La rénovation de la bibliothèque Méjanes à Aix-en-Provence débutera en 2022. Concerts, expositions, cafétéria… Une réhabilitation en profondeur pour moderniser le bâtiment et ses usages, tournés vers le numérique et les animations. L’entrée sera déplacée et les « livres géants » bien connus pourraient disparaitre.
À deux pas du Grand théâtre de Provence et du Pavillon Noir, une ancienne manufacture d’allumettes d’Aix-en-Provence accueille depuis 1989 la bibliothèque municipale Méjanes. Reconnaissable par son entrée où trônent des livres géants, les 6 900 m2 du site, également appelé « Cité du Livre », vont faire l’objet d’un rénovation en profondeur.
Fin 2019, la Ville a sélectionné le groupement qui sera chargé de faire un état des lieux, puis la réhabilitation du bâtiment. Il est composé de l’agence aixoise Panorama Architecture, avec les bureaux d’études spécialisés SOL.A.I.R (thermique), Ingénierie 84 (structures), Marshall Day Acoustics (accoustique), 8’18’ (lumières), ainsi que les économistes de la construction Ingeco et les spécialistes du mobilier RBC.
Le diagnostic technique « est désormais terminé », nous explique le nouveau directeur de l’établissement, Michel Etienne, à la tête des bibliothèques de Nîmes jusqu’à l’été dernier. « Les objectifs sont définis et nous avons arrêté la première étape de faisabilité du programme ». Les architectes, en collaboration avec la municipalité et l’équipe de la bibliothèque, commencent à travailler sur la proposition.
Lancement en 2022 du chantier estimé entre 6 et 10 millions d’euros
Mais il faudra compter plus d’un an encore pour lancer cette réhabilitation en profondeur, dans les cartons depuis des années. Le chantier « débutera en 2022 ». La durée des travaux est estimée à 30 mois, « mais sera réalisée par tranches afin que le site reste ouvert. Donc les délais sont difficiles à déterminer à l’avance », tempère le directeur.
Question budget, les estimations varient entre 6 et 10 millions d’euros. « Mais elles restent à affiner », nous explique-t-il, et le conseil municipal doit les valider. L’État mettra aussi la main au portefeuille concernant l’équipement numérique.
Car le site est déjà labellisé « bibliothèque numérique de référence » depuis 2016. Il propose de nombreuses ressources en ligne : cinéma, formation, musique, et un service de prêts et retours automatisé. « On va entamer une nouvelle phase de ce label par un gros investissement dans l’équipement numérique », insiste Michel Etienne. « Avec un parc informatique renouvelé, un affichage numérique dans les lieux. Mais aussi le développement d’espaces dédiés aux jeux vidéos et aux activités numériques créatives. Nous ferons également un gros travail d’éducation aux médias en ligne, sujet très actuel ».
« La vocation d’une bibliothèque n’est plus seulement d’être un réservoir de documents »
Cette rénovation en profondeur consistera d’abord à une remise à niveau technique du bâtiment, pour répondre aux standards énergétiques, acoustiques, numériques et d’éclairage. Mais il s’agira aussi de redistribuer les espaces dans le bâtiment, datant de la fin du 19e siècle, transformé en bibliothèque il y a 30 ans, sans pour autant toucher à son enveloppe.
« Les attentes en termes d’usages ont beaucoup évolué depuis », nous explique le directeur de l’établissement. « La vocation d’une bibliothèque n’est plus seulement d’être un réservoir de documents. Aujourd’hui, elles doivent être des lieux de vie sociaux et éducatifs. Des portes d’entrée vers la culture, le numérique, les médias, les questions d’actualité sociétale. Le sens profond de cette requalification, ce sont les nouveaux services qui doivent être proposés ».
Faire cohabiter les livres avec des concerts, des expositions, et une cafétéria
Une salle d’exposition et une salle polyvalente seront créées dans la partie centrale de la bibliothèque. « Pour être plus réactifs sur les actualités de la bibliothèque et de la société. Provoquer du débat et donner des clés pour mettre des sujets actuels en perspective ».
Mais la volonté n’est pas forcément de « cloisonner ou séparer ». Dans ce sens, « un espace de concerts acoustiques et d’animations publiques sera pensé au cœur même de nos collections de documents ».
La circulation dans le bâtiment sera entièrement repensée, « pour créer une boucle de déambulation au lieu des « culs-de-sac » des différents espaces ». Le passage d’une nef à l’autre sera organisée autour de la cour carrée centrale. Elle fera l’objet d’un traitement spécial : « Les sols seront repris, ainsi que l’éclairage. Elle pourra accueillir des concerts et des événements », précise Michel Etienne.
Pour appuyer encore la vocation de « convivialité, de lieu de vie et d’échanges », une cafétéria prendra place dans le bâtiment. « Elle sera complémentaire du bistrot présent à côté », explique le directeur.
Vers la disparition des livres géants ?
Le Petit prince de Saint-Éxupéry, le Malade imaginaire de Molière, L’Étranger de Camus… Ces trois livres géants sont bien connus des Aixois. Ils signalent l’entrée actuelle de la bibliothèque Méjanes, sur l’avenue Camille-Pelletan.
Mais « elle va être déplacée sur la rue des Allumettes », moins enclavée et « plus en lien avec la ville et la circulation », précise le nouveau directeur. Un nouveau « geste architectural et artistique », signera certainement la nouvelle entrée, « dans le cadre des 1% artistique pour les constructions publiques ».
« Donc, ce qui faisait le signal d’entrée n’a plus de sens », poursuit-il, confirmant que la question de leur disparition est bien sur le tapis. « D’autant qu’ils abritent des éléments techniques [un tableau de distribution électrique du bâtiment et un commutateur de liaisons informatiques, ndlr] qui doivent être rénovés et sûrement déplacés ».
Plusieurs raisons pousseraient donc à la suppression des livres géants, « mais le choix n’est pas encore fait, car beaucoup d’Aixois y sont attachés. Cela fait partie de l’identité de la Méjanes ». L’avenir nous dira si elle tournera cette page, pour ouvrir un nouveau chapitre.