La bastide des Trembles, sauvée de la promotion immobilière en 2022, vient d’être rénovée par un couple de Marseillais qui veut en faire une maison d’hôtes. Elle pourrait aussi accueillir les patients et aidants d’ici la fin de l’année.
En 1865, un riche fabricant de grenaille fait construire une bastide au milieu des peupliers de la campagne marseillaise, entre Sainte-Marguerite et le Cabot (9e). Ce dernier la revend en 1912 à Joseph Grandval, fils d’Alphonse Grandval, magnat de l’industrie sucrière, qui en fait sa demeure estivale.
Puis, le bailleur Habitat Marseille Provence (HMP) rachète la bastide des Trembles pour en confier les clés à Sauvegarde 13. L’association y installe un foyer de jeunes travailleurs handicapés jusqu’en 1994.
Mais l’histoire de cette maison, classée élément remarquable, connaît un tournant en 2018 quand la société d’aménagement de la Métropole Aix-Marseille-Provence (Soleam) découpe le terrain de huit hectares pour acter plusieurs opérations immobilières.
Une parcelle deviendra un immeuble de logements alors qu’une autre sera rachetée par le bailleur HMP pour en faire des logements sociaux. Il ne restait plus que le terrain de la demeure des trembles à vendre. Mais le maire de secteur de l’époque, Lionel Royer-Perreaut, s’est opposé à la démolition de ce patrimoine marseillais.

Une bastide de 400 m2 réhabilitée
Durant cette parenthèse, entre 2018 et 2022, la maison a été squattée. Des tags habillaient sa robe de briques rouges et son revêtement avait noirci. « On passait tous les jours devant avec ma femme pour emmener les enfants à l’école. Et on ne rêvait que d’une chose, c’est d’y habiter », confie David Dahan, les yeux pétillants.
En 2022, un marchand de biens acquière la bastide auprès de la Soleam. C’est alors que le couple insiste pour la lui racheter, et y parvient. Ils retapent ensuite la maison de fond en comble, réhabilitent la véranda, créent une terrasse en bois et creusent une piscine.
Aujourd’hui, la demeure de 400 m2 brille comme un sou neuf. Les propriétaires ont emménagé dans la moitié du bâtiment. Mais que faire des 200 m2 restants ? « Au départ on s’était dit pourquoi pas loger des entreprises… Mais on voulait être utiles et créer un vrai lieu de vie », retrace le propriétaire.
Combler un manque d’hôtel dans le quartier
Leurs discussions avec les commerçants sur « le manque d’offre hôtelière dans le quartier », à la fois pour les touristes désireux de verdure et de calme, mais aussi pour les patients des hôpitaux environnants, les font cogiter.
David et Sofia rencontrent alors les dirigeants de l’Institut Paoli-Calmettes (IPC) à 10 minutes à pied de la bastide. Le centre mondial à la pointe sur la lutte contre le cancer constate en effet « une diminution des capacités de logements à moyen terme », explique Antoine Vial, directeur logistique et de l’hôtellerie de l’IPC.
Si les deux partis envisagent un partenariat, rien n’est encore contractuel. Une convention pourrait être signée d’ici la fin de l’année.
Accueillir entre trois et quatre patients de l’IPC
Refaite aux normes avec quatre chambres disponibles, disposant chacune de salles de bain privatives, la bastide pourrait en effet bénéficier du dispositif Hébergement temporaire non médicalisé (HTNM) que la sécurité sociale prévoit de rembourser jusqu’à trois nuits autour du soin d’un patient.
Les malades ciblés sont ceux qui n’ont pas besoin d’être alité à l’hôpital, mais qui ne peuvent pas rentrer chez eux. C’est notamment le cas des patients corses soignés à Marseille.
Une demeure pour des événements privés
La demeure ouvre également des réservations dès le mois d’août pour les touristes. Une grande salle à l’intérieur, la véranda, et le jardin, pourront également être privatisables pour des événements privés.
L’arrivée du tramway jusqu’à la Gaye, prévue en décembre prochain, facilitera les connexions du 9e arrondissement avec le centre-ville. Et pourrait encourager les futurs clients et patients à venir tenter l’expérience.