Margaux Fougerousse et Juliette Aubert ont créé la start-up Périodes, qui commercialise des protections hygiéniques bio dont une partie des ventes est reversée à des associations. Depuis quelques mois, les entreprises, collèges et lycées accueillent des distributeurs permettant à toutes les femmes d’avoir accès gratuitement et facilement à ces produits de première nécessité.

Comment mettre fin au tabou des règles, tout en développant une approche éthique et solidaire? La start-up Périodes, née à Éguilles en octobre 2019, s’est donnée pour mission de répondre à cette problématique en commercialisant des protections hygiéniques en coton bio certifiées GOTS; garantissant le statut biologique des fibres textiles utilisées pour la production. Aux manettes de la jeune entreprise, Margaux Fougerousse et Juliette Aubert.

C’est à l’Institut d’administration des entreprises (IAE) d’Aix-en-Provence que commençait l’histoire entrepreneuriale, à l’occasion d’un concours lors duquel a été félicité le projet. « C’était à un moment où les protections bio n’étaient pas démocratisées, nous raconte Margaux, il y a deux ans, tout était à faire sur ce marché. On a travaillé dessus lors de nos différentes périodes de stages et de césures. Aujourd’hui, nous venons d’être diplômées et passons l’intégralité de notre temps au développement de la structure ».

Les retours des clientes ne se sont pas fait attendre : « moins de mycoses, d’irritations et de démangeaisons », souvent dues aux parfums utilisés dans les produits.

, Une start-up aixoise propose des distributeurs de protections hygiéniques gratuits, Made in Marseille
Juliette Aubert et Margaux Fougerousse, fondatrices de Périodes.

Prendre soin de son corps tout en prenant soin de la planète

En prime, la marque Périodes se veut respectueuse de l’environnement, les protections hygiéniques étant certifiées ICEA (Institut de Certification pour l’Éthique et l’Environnement), incluant d’une part l’utilisation d’ingrédients purs et dermocompatibles, et de l’autre un choix rigoureux de matières premières naturelles et éthiques. « On a eu beaucoup de mal à sourcer un fournisseur safe, il n’existe que quelques usines de coton bio dans le monde, la nôtre se trouve en Europe, continue la jeune femme. Les produits créés sont par la suite emballés à la Duranne où un ESAT [établissement et service d’aide par le travail] nous fait tout le conditionnement, avec le packaging. Pour ce qui est des cartons, nous travaillons avec des fournisseurs français, leurs produits sont recyclés et recyclables ».

Cette démarche équitable attire. Et les idées n’en finissent pas pour les deux jeunes femmes dont la société a atteint 53 000 € de chiffre d’affaires en 2020 malgré la crise sanitaire. « Nous comptons doubler voire tripler ce nombre », assure, confiante, la co-fondatrice. Et pour cause, la mise en place de distributeurs de protections hygiéniques séduit déjà de nombreux acteurs du territoire, et pourrait devenir une norme dans les établissements français.

Démocratiser l’accès aux protections hygiéniques

À l’heure où le sujet de la gratuité des protections hygiéniques est au coeur des attentions en France – avec notamment l’annonce de l’accès gratuit aux produits d’hygiène menstruelle pour les étudiantes, par Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur – Margaux et Juliette n’ont pas attendu pour parier sur cette démocratisation.

Pour cela, elles ont imaginé un service novateur et inédit de distributeurs de tampons et serviettes, installés dans les entreprises, collèges, lycées et toute structure intéressée.

Le but : permettre à toutes les femmes d’avoir accès à un produit sain pour son corps et totalement gratuit. « On s’est dit qu’il faudrait un système pour que les protections soient diffusées au plus grand nombre et dans plusieurs lieux différents pour que le fait d’avoir ses règles ne soit plus problématique. Nous avons donc imaginé ces distributeurs en carton avec un système de Velcro [autoagrippant, ndlr] qui est idéal dans les petites enseignes ; dans les grandes entreprises, nous avons mis au point des distributeurs en acier, on s’adapte en fonction de la demande ».

Déjà une cinquantaine de distributeurs ont été installés en France, alors que certaines collectivités locales s’intéressent de près au sujet. Symboliquement, le 8 mars, la Région Sud en a doté le lycée de Cavaillon, le premier a accueillir le dispositif sur le territoire à titre d’expérimentation. Kedge Marseille et Polytech Marseille mènent aussi l’expérience depuis l’année dernière. Un succès pour les deux entrepreneures. « Dans le Nord de la France, le concept a très bien été accueilli. Notre volonté pour 2021 est de travailler davantage dans le Sud pour un retour au local, cela fait partie de nos principaux objectifs ».

 

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La solidarité comme moteur

Si Périodes se démarque par son approche innovante, elle le fait aussi par son soutien envers différentes causes sociales. Dans son programme de solidarité, l’entreprise travaille avec trois associations auxquelles elle reverse un pourcentage de son chiffre d’affaires : La Maison des femmes, à Paris, qui ouvrira bientôt une antenne à Marseille ; Arkat, qui aide les personnes atteintes du VIH ; et En voiture bichette, le projet de deux étudiantes parties pour un rallye qui récolteront des denrées à destination de personnes en précarité.

Et pour boucler la boucle, dès le retour à la normale, Margaux et Juliette prévoient de participer ou d’organiser des événements portant sur les menstruations dans l’objectif de sensibiliser le plus grand nombre et de lever les tabous. Une approche qu’elles développent depuis la création de l’entreprise avec le « Club Périodes ».

« On aimerait s’impliquer davantage auprès des femmes pour discuter librement du sujet. À l’origine, nous avons créé un compte Instagram servant à libérer la parole, à faire témoigner les gens sur un espace bienveillant et inclusif où chacun est libre de livrer des anecdotes. L’engouement a été impressionnant, c’est pourquoi nous allons à présent dépasser la frontière digitale ».

Plus d’informations sur le site et l’e-shop.

Lisa Domanech

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