Bruno Gilles, sénateur maire des 4e et 5e arrondissements, a accepté de répondre à nos questions pour mieux comprendre les projets à venir dans son secteur qui regroupe des lieux mythiques comme La Plaine qui devrait bientôt être réaménagée, le Jarret ou la piscine Vallier. Reportage.
Made in Marseille : Bonjour monsieur le sénateur maire, pouvez-vous présenter à nos lecteurs vos objectifs et les prochaines échéances dans le 3e secteur ?
Bruno Gilles : Bonjour, il y a beaucoup d’objectifs ! Je pense notamment à arriver, d’ici la fin de l’année, à un projet un peu ficelé pour la requalification du Jarret. Même si nous ne verrons pas en 2016 le premier coup de pioche, nous devrions tout de même avoir accès à un projet pour la première partie qui irait de la Timone jusqu’au boulevard Chave. L’objectif est de commencer cette première requalification dans le cadre de l’ouverture de la L2, ce qui devrait libérer le transit de Sakakini de près de 30 %.
Il y a également le réaménagement de La Plaine. Il n’y a pas de projet encore définitif mais nous avons dores et déjà 4 groupes composés chacun d’architectes, paysagistes et d’une entreprise traditionnelle d’aménagement. Le choix du gagnant se fera prochainement. Cette place emblématique qui est à cheval sur 3 arrondissements (Ndlr : 5e de Bruno Gilles, 1er de Sabine Bernasconi et 6e d’Yves Moraine) mérite un réaménagement.
MIM : Concernant le projet de réaménagement de La Plaine que vous évoquez, pourriez-vous nous en dire davantage sur le choix des finalistes et l’objectif de ce projet contesté par une partie des habitants ?
B. G. : Evidemment. Il faut savoir que tout se fera dans le respect des règles en vigueur. Il y a eu une commission d’attribution qui s’est réunie avec les membres du jury de la SOLEAM et moi-même. J’étais le seul élu extérieur, non membre du jury de la SOLEAM. Je représentais madame Bernasconi et monsieur Moraine. Nous avons eu une soixante de groupements – composé d’un architecte, un paysagiste et d’une société traditionnelle d’aménagement – qui a répondu.
Nous avons eu de très belles signatures, des architectes de niveau européen. C’est le signe fort que Marseille attire, passionne. Nous sommes tombés d’accord sur 4 finalistes. Ils nous proposeront 4 projets et en fonction nous déciderons du gagnant en respectant tout ce qui a été préalablement décidé au cours des diverses réunions avec le collectif citoyen. Nous avons un bon budget, plus de 10 millions d’euros. Concernant les critères, nous souhaitons garder du stationnement mais nous voulons aussi laisser de la place aux piétons. Nous gardons le marché, le jardin d’enfant. Et nous voulons plus de vert ! L’aménagement devrait débuter 2017 pour une année, une année et demie de travaux.
Nous avons eu de très belles signatures, des architectes de niveau européen. C’est le signe fort que Marseille attire, passionne.
(Ndlr : Les 4 équipes retenues sont l’agence Laverne (quartier du Trapèze Renault à Boulogne-Billancourt), Christine et Michel Pena (3e ligne du tramway nantais), Neveux et Rouyer Paysagistes (abords du Grand stade de Nice) et l’agence APS (jardin du Fort Saint-Jean).
MIM : La sécurité est un point fondamental pour tous les Marseillais. Quelles sont vos actions sur le terrain ?
B.G. : Dans ces arrondissement, la sécurité se passe plutôt bien. Nous avons des réunions très régulières avec la police municipale, nationale. Dans le cadre du CLSPD – contrat local de sécurité et de prévention de la délinquance mis en place par la Mairie centrale – beaucoup de maires de secteur ont fait le choix de faire des CLSPD géographie c’est-à-dire focaliser l’attention sur un quartier en particulier comme madame Bernasconi a fait pour le marché de Noailles. Nous, nous faisons tourner ce CLSPD de quartier en quartier.
Nous faisons tout un quartier avec la police nationale, municipale, la prévention de la petite délinquance et la propreté. Cela nous permet d’aller au contact de la population, des commerçants, de régler des problèmes plus traditionnels de stationnement, de circulation que de la vraie délinquance. Cela me permet d’aller de partout et de ne pas marquer un endroit en particulier. Nous avons également une centaine de caméras. Nous avons fait partie du deuxième plan après le centre-ville et on ne peut pas nier l’efficacité d’un tel dispositif.
MIM : La propreté est également un sujet sensible. Quels sont les dispositifs mis en place dans votre secteur ?
B.G. : Pour la propreté, c’est à peu près pareil que pour la sécurité. Nous essayons de faire de la réaction rapide en fonction de la demande de la population. C’est plus compliqué quelques fois sur le 5e arrondissement avec des petites rues difficilement accessibles pour les arroseuses-balayeuses. C’est là-dessus que nous devons encore faire des efforts. Néanmoins, nous sommes globalement dans la bonne moyenne. Après, il reste toujours l’incivisme des gens… Ce n’est pas normal de toujours trouver des papiers, des canettes, des crottes de chien ou des personnes qui sortent des encombrants alors que ce n’est pas le jour. Nous faisons ça tout de même gratuitement contrairement aux autres villes… Il faut que tout le monde y mette du sien.
