Les vestiges antiques récemment découverts sur le boulevard de la Corderie (7e) à Marseille seront finalement préservés sur une partie qui correspond à 10% de la surface totale. Le projet immobilier porté par Vinci et vivement critiqué par les habitants, verra bien le jour.
Mise à jour du 8 novembre 2017 : Emmanuel Macron confirme que la protection des vestiges ne sera pas totale ↓
Dans cette affaire au caractère exceptionnel qui a tenu en haleine tout Marseille et même les médias nationaux cet été, la Ministre de la Culture, Françoise Nyssen a souligné « l’intérêt exceptionnel des Marseillais pour leur patrimoine« , et a expliqué avoir pris sa décision après la réunion publique du 31 août en Préfecture de Marseille, en présence des représentants de Vinci, de la ville, de la direction régionale des affaires culturelles (Drac), de l’institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), des scientifiques et des riverains.
Les vestiges antiques de la Corderie : une découverte exceptionnelle
Fin octobre 2016, les travaux de construction d’un bâtiment de logements, situé boulevard de la Corderie (7e), ont été stoppés après seulement deux jours de chantier suite à la découverte inattendue de vestiges historiques exceptionnels. Depuis, les habitants et certains élus comme Benoît Payan (PS) ou Jean-Luc Mélenchon (LFI) s’étaient mobilisés contre la construction des logements et pour la préservation du site antique, afin de l’ouvrir au public.
L’intervention du Ministère de la Culture
Françoise Nyssen, Ministre de la Culture du gouvernement Macron, qui s’était emparée du dossier cet été, s’était engagée le 21 juillet dernier à protéger une partie du site, soit 650 m² (sur une parcelle de 6500m²), classés au titre des Monuments historiques et une servitude de passage le long du rempart permettre au public d’y accéder en permanence.
Par la suite, le mardi 1er août, une pelleteuse avait été amenée sur le site, entraînant colère et préoccupation de la part des défenseurs des vestiges. « Une pelleteuse a été amenée sur le site des vestiges de la Corderie pour commencer les travaux de l’immeuble Vinci. Une petite partie des vestiges (pas forcément la plus intéressante) serait conservée. Les colonnes grecques en cours de taille, très rares à Marseille seraient ensevelies ! », avait fait part le collectif Laisse Béton.
La DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) avait souhaité calmer les esprits en indiquant que « les travaux initiés par l’aménageur Vinci Immobilier sur le site de la Corderie sont en conformité avec la décision de la Ministre de la Culture et dans le respect du code du patrimoine […] Il s’agit uniquement de l’installation d’une clôture autour de la zone à préserver compte tenu des enjeux archéologiques identifiés ».
La DRAC avait également ajouté que cette clôture visait à permettre « la conservation et la mise en valeur des éléments archéologiques les plus remarquables ». La zone sera « sanctuarisée » pendant la phase des travaux, c’est-à-dire qu’elle sera protégée par un géotextile et un remblai provisoire. « Afin de garantir la bonne conservation des vestiges préservés et à la demande de la DRAC, Vinci Immobilier procédera à leur ré-enfouissement pendant la durée des travaux qui doivent débuter en septembre, après une phase préparatoire au cours du mois d’août. La livraison du bâtiment est prévue pour juin 2019 », avait précisé la DRAC.
Hier, la ministre de la Culture a rendu son verdict définitif :
« La loi ne permet pas à l’Etat d’étendre l’espace protégé à des surfaces qui ne le justifient pas« , avant de poursuivre « les services de l’Etat n’ont pas relevé de nouveaux éléments permettant de modifier la décision annoncée en juillet. (…) La ministre de la Culture appelle de ses voeux une meilleure mise en valeur du site archéologique par une visibilité accrue, une utilisation de l’espace mitoyen dont la Ville est propriétaire et qui donne sur l’espace protégé, et une exploitation de la servitude de passage dont elle dispose le long du rempart ».
Les défenseurs du site de la Corderie demandaient que les vestiges soient préservés dans leur intégralité, avec la création d’un jardin des vestiges. Autre inquiétude selon eux : le site ne serait pas accessible librement au public comme prévu, mais seulement pendant les journées du patrimoine. Vinci précise, lui, que les vestiges seront « mis en valeur pour des visites culturelles encadrées et organisées par les services de la ville et de l’Etat ».
De son côté, Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille a réagit « Je prends acte de la décision de la Ministre de la Culture qui, tout à la fois, respecte l’histoire de notre Ville et lui permet d’inscrire son développement dans la modernité. »
Des vestiges vieux de 2500 ans
Ces vestiges sont ceux d’une ancienne carrière grecque de calcaire datant de – 500 avant Jésus Christ. « On a dans ces blocs, des coups de couteaux, de ciseaux qui sont encore présents », mettait en avant, avant l’été Jean-Noël Bévérini, historien mobilisé pour la préservation du site aux côtés du Comité d’Intérêt de Quartier (CIQ) Saint Victor, Corderie, Tellène et rues adjacentes et qui a lancé une pétition en ligne sur ce sujet.
