L’association des Restos du Cœur des Bouches-du-Rhône accompagne les demandeurs d’emploi au travers de différents dispositifs, grâce à l’aide de quelque 1 500 bénévoles. Pour ce mois de novembre, l’antenne annonce l’ouverture d’un 44e jardin d’insertion, à Marseille.
Depuis 1985, des dizaines de milliers de bénévoles français se sont joints au projet associatif des Restaurants du Coeur, lancé par Coluche pour lutter contre la pauvreté sur le territoire. Aides alimentaires et assistance aux démunis, l’association est aussi présente sur le volet professionnel puisqu’elle accompagne les personnes éloignées de l’emploi dans leurs démarches d’insertion sociale et économique.
En septembre dernier, le 44e jardin d’insertion français a vu le jour à Marseille, à la suite de l’arrêt du chantier d’insertion logistique mis en place pendant 10 ans. Celui-ci avait notamment permis à 19 personnes en 2019 de développer différentes compétences techniques, et 83% d’entre elles ont, par la suite, pu décrocher un emploi ou accéder à des nouvelles formations grâce à ce dispositif.
« Permettre de mettre un pied à l’étrier »
C’est dans la même optique que vient d’être créé le concept du jardin par l’antenne départementale de l’association, où 12 personnes en insertion professionnelle travaillent depuis septembre dans la cité de la Savine (15e). « Il existe une centaine de chantiers au niveau national, la moitié sont donc des jardins, nous rappelle Kelly Verret, accompagnatrice socio-professionnelle et salariée de l’association. Les personnes qui ont intégré ce projet y cultivent des légumes à destination des centres de distribution des Restos du Coeur. C’est un accompagnement idéal qui ne demande pas de compétence spécifique. Les bénéficiaires y découvrent principalement les savoir-être nécessaires dans le monde de l’entreprise, le respect d’un rythme de travail et ont accès à un salaire grâce à leur CDDI (contrat à durée déterminée d’insertion). Le but n’est pas d’en faire des maraîchers, mais seulement leur permettre de mettre un pied à l’étrier avant de se lancer dans de nouveaux projets professionnels ».
Un projet d’agriculture urbaine sur 2 000 m2
Ce projet d’agriculture urbaine s’étend sur 2 000 m2 grâce au partenariat entre Logirem, Soleam, Marseille Rénovation Urbaine, le groupement Horizon et les Restos du Coeur.
Cet espace est donc mis à disposition de publics éloignés de l’emploi, de demandeurs d’emploi de longue durée ou toute autre personne rencontrant des difficultés particulières à se faire embaucher. « La journée-type s’articule entre le matin, où l’on fait le point sur l’organisation, puis on se rend au jardin pour effectuer les différentes activités, selon la saison. En hiver, vu qu’il y a moins de cultures, on en profite pour développer des activités annexes, comme de la menuiserie, des ateliers cuisine avec l’Armée du Salut, et 8 d’entre eux suivent des cours de français avec un organisme de formation ».
Le bénévolat : l’ADN des Restos du Coeur
Une organisation bien rodée, que la responsable du chantier d’insertion dans les Bouches-du-Rhône, Anne-Marie Gineste, conçoit comme le résultat d’un travail conjoint entre les salariés de l’association et ses bénévoles. « Les 12 personnes recrutées en CDDI vont pouvoir développer leurs compétences entre 4 et 24 mois en travaillant 26 h par semaine. Ils sont accompagnés d’un encadrant technique et d’un encadrant administratif qui sont salariés, mais il ne faut pas oublier que le volet bénévolat est lui aussi très important, c’est même l’ADN des Restos du Coeur. Cela s’articule toujours par binôme, entre les salariés et les bénévoles. Ces derniers s’occupent notamment des formations, de l’aide pour les départs en vacances des personnes dans le besoin, ou encore à l’initiation à la gestion de budget. C’est important de le souligner ».
En tout, 1 500 bénévoles des Restos du Coeur sont réunis sur les Bouches-du-Rhône dans 42 centres d’activités.
S’ancrer dans la vie de la cité
C’est donc au coeur de la cité de la Savine que s’active quotidiennement cette première promotion d’agriculteurs amateurs, arrivée au moment de la requalification urbaine de la zone. Un projet qui s’articule donc profondément avec les aspirations de transformation du quartier, visant à améliorer le cadre et les conditions de vie des habitants.
« La création d’un jardin dans ce cadre urbain est un véritable challenge, continue Anne-Marie Gineste. C’est insolite, et cela représente aussi un chantier énorme pour les personnes en réinsertion puisqu’elles ont dû commencer sur un terrain en friche, tout était à faire. Pour ce démarrage d’activité, le soutien financier des différents partenaires a été primordial. Nous avons été aidés à tous les niveaux et l’intégration a pu se faire dans les bonnes conditions ».
Un constat que partage Kelly, qui voit en ce contexte l’occasion de se rapprocher des habitants du quartier et de mener des projets conjoints. « Les habitants du quartier nous ont très bien accueillis, nous confie-t-elle, on va d’ailleurs mettre des choses en place avec eux comme un atelier menuiserie pour des confectionner des bacs de culture et d’herbes aromatiques qui habilleront les abords du jardin. Il y aura aussi des ateliers avec les enfants de l’école qui vont faire des fresques qui apporteront de la couleur dans la cité. L’objectif est de rassembler tout le monde, il est primordial pour nous que l’on s’intègre correctement et qu’on participe à la vie de cité ».