Installée depuis 17 ans dans des locaux du 6e arrondissement, l’association culturelle Montevideo vient de voir son bail s’arrêter au 31 décembre 2016. Le propriétaire souhaitant vendre le bâtiment, l’avenir de ce lieu de créations artistiques contemporaines est donc incertain.

Conçu au départ comme le lieu de résidence et de travail des artistes Hubert Colas et Jean-Marc Montera pour leurs associations, respectivement de théâtre et de musique, Montevideo est un espace de créations artistiques contemporaines situé dans le 6ème arrondissement. Il favorise à la fois l’expérimentation, la recherche et le décloisonnement entre les différentes formes d’expression artistique dans un secteur de la ville où les structures artistiques et culturelles ne sont pas nombreuses.

, Quel avenir pour Montevideo, temple de la création artistique marseillaise ?, Made in Marseille « Dès le départ, nous nous sommes aperçus que l’on avait un lieu suffisamment grand pour le partager avec d’autres. Nous avons choisi de mutualiser nos moyens et d’accueillir des artistes en résidence. Depuis, chaque année, ils sont plus de 200 à venir à Montevideo et autant dans le cadre d’Actoral, le festival international des arts et des écritures contemporaines », met en avant Hubert Colas.

Mais au 31 décembre 2016, le bail de location du bâtiment a touché à sa fin. Son propriétaire n’a pas souhaité le renouveler et a pour volonté de vendre les locaux à un promoteur immobilier pour en faire des logements d’habitation. Ne reste alors pour l’association que peu de solutions : racheter les locaux ou déménager vers de nouveaux horizons.

Vers un rachat par Montevideo ?

Le bâtiment du 3 impasse Montevideo qu’occupe la structure du même nom est protégé par l’ordonnance du 13 octobre 1945. Cette ordonnance interdit tout changement d’affectation d’une salle de spectacle sans l’autorisation du ministère de la Culture. « Le propriétaire ne peut donc pas vendre le bâtiment pour le moment puisqu’il n’a pas l’accord du ministère de la Culture. Mais rien ne garantit pour autant la pérennisation du lieu en espace culturel et artistique », tient à clarifier Hubert Colas.

Les collectivités, à savoir la Ville de Marseille et le ministère de la Culture, se sont déjà positionnées en faveur de cette pérennisation. « Je soutiens l’association Montevideo, son travail, sa résidence et son festival. Elle a une grande renommée et fait sortir des artistes qui sont ensuite connus nationalement voire internationalement. Je souhaite donc qu’elle perdure et à cet endroit-là », souligne Yves Moraine, maire des 6ème et 8ème arrondissements. Rien ne peut toutefois être fait pour le moment tant qu’un prix ferme et définitif du bâtiment n’a pas été donné par le propriétaire. Plusieurs cas de figures pourraient être envisagés une fois le prix connu, comme par exemple l’achat des locaux par la ville de Marseille et un remboursement sous forme de loyer par Montevideo ou un rachat par l’association elle-même.

Actuellement, le loyer s’élève à 70 000€ par an auquel s’ajoute 20 000€ de frais, le tout supporté par les associations. Montevideo, s’il reste dans le bâtiment actuel, a d’ores et déjà des ambitions pour ouvrir davantage le lieu au public dans le futur. Et même la volonté d’y créer un espace d’accueil permanent, comme une sorte de coworking, pour les artistes locaux.

Un déménagement, autre solution possible

D’autres solutions ont été envisagées depuis que les négociations ont été entamées il y a quelques mois entre l’association et le propriétaire des lieux. Et notamment la construction d’un nouveau bâtiment de logements où Montevideo pourrait reprendre ses quartiers. « Nous sommes prêts à envisager une nouvelle construction du bâtiment si l’on arrive à retrouver ce que l’on a, à savoir 1 500 m² de surface », précise Hubert Colas.

Un déménagement serait-il aussi envisageable ? Tant que la structure trouve ailleurs la même dynamique artistique et économique, à savoir pouvoir accueillir des artistes en résidence, le directeur est ouvert. « Il est toutefois important de localiser des structures un peu partout dans Marseille et pas seulement à la Friche la Belle de Mai par exemple. Garder une structure culturelle dans le 6ème arrondissement est à mon sens essentiel », ajoute Hubert Colas. Même son de cloche pour le maire de secteur, Yves Moraine, qui ne souhaite pas voir partir Montevideo : « Je ne ferai rien qui puisse aider à faire autre chose sur ce lieu », ajoute-t-il.

Prochaine étape : l’annonce d’un prix ferme et définitif de la part du propriétaire. Aucune date n’a cependant été fixée pour cela. Une fois le prix connu, les différentes collectivités pourront alors se positionner officiellement sur la suite du bâtiment et réaliser leur propre estimation. L’occasion de montrer, dans les faits, leur volonté de donner à ce lieu un réel avenir.

Par Agathe Perrier

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