Pour cette deuxième période de confinement, les étudiants sont parmi les seuls à être réellement confinés. Cours à distance, obligation de rester chez eux… Comment vivent-ils la crise sanitaire ? Reportage.
Le confinement « acte 2 » est vécu de façon très différente d’un étudiant à un autre. Et pour ceux qui vivent déjà dans une situation précaire, éloignés de leurs proches ou sans famille, cette période est propice aux angoisses. Pour beaucoup, les problèmes financiers s’ajoutent à la peur de l’avenir. La plupart des jobs étudiants disparaissent avec la fermeture des restaurants et des commerces, créant ainsi encore plus de précarité pour les étudiants en difficulté financière.
Lyes, 24 ans, vient d’obtenir son Master 2 en Droit social, à Aix-en-Provence. Il a l’habitude de faire des stages durant l’année scolaire et de travailler tous les étés pour financer ses études. Or, depuis le premier confinement, il n’a pas pu travailler. « C’était très compliqué financièrement, heureusement que j’avais la bourse ». Mais pour ce jeune diplômé, la situation s’aggrave l’été dernier. « Je venais de finir mes études et je n’avais pas le droit au RSA [revenu de solidarité active, ndlr] ni au chômage. Le jour où j’ai eu un entretien dans une chaîne de restauration, Emmanuel Macron a annoncé un nouveau confinement », témoigne Lyes.
Des associations caritatives aux syndicats universitaires, tous s’accordent pour dire qu’ils voient déferler une vague d’étudiants précaires. Pour les aider à traverser cette période, des initiatives solidaires se mettent en place, comme la distribution de paniers repas sur les campus et des aides administratives. La Fédération Aix-Marseille Interasso (Fami) distribue chaque jeudi de 11 h à 13 h sur les campus Schuman, Timone, Saint-Charles, Luminy et Saint-Jérôme des paniers de provisions pour environ une semaine, entièrement gratuits et accessibles à tous les étudiants.
Les restaurants universitaires restent ouverts, mais seulement pour la vente à emporter. La restauration universitaire s’est adaptée. « Un repas équilibré à 1 € est en place pour les étudiants boursiers [3,30 euros pour les autres, ndlr] et si besoin, nous remettrons en place les colis alimentaires comme lors du premier confinement », explique Marc Bruant. Le directeur général du Centre régional des œuvres universitaires et scolaires (Crous) Aix-Marseille se mobilise pour apporter aux étudiants tous les relais ou les soutiens dont ils ont besoin. « Le principal rôle du CROUS est d’améliorer les conditions de vie des étudiants, notamment en leur offrant une aide dans la vie de tous les jours pour faciliter la réussite de leurs études ».
Des aides spéciales pour les plus précaires
Le étudiants en situation de précarité peuvent aussi se faire aider par le service social du Crous. La prise de rendez-vous avec un psychologue ou le service social se fait en ligne sur le site des services pour étudiants. Après la prise de contact, l’assistante sociale évalue la situation de l’étudiant en fonction de ses difficultés financières. Elle peut proposer une aide d’un montant pouvant aller jusqu’à 500€, une aide au paiement du loyer, aux transports, à l’acquisition de matériel informatique et des bons d’achat alimentaires de première nécessité pouvant être utilisés en grande surface de proximité.
« Le simple avis de l’assistante sociale peut suffire pour débloquer ces fonds. Ce qui permet d’accélérer le traitement d’un étudiant en grande difficulté », précise Marc Bruant. Par ailleurs, très prochainement, tous les étudiants logés dans les résidences universitaires dépendantes du Crous bénéficieront d’un suivi particulier. « Le but est de savoir dans quel état d’esprit ils sont, et de les orienter vers la bonne structure en cas de difficultés », ajoute le directeur du Crous Aix-Marseille.
Psychologique positive, pensée positive
Pour les plus fragiles et les plus isolés, la situation a un fort impact psychologique. Comme pour Sasha, étudiante en Master 2 d’anglais à Aix-en-Provence. Elle éprouve des états émotionnels intenses. Ils surviennent brusquement et sont difficilement contrôlables. « Le confinement a énormément augmenté ma dépression », confie-t-elle.
Habituellement, la jeune femme sort beaucoup avec ses amis, une solution pour gérer son mal-être. Du jour au lendemain, « je me suis retrouvée seule tout le temps dans mon studio qui ne fait pas plus de 20 m2 et j’ai commencé à avoir des pensées suicidaires », avoue la jeune étudiante. Aujourd’hui, la jeune femme consulte un psychologue régulièrement, vit avec son petit ami et assure que « ce confinement est complètement différent de l’autre, car je ne suis plus seule ».
Pour accompagner les étudiants qui, comme elle, ont besoin d’aide, un suivi par téléconsultations avec un psychologue est programmé. Ils peuvent prendre rendez-vous gratuitement. « Actuellement, ces psychologues sont très sollicités et nous sommes en train d’augmenter le nombre de créneaux pour faciliter l’accès de ce service au plus grand nombre », déclare Marc Bruant.
Au moment de la rédaction de cette article, la psychologue Marie-Emilie Vriet-Ndour a échangé avec des étudiants plus d’une soixantaine de fois sur Facebook. À chaque Live, une nouvelle problématique de vie est abordée, comme la communication, la gestion du stress, l’apprentissage ou encore la gestion de couple. « J’essaie de mettre un maximum de psychologie positive afin de vraiment leur remonter le moral, et qu’ils vivent mieux le confinement », indique la psychologue.
Tous les étudiants peuvent bénéficier de 5 séances de 45 minutes en téléconsultations. « C’est hyper-positif pour eux, ils me le disent, ça leur fait vraiment du bien et certains continuent à voir des psys à l’extérieur », affirme Marie-Emilie Vriet-Ndour.
Pour garder le moral, mais aussi pour se tenir en forme, des activités quotidiennes gratuites sont proposées en privilégiant le distanciel. Chaque jour, ils peuvent participer à une ou plusieurs animations : cours de yoga, de zumba, de hip-hop et d’afro danse… Le planning hebdomadaire est publié sur la page Facebook Chloé Culture Crous, mais également envoyé chaque début de semaine aux étudiants par mail.
Malgré les difficultés auxquelles ils font face, l’expérience du premier confinement et les aides diverses apportent un peu de réconfort aux étudiants face à cette nouvelle épreuve.