Euroméditerranée poursuit la mutation en profondeur des quartiers situés au nord du centre-ville de Marseille. Écoquartier des Fabriques, réhabilitation de friches historiques dans les noyaux villageois, création du parc Bougainville… Quels sont les prochains projets à sortir de terre ? À découvrir dans notre carte interactive.
Ça pousse au Nord de Marseille ! Lancée en 2007, l’extension de 169 hectares de l’Opération d’Intérêt National portée par l’Établissement Public d’Aménagement Euroméditerranée continue de se concrétiser. Euroméditerranée 2 prend forme sur la ZAC Littorale, et ses 53 hectares entre les quartiers des Crottes, Bougainville, le Canet…
« C’est en quelque sorte la troisième phase de cette importante opération nationale d’aménagement », contextualise Hugues Parant, Directeur Général de l’établissement public. « À l’origine, Euromed 1 était destiné à réhabiliter une partie du centre-ville très dégradée, entre la Belle-de-Mai, Saint-Charles, les universités, la Porte d’Aix. Dans une seconde phase, plus ambitieuse, nous avons créé un centre métropolitain tertiaire [autour de la Joliette], pensé en fonctionnalités multiples : culture, commerces, transports, santé, et logements ».
« Un quartier du 21e siècle pour des gens du 20e siècle »
Une réussite si on en juge les « 1,5 % à 2 % de taux de vacance, un des plus faibles de France », poursuit Hugues Parant. « À titre de comparaison, c’est un miracle quand la Défense atteint 7 % ». Mais aujourd’hui, l’enjeu est tout autre « alors que les millennials composeront 75 % de l’emploi tertiaire d’ici cinq ans. La pratique du télétravail et la flexibilité de l’emploi du temps peut remettre en question le besoin de bureaux ».
Avec Euroméditerranée 2, « l’enjeu est de définir la ville désirable dans 10 ans, c’est notre rôle d’aménageur. Il y a un changement générationnel dont il faut capter la philosophie, les attentes : le vivre-ensemble d’abord, avec une vraie mixité sociale et d’origines, quand les séparations sont encore marquées à Marseille. Une véritable vie de proximité aussi, autour de noyaux villageois notamment, en alternatives au centre-ville. Et puis redonner la priorité à la nature pour la qualité de vie, une ville apaisée ».
La notion même de la propriété « évolue très vite. Plus personne ne s’étonne d’emprunter un vélo, une trottinette, un scooter même. Demain, ce sera les voitures et les appartements. On a conscience de tout cela. On construit un quartier du 21e siècle pour des gens du 20e siècle ».
La carte interactive des projets en cours
Autour de cette philosophie, le premier projet à être sorti de terre est le quartier innovant Smartseille. Le dernier des 6 bâtiments sera livré en 2022. Véritable laboratoire à ciel ouvert, ce périmètre de 58 000 m2 se veut démonstrateur pour la poursuite de l’opération Euroméditerranée.
Notamment en termes de développement durable. Méthodes de construction mêlant bas carbone, matériaux responsables et recyclés, qualité environnementale et énergétique des bâtiments, désimperméabilisation des sols et ilots de fraicheur végétaux… Smartseille donne le ton des projets qui poussent désormais plus au nord.
Un écoquartier inclusif sur le littoral
Autre projet phare : l’écoquartier des Fabriques, qui s’étend sur 14 hectares entre la rue de Lyon et le bassin de radoub. Logements, équipements publics, système innovant de chauffage et de rafraîchissement à l’eau de mer, fablab géant… Les projets commencent à sortir de terre pour de premières livraisons prévues en 2022.
Ce quartier au passé industriel riche et dynamique (savonneries et huileries) entame aujourd’hui sa mutation inclusive et écoresponsable. L’opération de 14 hectares a été confiée au tandem Bouygues Immobilier – Linkcity, via la société “XXL Marseille ». Elle prévoit près de 2 500 logements mêlant social et accession à la propriété. Les Fabriques, c’est également un quartier à l’énergie créatrice qui prend appui sur la présence déjà effective d’une manufacture collaborative (ICI Marseille) et sur la création d’une rue des activités, dédiée aux entrepreneurs et artisans locaux. Côté activités, le secteur fera la part belle aux activités productives et aux bureaux.
Les Fabriques prennent en compte les spécificités du climat et du mode de vie méditerranéen pour que les ressources soient utilisées avec responsabilité au service du bien-être de tous (des logements traversants avec des balcons ou des jardins, rafraichis naturellement par la boucle d’eau de mer Massileo qui alimentera 100% de l’écoquartier). Il s’agira également d’un modèle d’urbanisation écoresponsable. Avec 70% de l’énergie du quartier issue des énergies renouvelables. Ce dernier bénéficiera du label exigeant BiodiverCity. Les bâtiments recevront tous les certifications Haute qualité environnementale (HQE) ou Bâtiments durables méditerranéens (BDM).
« Le grand pari, c’est de reconnecter le Nord et le Sud de Marseille », rappelle Hugues Parant. « Le lien entre Euromed 1 et 2 n’est pas encore fait. Avec les Fabriques, on fait le choix de descendre du Nord vers le Sud. Construire la partie la plus moderne de Marseille au pied des quartiers Nord ».