MIM : On change complètement de registre pour parler d’emploi. Est-ce que vous mettez en place des opérations spécifiques dans votre secteur pour améliorer la situation des Marseillais ?
B.G. : L’emploi, ce n’est pas une compétence de mairie de secteur, néanmoins nous sommes actifs. Nous avons depuis maintenant de nombreuses années pris l’habitude de travailler avec les deux pôles emplois de notre secteur qui n’en feront plus qu’un prochainement. Nous faisons deux forums d’emploi par an. Le premier va se dérouler le 30 mars à la Salle Vallier à partir de 13h. C’est le Forum Job d’été avec des entreprises privées et publiques qui proposent des emplois pour la période estivale. Et le second est un forum d’emploi plus traditionnel où les entreprises proposent des emplois sur une période plus importante. Ce sont des forums qui attirent beaucoup !
MIM : L’insertion vers l’emploi passe par une bonne prise en charge de la jeunesse. A ce titre, quelles sont vos actions pour les jeunes, mais également pour le tissu associatif local ?
B.G. : Nous venons d’ouvrir une nouvelle école : le groupe scolaire Foch dans les locaux de l’ancien lycée Michelet. Les travaux vont continuer pour toute la partie associative car nous sommes en partenariat avec l’IFAC dans le cadre d’un centre aéré, de soutien scolaire. Nous allons leur aménager des locaux. Nous allons également y accueillir dès la fin de l’année un club de billard. Nous avons la chance d’avoir sur le 5e arrondissement un club de billard dont le président est le président de la fédération française de billard.
Nous allons également héberger une autre association qui fera des expositions tournées vers l’Histoire. Il s’agit de l’association du Souvenir de la mémoire de l’armée française. Les intervenants viennent en tenue d’époque devant les enfants pour leur expliquer l’Histoire, les tenues etc. Toutes ces associations participent à la vie de quartier et en même temps je leur ai demandé de bien accepter de faire un partenariat avec les enfants pour qu’ils puissent être les premiers bénéficiaires.
D’ici cet été, nous allons également démarrer une maison de quartier qui sera la maison Hopkinson. Dans le cadre de la maladie d’Alzheimer, une aile sera réservée à l’aide aux aidants. Il faut que ceux qui vivent avec une personne atteinte de la maladie puissent venir une demie-journée par semaine déposer leur parent, conjoint, dans un encadrement sécurisé, pour décompresser, s’évader un peu. Celui qui s’occupe de quelqu’un qui est malade souffre également. Nous allons travailler étroitement avec l’association France Alzheimer.
MIM : La vie associative, c’est aussi le sport. Vous venez de rénover la piscine Vallier sur Sakakini…
B.G. : Oui, tout à fait. Il n’y a d’ailleurs plus spécialement de nouveau projet dans mon secteur car nous avons à peu près rénové tous nos équipements sportifs. Il nous reste seulement à refaire la pelouse synthétique sur le stade Hopkinson. Nous avons une grande maison des sports aux Chutes Lavie avec un grand gymnase, un immense dojo qui ne fonctionne qu’avec les associations. Nous avons également, et ce qui est rare pour un équipement municipal, rue Madon, une salle d’armes municipale pour notre club d’escrime et qui est gérée par une association.
Nous avons La fête du Sport du 4-5 à la Salle Vallier, le 27 avril. Il y aura une présentation de tous les sports que l’on peut pratiquer sur les 4e et 5e. Mise à part le fait que l’on ne peut pas faire de voile dans ces arrondissements, nous avons énormément de sports ! Après, mon plus grand désir serait d’avoir un équipement sportif supplémentaire comme un grand gymnase dans le 5e arrondissement mais avec le prix du foncier nous avons beaucoup de difficultés à trouver un emplacement… C’est mon plus grand regret !
MIM : Votre secteur est également l’un des moteurs culturels de la ville. Nous pensons notamment au palais Longchamp qui accueille de nombreux événements…
B.G. : Nous avons effectivement beaucoup d’activités culturelles dans nos quartiers. Nous faisons au mois de mai une grande journée à Longchamp où chaque association peut présenter ses activités. Cela va de l’école du violon, au spectacle, au chant etc. C’est réellement la culture populaire en sens noble du terme. Nous avons bien sur en été le festival de Jazz des 5 Continents avec de grosses pointures qui viennent. Il y a également Les Estivales aussi à l’approche de l’été. C’est très thématique. Un soir, vous pouvez avoir la chanson française, un autre les années 80. A chaque fois, il y a un monde fou ! C’est impressionnant et ça participe à la vie sympathique du quartier.
Et puis, nous avons deux lieux inédits : Hypérion qui est un studio d’enregistrement de haute qualité gérée par la mairie de secteur. Et côté Chartreux, il y a le petit théâtre municipal, le HangArt. C’est un ancien moulin, un petit lieu magique avec une centaine de places où l’on y fait beaucoup d’expositions, de spectacles. Nous y sommes en ce moment dans le cadre du mois de la femme. De très belles choses s’y passe, il faut y aller !