Entre le cours Julien et la Plaine, L’Ékonature a ouvert ses portes. Présenté comme un tiers-lieu porté sur la biodiversité, il a pour vocation d’accueillir tous les publics qui pourront y découvrir un espace boutique avec des produits issus du chanvre, une bibliothèque solidaire et un salon de thé. Ateliers et conférences de sensibilisation sont aussi au programme.
C’est un espace atypique comme il en existe tant au coeur du Cours Julien. La devanture, signée Kesmo Oner, invite au voyage et se fond dans le décor urbain déjà végétalisé de la rue des Trois Rois (6e arr.). On y découvre le nom du local fraîchement ouvert, L’Ékonature, où un caisson de livres posé sur une table annonce d’emblée la couleur.
C’est derrière le comptoir que nous reçoit Justin de Gonzague, auteur-réalisateur, co-fondateur de 15-38 Méditerranée, média d’informations indépendant. Musique et eau qui chauffe en fond sonore, effluves de tisanes en accueil sensoriel… « Je te sers un thé ? » Ici, pas de place pour les faux-semblants, on reçoit comme à la maison, quel que soit l’invité. Inauguré en décembre 2020, l’espace de 80 m2 se présente comme un nouveau tiers-lieu où sont accueillis les Marseillais, venant y découvrir une exposition, déposer ou récupérer un livre, déguster des produits frais ou encore échanger sur diverses thématiques.
Un endroit que l’on s’approprie, en somme, le maître-mot étant celui de l’ouverture, fidèle à la ligne éditoriale du média. « En tant que vidéaste anthopologue, j’avais le projet de partir au Moyen-Orient l’an dernier, nous raconte Justin. Tout s’est annulé à cause du Covid. J’en ai profité pour développer un autre projet qui nous tenait à coeur, EKa, Josefa et moi, celui d’ouvrir un espace culturel, autour de la biodiversité, où tout le monde peut se rencontrer, dans une ambiance chaleureuse ».
Le chanvre sous toutes ses formes
Ainsi s’est peu à peu créé L’Ékonature. Ouvert et accessible, que l’on vienne de la Plaine ou du Cours Julien, grâce à la double-entrée. Côté rue des Trois-Mages se révèle la partie boutique et bar. Sur un comptoir en bois s’étalent les testeurs de fleurs de chanvre ; derrière, les étagères présentent les tisanes CBD, la maroquinerie, des gammes d’huiles et de produits pour le corps, pour les animaux, du miel et même des vaporettes.
« À L’Ékonature, nous avons de nombreux produits à base de chanvre et de CBD, indique-t-il, c’est dans une visée thérapeutique. Certains vont en utiliser pour faire la transition entre la consommation de cannabis et des produits à fumer qui préservent malgré tout l’activité neuronale, d’autres vont préférer les gammes à infuser… Il est prouvé que le chanvre permet de lutter contre le stress, c’est naturel. Il y a donc plusieurs produits issus de cette plante que nous mettons en avant dans la partie boutique ».
Et pour rassurer les consommateurs, ici, tout est labellisé « Agriculture biologique ». Un concept de QR Code renvoie d’ailleurs aux sites des marques revendues, garantissant la traçabilité des produits ainsi que leurs compositions moléculaires.
La biodiversité au coeur du concept
En avançant de l’autre côté de la pièce se dévoile un espace s’apparentant à une salle de restauration intimiste, imaginée comme un salon de thé où seront aussi servis des petits plats végétaux, parsemés d’huile de chanvre, et composés d’ingrédients issus de l’agriculture biologique.
Une cuisine méditerranéenne au menu, pour laquelle les Marseillais seront invités à mettre la main à la pâte, comme l’indique Justin. « Nous travaillons avec les paysans locaux en veillant à informer sur leurs pratiques et leurs parcours. Bientôt, nous développerons ces liens avec des AMAP du secteur pour les paniers de légumes. Le tout est de trouver la personne adéquate qui s’intègre au projet, qui saisit la dynamique. D’autre part, nous proposerons des ateliers gustatifs et des cours de cuisine 100% végétale, tous les mercredis. On accueillera les jeunes pour les sensibiliser à différentes thématiques autour de la biodiversité, dont les circuits-courts, mais aussi sur l’échange ».
Et quand il n’y en a plus, il y en a encore. Dans la dimension écologique, l’équipe a installé une « bibliothèque de la biodiversité solidaire ». Ouvrages sur la préservation des environnements terrestres et marins, sur la recherche en sciences humaines au coeur de la Méditerranée, thèses, revues et magazines… Autant de ressources que les Marseillais seront libres de consulter et même d’agrémenter, en venant déposer des livres ou un petit commentaire de lecture.
Enfin, la bibliothèque donnera elle aussi lieu à des ateliers médiatiques, auxquels pourront participer les enfants dans le cadre de la promotion de la presse locale et méditerranéenne, podcasts à l’appui.
Le mur des résistances
Pour parfaire le tout et s’engager pleinement dans la dimension sociale et solidaire, Eka et Justin accueilleront dans le lieu les photographies d’artistes qui portent un regard sur l’environnement, la paysannerie, le rapport à la mer, à la terre, l’exode… « C’est au fil des rencontres avec différentes personnalités que j’ai pensé leur laisser un espace d’expression. Partout dans l’espace, des artistes pourront exposer leurs oeuvres. Et pour les rendre accessibles au plus grand nombre, on va bientôt installer des bornes audio où l’artiste explique son point de vue, son message et son parcours personnel ».
Des conférences et réunions seront organisées, permettant à chacun de s’exprimer sur les thématiques culturelles, sociales et environnementales. Un véritable lieu de mixité, à l’esprit intergénérationnel, dans la lignée des initiatives lancées dans le secteur.
Lisa Domanech