La Ville de Marseille va requalifier, renaturer et sécuriser un espace à l’abandon d’environ 8 hectares sur l’archipel du Frioul. Par la suite, le site pourrait accueillir des projets pour lui redonner vie. Les idées ne manquent pas comme celle de l’association Les Champs du Frioul. Elle propose une ferme pédagogique et des ateliers de sensibilisation du public.
En juin 2019, l’ancienne majorité municipale de Jean-Claude Gaudin avait validé une proposition de requalification de 8 hectares sur l’île de Ratonneau, pour un coût estimé à 7 millions d’euros. Repris depuis l’équipe du Printemps marseillais, le projet prévoit de requalifier, sécuriser et renaturer l’espace compris entre le débarcadère des navettes sur le port, jusqu’en haut des escaliers menant à la Villa marine.
« C’est un vaste espace autour du chemin emprunté par les promeneurs qui se rendent du côté de la plage de Saint-Estève ou de l’hôpital Caroline », nous explique Hervé Menchon, adjoint au maire de Marseille en charge de la biodiversité marine, de la gestion, préservation et aménagement des espaces marins littoraux insulaires.
Un travail paysager d’abord, pour « renaturer le cheminement et toute cette zone abandonnée, mais aussi que la biodiversité particulière et fragile du Frioul puisse s’y exprimer ». Mais aussi de sécurisation « car les falaises qui surplombent le site s’effritent, et les bâtiments abandonnés sont dangereux ».
Une étude va d’ailleurs être lancée très prochainement et les travaux, initialement prévus en 2022, devraient finalement débuter en 2024 pour une livraison aux alentours de 2026.
« Redonner vie » aux bâtiments en friche
Les 8 bâtiments que compte la parcelle seront donc conservés. Ils sont pour la plupart des vestiges du lazaret militaire du début du 20e siècle, dont le pavillon Hoche. « Il faut leur redonner vie, mais avec des projets en accord avec la vocation naturelle du Frioul, qui n’agressent pas la faune et la flore sauvages », insiste Hervé Menchon. A ce titre, un appel à projets devrait être lancé prochainement. [lire encadré]
Afin de définir des pistes d’avenir pour le site, le premier adjoint de la mairie du 1er et 7e arrondissements, Christian Pellicani, annonce également « des premières concertations avec les habitants du Frioul début mars, dans le cadre des commissions d’initiative et de consultation d’arrondissements (CICA) ».
Un projet de ferme pédagogique de 3,5 hectares
L’association Les Champs du Frioul souhaiterait créer une ferme-laboratoire pédagogique sur une surface de 3,5 hectares. Elle accueillerait des « expérimentations techniques, écologiques et sociales ». Pour Karine Bonjour, documentariste, auteure, mobilisée pour faire émerger le projet, « le but est aussi de créer un fonds documentaire sur le Frioul, d’un point de vue scientifique et artistique ».
Encore au stade de la réflexion, l’association débutera bientôt des concertations avec les habitants du Frioul : « C’est un rêve, une ambition pour le Frioul qui n’a de sens que si elle est portée par ses habitants », précise-t-elle.
L’association aimerait aménager un potager pour produire des fruits et légumes à destination des habitants de l’île. Mais aussi un verger et des vignes, ainsi qu’un jardin partagé agrémenté de plantes méditerranéennes, en s’inscrivant dans une démarche globale « zéro déchet » avec recyclage et compost.
Les bâtiments réaménagés pourraient accueillir « des chèvres, un poulailler, une écurie, des bassins d’aquaponie, un gîte, une table d’hôte, des logements pour les agriculteurs et des résidences d’artistes »… Des ateliers autour de la biodiversité et de la permaculture pourraient également être organisés à l’attention des écoles, des centres de loisirs, lycées agricoles, instituts spécialisés et du grand public.
Une convention d’occupation provisoire pour des premières pousses « dès cet été » ?
L’association des Champs du Frioul, qui se positionne pour répondre à l’appel à projets, s’apprête à déposer une demande à la maire de secteur, Sophie Camard, afin d’obtenir une convention provisoire d’occupation du lieu : « Nous aimerions commencer à planter, verdir, boiser la parcelle pour faire vivre la convivialité. Exploiter cette friche pour en faire un lieu de vie éphémère », confie Karine Bonjour.
Si l’association obtient le feu vert de la maire de secteur, elle espère planter les premiers plants de tomates « dès cet été », et le lancement du compostage chez les résidents.