Marseille n’en finit pas de se transformer. Après l’inauguration du magnifique MuCEM et son fort Saint-Jean en juin 2013, la ville a ouvert son Musée d’Histoire totalement rénové en septembre dernier. Une grande réussite architecturale et scénographique, comme en atteste la récente étude du ministère de la Culture à lire ici.
Créé en 1983, à proximité du site archéologique du Port antique et du Vieux-Port, le musée d’Histoire s’étend sur plus de 15 500 m², ce qui en fait l’un des plus grands musées d’Histoire en Europe.
Pour la petite histoire, en 1967, lors de travaux d’aménagement du quartier de la Bourse, les fouilles ont mis au jour le port antique de Marseille : nécropole et remparts d’époque grecque, quai, bassin d’eau douce, voie dallée d’époque romaine. 15 ans plus tard, le musée a été intégré au rez-de-jardin sous le centre commercial Bourse.
Reportage photos © JZ
Le programme de l’opération de rénovation
Le projet de rénovation et d’agrandissement du musée lancé par la Ville de Marseille a porté sur la restructuration des espaces sur une surface de 6300 m², dont 3380 m² d’exposition permanente, agrandie sur deux des trois niveaux du socle inoccupé du centre méditerranéen du commerce international (CMCI) bordant le site au nord.
Le bâtiment abrite une exposition de référence, des espaces d’exposition temporaire, un atelier pour le public scolaire, un auditorium de 200 places, un centre de documentation disposant d’un cabinet d’arts graphiques et une librairie-boutique.
Le musée retrace toute l’histoire de la ville, de sa fondation par les Phocéens Gyptis et Protis jusqu’à nos jours. Parmi les collections du musée, on trouvera des vestiges archéologiques, comme la plus grande flottille de vaisseaux antiques au monde, entièrement restaurée.
Pour révéler le musée, autour du port antique, et à travers un dispositif architectural aussi hétéroclite que le Centre Bourse et le CMCI, l’expression de la façade, d’une longueur de 260 mètres pour compenser une hauteur de sept mètres, inspire le calme et la discrétion, un sens de l’intériorité et crée un cadre minimaliste et compréhensible.
Ce long ruban est constitué de vitrages sur toute la hauteur, calepinés avec précision, à la sérigraphie d’émail blanc qui filtre les apports solaires et dont le dessin est directement inspiré de l’eau. La façade fait varier la transparence, la translucidité ou l’opacité, en fonction des œuvres à protéger, des vues à favoriser et donne une image paisible qui épouse parfaitement la topographie du jardin.
Le ruban se prolonge ensuite pour former le garde-corps du baladoir sud dont la face intérieure est habillée d’aluminium. La façade du rez-de-jardin y est, quant à elle, traitée en vitrage extra-blanc dont les volumes de grandes dimensions sont collés bord à bord afin de favoriser la vue du jardin depuis l’intérieur, perçu dans un cadrage horizontal qui en accentue la lecture.
Accès et espaces de circulation
Les visiteurs peuvent aujourd’hui accéder au musée par deux entrées : l’une donne sur l’accueil-boutique haut depuis la galerie principale du centre commercial, l’autre sur l’accueil billetterie bas depuis le baladoir d’accès au centre commercial connecté à la rue Henri-Barbusse au sud du site. Ce second hall du rez-de-jardin, relié au premier par escalier et ascenseur, dessert le jardin des Vestiges, l’entrée dans les salles d’exposition permanente, les salles d’exposition temporaire ainsi que l’auditorium.
Le baladoir situé au niveau urbain actuel (Cours Belsunce, Centre Bourse), est rénové, incorporé au musée et en devient la circulation principale en surplomb sur le jardin des Vestiges, tout comme un quai s’élève au-dessus de l’eau et dessert les diverses fonctions d’un port.
De l’intérieur, la nouvelle façade du baladoir met le jardin sous vitrine pour permettre de mieux le regarder, d’en percer les mystères.
Cette cohabitation inhabituelle entre un équipement muséal et un centre commercial est une chance pour le musée, celle d’attirer de nouveaux visiteurs en rendant davantage visible le musée depuis le centre commercial.
Les salles d’exposition et le mobilier
Les salles d’exposition permanente ont été implantées en contact direct avec le site archéologique sur trois niveaux.