Reportage photo du site avant les fouilles, en janvier 2017 © Agathe Perrier
Les vestiges ont été retrouvés sur le terrain en friche où se trouvaient auparavant deux plateaux sportifs, acheté par la SNC ADIM PACA, filiale du groupe Vinci, à la Ville de Marseille. Ces derniers jouxtent le boulodrome de la Corderie et le jardin de Saint-Nicolas qui, eux, ne sont pas concernés par le futur projet immobilier.
Créer un jardin des vestiges pour les sauvegarder
Avant que les fouilles ne révèlent l’ancienne carrière, le CIQ Saint Victor souhaitait la réalisation d’une « coulée verte » pour relier les monuments historiques allant du col du Fort Saint-Jean jusqu’à Notre-Dame de la Garde. Une pétition avait même été lancée, recensant plus de 1 300 signatures.
Le CIQ s’est ensuite mobilisé pendant l’été pour qu’un « jardin des vestiges » y soit créé, ce qui « constituerait l’arc historique et touristique de ce secteur ». « On demande que les vestiges soient là et de laisser à jour le patrimoine de Marseille comme cela a aussi été fait au Centre Bourse. De sauvegarder le patrimoine enfoui plutôt que de l’enterrer, car c’est le centre historique de Marseille », explique Gilbert Laurens, vice-président du CIQ Saint-Victor.
Un projet qui ne verra finalement pas le jour.
Des vestiges soupçonnés par le CIQ depuis 2013
La découverte de vestiges n’avait pas surpris les membres du CIQ qui, dès 2013, avait alarmé la ville de Marseille, de leur potentielle présence à cet endroit, dans un recours lancé contre la création du projet immobilier. « Une telle réalisation se traduirait par […] des vestiges mis à jour vue par les excavations pour réaliser les 3 étages de parkings souterrains », peut-on lire dans le recours. « On savait, de par l’approche de l’abbaye de Saint-Victor, que l’on retrouverait des choses. On se disait qu’il y aurait, comme à l’abbaye, des sarcophages », nous a expliqué Gilbert Laurens.
La nécessaire rénovation du rempart Louis XIV
Avec quelques jours d’intervalle et pourtant aucun lien initialement, une autre pétition a été lancée cette fois pour demander la rénovation du rempart Louis XIV qui jouxte le terrain où le futur bâtiment de logements devrait être construit. Ce rempart date de 350 ans en arrière puisqu’il a été érigé en 1666 par Nicolas Arnoul, à qui l’on doit également l’Arsenal des Galères, sur ordre de Louis XIV afin d’agrandir la ville.
Le rempart, dont il ne reste aujourd’hui quasiment que le morceau de la Corderie, n’a pour le moment été rénové que sur sa face sud, celle donnant sur le boulevard des Lices. La pétition, menée par Jean-Noël Bévérini, académicien de Marseille et passionné d’histoire, demande que la même chose soit faite pour la face nord, donnant sur le boulevard de la Corderie. L’édifice ne fait d’ailleurs pas partie de l’emprise du chantier de logements, comme le précise Sabine Bernasconi. Avant de conclure : « C’est au service des monuments historiques de la Ville de Marseille et de la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) d’évaluer l’état du rempart et d’en proposer une éventuelle restauration. Si elle s’avérait nécessaire, j’y serai bien évidemment favorable ».
Par Agathe Perrier
Il ne faut surtout pas construire dessus, c’est notre histoire.
Comme disait Nietzsche
L’homme de l’avenir est celui qui aura la mémoire la plus longue.
qu’ils se en retournent en priorité contre la ville qui a délivré le permis de construire !
et pourquoi ne pas recontruire le site à l’identique ailleurs ,dans un espace qui le mettrait bien plus en valeur et ce avec des commentaires etc….. ,cela s’est déjà fait ailleurs dans le monde (en Egypte par ex.)
Reconstruire ailleurs n’aurait pas de sens ! L’intérêt historique est justement d’avoir ces témoignages « in situ » = à leur place d’origine? On ne va pas déplacer un monument, ou des ruines, sous prétexte qu’ils gêneraient moins ailleurs !
Je veux bien signer cette pétition, pour sauvegarder cette ancienne carrière, mais comment faire ?
surtout ne rien construire
On a besoin de verdure et de calme assez de circulation et d’embouteillages avec des voitures qui ne savent plus où se garer
il y a assez de logements dans le centre ville qui étouffe on n’a qu’à rénover l’existant
Assez de béton Assez des grands groupes qui veulent effacer le passé des générations futures
Que le Maire aille voir ce qui se fait ail leurs en France et dans le monde
Que l’on copie les choses bien et qu’il arrête de penser au fric!!!!
À conserver absolument !
je trouve cela inadmissible c’est nôtre histoire
ni détruire ni deplacer ni recouvrir il faut garder ce trésor pour les futures générations et que monsieur Godin sois mit devant ses responsabilités qu’il arrête de se cacher derrière le ministre argent argent !!! il n’y a que cela qui compte
il faut conserver et mettre tout en oeuvres pour réhabiliter les lieux mettre le maire devant ses responsabilités il se cache derrière le ministre pour prendre une décision
qu’il les posent sur la table!!!
assez de bitume et de bâtiments
il faut conserver et préserver notre histoire que va t’il resté aux futures générations