Le « Cours métropolitain » : un immense boulevard végétalisé entre Cap Pinède et Gèze
C’est l’actuelle avenue du Cap-Pinède qui marque la zone tampon entre les quartiers Nord et le futur quartier des Fabriques. Ce dernier redessine l’espace urbain dans un secteur en pleine mutation. Au Nord, la vaste emprise du marché aux puces a entamé sa rénovation. Plus à l’Est, le métro joint désormais la station multimodale Gèze, mise en service fin 2019. D’ici 2025, le tramway fera aussi son arrivée en longeant l’écoquartier via la rue de Lyon.
Pour appuyer la réorganisation de la mobilité enclenchée sur le périmètre, Euroméditerranée, dans le cadre d’une convention signée avec la Métropole, lance la requalification en profondeur de l’axe Cap Pinède – Gèze, entre l’A55 et l’A7. Ce projet, financé par la Métropole et Euroméditerranée, a été sélectionné pour bénéficier d’un financement de l’Union Européenne à un appel à projets liés au Fonds Européen de Développement Régional (FEDER). La destruction en cours de la passerelle Gèze cédera la place à un large boulevard doté de larges trottoirs piétons, de 5 alignements d’arbres, de pistes cyclables et de voies de bus dédiées.
Avec ses 45 mètres de largeur, le « Cours métropolitain » deviendra l’un des plus vastes de Marseille (60 mètres de large pour le Prado, Ndlr). Mais aussi l’un des plus végétalisés, grâce à la plantation de plus de 580 arbres. Le paysagiste Michel Desvigne mène cette opération en groupement avec l’agence d’architectes-urbanistes Stoa et la société d’ingénierie Ingérop (mandataire du groupement). Les travaux débuteront début 2022 pour un chantier estimé à 4 ans environ.
Avant :
Après :
Le Parc Bougainville commence à pousser
Autre chantier dont le lancement est attendu cette année, le Parc Bougainville. Il s’agira du premier maillon végétal du futur parc des Aygalades, immense coulée verte de 14 hectares qui offrira un cheminement de nature le long du cours d’eau du même nom jusqu’à l’extrême nord de la ville.
Première étape à Bougainville, donc, avec l’aménagement d’un espace vert de 4 hectares face au métro Bougainville. Pour le Directeur Général de l’établissement public, « ce premier geste montre qu’Euroméditerranée est résolument porté sur la renaturation de la ville ». Il doit être livré en 2024 pour un investissement de 38 millions d’euros. Une opération de renaturation complexe dans un contexte urbain très dégradé, mêlant infrastructures et friches industrielles qui feront place à une promenade sur berges le long du cours d’eau renaturé, une grande plaine, des jardins partagés, un relai nature et un jardin pédagogique, des jeux d’enfant et jeux d’eau, un skatepark, et autres équipement de sport… Ce nouveau parc permettra des usages variés pour tous les âges et tous les publics et l’organisation de spectacles, concerts et événements de plein air avec une scène sous ombrière.
Au-delà des usages publics, ce nouveau site végétalisé est également une première étape et réponse au traitement du risque d’inondation du secteur par cette première action visant à la renaturation du cours d’eau, la désimperméabilisation des sols et la réduction de l’îlot de chaleur urbain.
Revitaliser le noyau villageois de Crottes
Euroméditerranée entend aussi redonner vie au patrimoine architectural existant. Comme le village des Crottes, quartier historique et emblématique de Marseille. Deux friches industrielles y trônent encore : la savonnerie la Tulipe, sur 3 604 m², et face à elle, la manufacture Moncada, ancienne huilerie, sur 2 267 m².
Le groupement nommé La Tulipe Marseille, représenté par la société de conseil en stratégie immobilière Captown, a été sélectionné pour les revitaliser. « Après une phase d’études menée en 2021, les travaux commenceront en 2022 pour une livraison en 2024 et 2025 », précise Hugues Parant, « pour faire des Crottes le cœur vivant de l’ensemble immobilier d’Euromed 2, qui sera très neuf. Il faut des « lieux reflets » de la vie qui se transforme. Ce n’est pas un projet d’aménagement, mais une transformation. Un lieu de vie tourné vers la culture et les jeunes tout en conservant le cachet et l’ambiance village ».
Après une remise en valeur architecturale et patrimoniale, l’ancienne savonnerie deviendra un espace culturel accueillant une école de hip-hop, une salle de spectacles, un musée du street-art et un atelier d’artisans. Le parvis sera également aménagé en espace de vie.
Juste à côté, la manufacture Moncada sera rénovée par la société spécialisée en rénovation et réhabilitation urbaine Histoire & Patrimoine. Elle abritera une quarantaine de logements dont le caractère moderne s’articulera avec l’identité patrimoniale du site.
En complément, un nouveau bâtiment sera créé pour accueillir une auberge de jeunesse et un hôtel Lifestyle.
Afin d’intégrer cette opération avec la vie du village, les espaces publics alentours seront également aménagés par Euroméditerranée, pensés suite à une concertation citoyenne. La traverse du Bachas et la place Moncada accueilleront des équipements sportifs, du mobilier urbain évolutif et du street art.
Ces aménagements seront testés par les habitants pendant deux ans (2022 et 2023), en attendant la requalification définitive de l’ensemble des espaces publics du quartier. Pendant cette période, des échanges réguliers seront organisés avec les habitants pour valider les aménagements proposés ou pour faire remonter des difficultés dans leur utilisation et introduire des changements.