Les plongeons depuis la Corniche sont un phénomène qui s’amplifie à Marseille, avec son lot d’accidents graves. Face à cette pratique interdite, la Ville et le procureur convoquent des jeunes interpelés et leurs familles pour des rappels à la loi.

C’est une image quotidienne à Marseille, dès l’arrivée des beaux jours et jusqu’à la fin de l’été : des jeunes hommes, mineurs et majeurs, sautent de la Corniche Kennedy, à des hauteurs parfois déroutantes. D’autant que ce sport extrême est à la mode, amplifié par les réseaux sociaux. Le phénomène pousse les plongeurs à prendre encore plus de risques.

« On vient tous les jours pendant les vacances », explique Émile en sortant de l’eau après un saut simultané avec son frère d’une dizaine de mètres depuis le rebord de la Corniche, à côté du marégraphe. « On fait juste gaffe à ne pas faire les fous quand y a la police qui passe », précise Titouan, l’ainé.

En effet, cette pratique est interdite par arrêté municipal, à cause des dangers qu’elle représente. « L’année dernière, un jeune est décédé après avoir perdu connaissance en heurtant l’eau », déplore Dominique Pons. Le médecin-colonel des Marins pompiers de Marseille a fait partie de cette intervention.

Il prévient des différents risques des plongeons. « Au-delà des corps flottants ou des rochers que l’on peut heurter, l’atterrissage à lui seul entraine des traumatismes et lésions à cause de la grande vitesse de chute. Ça peut entrainer des pertes de connaissance et donc des noyades. Sans oublier les risques d’hypothermie ».

Des mini procès pour les plongeurs interpelés

Quelques influenceurs marseillais de cette pratique ont encore amplifié le phénomène « en forte croissance ces derniers temps », confirme la police municipale. « Nous relevons en moyenne 10 infractions par semaine ». Et si jusqu’à présent les interpellations restaient impunies, après le décès de l’année dernière et un accident grave cette année, la Mairie et le procureur de Marseille on décidé de dire stop.

Ce lundi 21 juillet, à l’hôtel de ville, les pouvoir publics ont convoqué cinq jeunes, dont trois mineurs accompagnés de leurs parents, pour une Cellule de Citoyenneté et de Tranquillité Publique (CCTP). Une audience ressemblant à une mini procès, pour rappeler les risques juridiques encourus.

« Plonger de la Corniche, ce n’est pas anodin », affirme le délégué du procureur de Marseille, Patrick Fanget. « C’est prévu par une contravention de deuxième classe et c’est réprimé par une amende de 150 €. On sensibilise également les parents […]. Le parquet pourrait éventuellement engager des poursuites à l’encontre des parents sur une soustraction de l’autorité parentale, qui est donc un délit puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 € d’amende ».

la corniche, Vidéo | La mairie et la justice sévissent sur les plongeons de la Corniche, Made in Marseille

Comment mettre fin au « sport national à Marseille » ?

Pour autant, ce lundi, les jeunes ont convaincu le délégué du procureur et l’adjoint municipal à la Sécurité, Yannick Ohanessian (PS), de leur prise de conscience. Ainsi, aucune contravention ni poursuite n’a été engagée au-delà de ce rappel à la loi.

« Ici, l’objectif est double, explique l’adjoint. C’est à la fois tenir ce rappel à l’ordre, fermement. Leur rappeler que la prochaine étape, c’est de l’autre côté du Vieux-Port et c’est devant le tribunal ».

De quoi mettre fin à ce qui s’apparente presque à la culture marseillaise ? « Notre responsabilité, même si on dit que c’est un sport national à Marseille, c’est de sensibiliser les jeunes tous les jours », martèle l’élu, alors que des médiateurs sociaux parlent avec les jeunes plongeurs chaque jour. « Et on continuera à organiser des rappels à l’ordre pendant tout l’été », prévient-il.

la corniche, Vidéo | La mairie et la justice sévissent sur les plongeons de la Corniche, Made in Marseille

Bouton retour en haut de la page