La Région Sud devrait voter la mise en place du versement mobilité, une taxe aux entreprises pour participer au financement des transports, lors de sa plénière du 23 avril. Mais les employeurs freinent des quatre fers.
Le versement mobilité est une participation des entreprises de plus de 10 salariés au financement des transports en commun. La Métropole Aix-Marseille-Provence l’appliquait déjà pour développer des projets, tandis que la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur ne pouvait pas lever cette taxe collectée par l’Urssaf.
Mais le budget 2025, promulgué le 14 février dernier, change la donne. Il permet désormais aux Régions de collecter le versement mobilité auprès des employeurs, dont le montant représente 0,15% de leur masse salariale.
Le président de la Région Sud, Renaud Muselier (Renaissance) marchera-t-il dans les pas de sa voisine de la Région Occitanie Carole Delga (PS) qui s’est battue pour l’obtenir ? Ce projet serait en bonne voie. Selon La Provence, les élus vont voter ce versement mobilité régional (VMR) lors de la prochaine plénière du 23 avril.
60 à 80 millions de recettes supplémentaires
La collectivité table sur 60 à 80 millions d’euros de recettes pour financer les transports, avec les Jeux olympiques d’hiver 2030 dans le viseur. Contacté, Jean-Pierre Serrus, vice-président régional aux transports, n’a pas répondu à nos sollicitations.
« Le VMR n’est pas fléché vers des projets », soulève Stéphane Coppey, consultant senior en mobilités. Ni sur La ligne nouvelle (LNCPA) ni sur l’expérimentation des Services Express Régionaux Métropolitains (SERM) : deux de ses projets phares. « Les Régions pourront donc en faire ce qu’elle veulent », prévient l’expert.
Ce dernier veillera à partager ce point de vigilance lors de la conférence nationale « Ambition France Transports », organisée à Marseille le 5 mai en présence du ministre des Transports, Philippe Tabarot. Mais il s’est bien exprimé favorablement à la mise en place de cette taxe le 4 avril, durant le Comité des partenaires régionaux (Copart), organe consultatif créé par la Région en 2022.
Les syndicats vont faire pression
Cependant les employeurs membres de ce comité technique, représentant 50% des sièges, se sont déplacés en nombre pour s’y opposer. Résultat : 14 voix contre, 11 voix pour, et 5 abstentions.
Les syndicats patronaux comptent bien pousser pour que cette taxe ne soit pas votée mercredi. Le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) Sud, Alain Gargani, également élu régional, se dit « opposé à toute taxe supplémentaire y compris le VMR » et prône le dialogue avec la Région.
Philippe Korcia, président de l’UPE 13, va pour sa part s’entretenir avec Renaud Muselier le 22 avril midi, la veille de la plénière. Il s’exprimera à l’issue de cette discussion.