Au rez-de-jardin, à l’est du site, les vastes espaces d’exposition d’origine, étendus sur les anciens espaces d’accueil, sont consacrés à la période antique et les niveaux un et l’entresol de l’extension au nord, visités de haut en bas, respectivement consacrés aux périodes moderne et contemporaine.
Le parcours s’achève sur une salle ouverte sur l’avenir de Marseille et qui surplombe les collections spectaculaires du parcours également visibles depuis le haut et la galerie: l’épave romaine de la Bourse (vingt mètres de long) extraite de la corne du port antique et la nécropole paléochrétienne de Malaval dont le cœur a été reconstitué à partir des sarcophages originaux.
L’espace d’exposition est séquencé en quatorze périodes chronologiques (en blanc) ou diachroniques (les espaces d’interprétation en gris clair) sans être cloisonné car les vitrines double-face sont poreuses au regard qui peut ainsi embrasser les nombreuses strates historiques et culturelles de la ville.
Les mobiliers muséographiques, dans et hors vitrines, sont constitués d’éléments modulables empilés à la manière de marchandises sur le port, de «ballots». Ces éléments adaptés à l’échelle humaine font pénétrer la vie portuaire dans le musée. Écrans multimédias, tactiles, interactifs, parcours des enfants, lieux de repos pour contempler, regarder les films projetés, expérimenter, rêver… Ces mobiliers permettent de s’adapter aux besoins des visiteurs dans le temps.
La technologie numérique au service des visiteurs
Un vaste programme multimédia a été entrepris : une centaine d’écrans diffusent documentaires, témoignages de scientifiques, jeux interactifs, fouilles d’épave sous-marine en relief, et autres reconstitution 3D, pour rendre accessible à tous la complexité de l’histoire de Marseille.
Dès l’entrée, un pan de mur s’ouvre en extra haute définition (4K) sur l’évolution du paysage et du littoral d’avant Marseille, lorsque la grotte Cosquer était encore hors d’eau. Des écrans de réalité augmentée, sortes de fenêtres à remonter le temps, permettent par exemple de comprendre le site archéologique depuis les façades, ou de reconstituer la globalité du site de Malaval à partir des éléments présentés dans le musée.
Plus de 2600 ans d’histoire à parcourir
Le nouveau parcours muséographique s’appuie sur deux idées fortes : Marseille est la plus ancienne ville de France et c’est une ville portuaire ouverte sur la mer Méditerranée. Partant de ces deux évidences, le visiteur découvre l’histoire de la ville grâce à un fil d’Ariane maritime reliant les séquences chronologiques, des premières occupations préhistoriques aux développements urbains contemporains. Grâce aux recherches des scientifiques et à la documentation des pièces de la collection, le parcours du musée raconte les hommes et les femmes, inconnus ou célèbres, qui ont participé à l’histoire de Marseille.
Un musée vivant et innovant pour tous les publics
Reconstitutions, multimédia, films, parcours pour enfants. Chaque séquence historique du parcours muséographique se déploie autour d’un objet phare, emblématique de la ville.
Grâce à des dispositifs multimédia à taille humaine, archéologues et historiens viennent s’adresser directement aux visiteurs. Les choses ne sont pas expliquées, elles sont vécues, racontées, humanisées, et vous pourrez par exemple voir renaître le marin et géographe Pythéas, ou encore le héros d’Alexandre Dumas Edmond Dantès.
Chaque étape de la visite est enrichie de nombreux films et multimédia interactifs qui donnent vie aux objets et contextualisent la présentation des collections.
Fiche technique
Surface du musée : 6300 m²
Surface de l’exposition permanente: 3380 m²
Maîtrise d’ouvrage : Ville de Marseille
Informations pratiques
Musée d’Histoire de Marseille
Adresse : Square Belsunce – Centre Bourse – 13001 Marseille
Tél: 04 91 90 42 22 – Fax: 04 91 90 43 78
Accès : Métro ligne 1 – Station Vieux-Port
Services
Bibliothèque : 16 000 ouvrages (cartes et plans, revue de presse sur Marseille, collection de périodiques scientifiques)
Spécialité : histoire, archéologie, muséographie, restauration, urbanisme, architecture, comprenant notamment un fonds sur Marseille, la Provence et le Bassin Méditerranéen.
Vidéothèque : 600 films documentaires
Service accessible à tous les publics : chercheurs, enseignants, étudiants, scolaires.