la confection, sous l’œil expert de la maître-couturière Sandrine Blanc.
L’association Fask Fashion Skills à l’origine du projet
Brodeuses, pose-bouton… À terme, une quinzaine de machines seront installées. « C’est l’une des contraintes de cette industrie : il faut plusieurs machines », explique Jocelyn Meire, président de la structure. Il porte le projet depuis l’origine, avec Fask Fashion Skills, association, qu’il a fondée début 2019 avec des spécialistes du développement économique et de l’emploi, ainsi que des personnalités issues de différents métiers de la mode.
La vocation de Fask est de réunir créateurs, fabricants, distributeurs, artisans, industriels dans le textile, les accessoires, bijouterie, maroquinerie… et de contribuer au développement économique de cet écosystème basé à Marseille et dans la région. Le « club » compte aujourd’hui 130 adhérents. « L’une des problématiques de cette industrie, c’est le manque de compétences en matière de confection textile, c’est sur ce constat de l’écosystème que l’idée de Fask Academy est née », poursuit Jocelyn.
La production vendue à des marques régionales ou nationales
Outre l’apprentissage, les élèves seront placés dans une véritable démarche professionnelle puisqu’ils devront honorer dans quelques mois leurs premières commandes. Des marques à l’image de Kaporal, American Vintage, Pain de Sucre… ont déjà accordé leur confiance. « Les apprentis seront plongés dans l’excellence dès le départ », note Valérie Pintard. « Avec aussi, au bout, la satisfaction du client et le fait de contribuer à l’équilibre financier de la structure. Fask Academy est un outil de production de compétences, mais il constitue un apport dans la capacité de production textile du territoire. C’est une vraie valeur ajoutée », reprend Jocelyn.
Un tiers du financement proviendra des produits fabriqués par les élèves, commandées par des griffes régionales ou nationales. L’autre part est assurée par différents partenaires. La Région Provence-Alpes-Côte d’Azur d’abord, via le fonds d’innovation pour la formation, permettant ainsi de financer la mise en œuvre et assurer les coûts de fonctionnement des 18 premiers mois.
L’État ensuite, dans le cadre du plan France Relance et l’appel à projets Territoires d’industrie, ainsi que la Banque des territoires (Caisse des Dépôt et consignation) qui a accordé une subvention pour mener des études d’opportunité et de faisabilité, confirmant la pertinence de ce projet. Dans le cadre du soutien à la réindustrialisation, la Fondation TotalEnergie participe également.
L’un des plus gros ateliers de confection de Marseille à l’horizon 2024
Fask Academy s’inscrit dans l’ère du temps. Elle a été labellisée « école de production » dans la confection textile, avant l’ouverture de l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) lancé, le 6 mai dernier, par le ministère de l’Économie et des Finances et de la relance, qui vise a accélérer la création d’écoles de production dans l’Hexagone. Il en existe 45 dans toute la France, dont une dizaine ont récemment ouvert leurs portes ou sont sur le point de le faire dans les prochaines semaines. « C’est bien la preuve qu’il se passe quelque chose, sur la relocalisation de la filière. Beaucoup considèrent encore que la mode n’est pas une industrie, parce qu’il y a plein de poésie et de créativité, mais il y a un véritable processus industriel », reprend Jocelyn.
Après un premier parcours sur-mesure de deux ans, Fask souhaite ouvrir une troisième et une quatrième année pour mener les couturiers jusqu’au brevet professionnel. Jocelyn Meire mise sur une quarantaine d’apprentis d’ici à deux ans, présents sur site. Avec cet effectif et la quinzaine de machines, Fask Academy deviendra l’un des plus gros ateliers de confection de Marseille.
Pour en savoir plus sur Fask Academy c’est par ici