La Métropole a adopté son plan climat-air-énergie. La stratégie s’articule sur cinq piliers fondateurs et une centaine d’actions à mettre en oeuvre d’ici à 2050. Une première étape pour répondre aux enjeux climatiques. Un plan qui n’a pas manqué de susciter des réactions.
« L’avenir compte sur nous ». Le message est clair et ne passe pas inaperçu dans l’hémicycle métropolitain. Pour présenter le plan climat-air-énergie, point de départ d’une « régénération » de la Métropole, la présidente Martine Vassal a invité un expert pour dresser un état des lieux. Wolfgang Cramer, directeur de recherche au CNRS et professeur d’écologie globale a apporté un éclairage sur les enjeux et les conséquences du réchauffement climatique, des risques liés aux émissions de gaz à effet de serre et sur l’urgence à agir, notamment pour les générations futures. « En 2050, la neutralité carbone s’impose et le Plan Climat va contribuer à cet objectif. »
Il a également souligné le rôle « des scientifiques dont la volonté de faire bouger les lignes », en s’appuyant principalement sur le travail du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec). Un préambule aux propos d’Alexandre Gallese, délégué à la stratégie environnemental et au plan climat, qui a présenté les grandes lignes de ce programme « ambitieux ».
Le secteur industriel plus grand consommateur d’énergie
Le plan climat air énergie territorial (PCAET) s’inscrit dans le cadre de l’agenda environnemental, élaboré conjointement avec le Département et la Métropole, au début de la nouvelle gouvernance en octobre 2018. Cet agenda mobilise des moyens conséquents : 1 milliard d’euros sur 5 ans pour améliorer la qualité de l’air, accélérer la transition énergétique, protéger la mer et le littoral et préserver la biodiversité.
La Métropole a financé des études et des analyses spécifiques sur le changement climatique de la métropole, menées par le Grec Sud et Atmo Sud dont les résultats sont le socle fondateur du plan climat.
Le diagnostic met en évidence que le secteur économique, qui compte une part industrielle non-négligeable, (une spécificité de la métropole) est le plus fort consommateur d’énergie (52%) et par conséquent, le plus grand contributeur d’émissions de gaz à effet de serre.
Le secteur des transports de personnes et de marchandises absorbe un quart de l’énergie consommée sur le territoire. « Il faut des nouvelles manières de consommer », assure Alexandre Gallese. La filière du bâtiment résidentiel et tertiaire compte pour 10% des consommations et représente environ 20% des émissions de gaz à effets de serre. « Le chantier de la rénovation est immense puisque 70% des bâtiments qui existent dans la métropole ont été construits avant 1970. », poursuit l’élu.
5 piliers et 13 axes d’intervention
Sur les bases du rapport, le plan climat repose sur cinq piliers : une métropole neutre en carbone, une métropole résolument engagée dans la réduction de ses consommations énergétiques ; une métropole à énergie positive qui produit 100% de l’énergie qu’elle consomme ; une métropole engagée dans la préservation de la santé de sa population par la réduction des émissions de polluants et des nuisances sonores et enfin une métropole qui s’adapte aux impacts du changement climatique pour assurer la pérennité de son développement.
Ces ambitions se déclinent dans un programme d’actions. « Ce dernier a été construit de façon à permettre l’affirmation du fait métropolitain et de son rôle de coordinateur des enjeux climat-air-énergie sur le territoire ».
100 actions ont été définies autour de 13 axes d’intervention transversaux et dont le fil directeur est l’exemplarité et le pragmatisme.
Axe 1 : Plaçons l’exemplarité au cœur de l’action publique aux différentes échelles.
Axe 2 : Favorisons un aménagement résilient face aux changements climatiques.
Axe 3 : Offrons de vraies alternatives pour une mobilité durable .
Axe 4 : Accompagnons la transition des moteurs économiques.
Axe 5 : Renforçons les enjeux climat-air-énergie dans les activités portuaires et aéroportuaires.
Axe 6 : Maîtrisons les impacts air, énergie, bruit sur les équipements et le bâti.
Axe 7 : Développons un mix énergétique basé sur des énergies renouvelables et de récupération.
Axe 8 : Agissons en faveur de la prévention des déchets et optimisons leur valorisation.
Axe 9 : Accompagnons une agriculture et des pratiques alimentaires plus durables.
Axe 10 : Protégeons la ressource en eau et optimisons sa gestion.
Axe 11 : Préservons la biodiversité, les ressources naturelles et les milieux aquatiques et terrestres.
Axe 12 : Mobilisions les acteurs autour des enjeux climat-air-énergie sur le territoire Axe 13 : Animons la démarche plan climat métropolitain.
Axe 13 : Animons la démarche plan climat métropolitain.
Une mise en oeuvre en trois temps
Le plan vise à dessiner une stratégie « énergétique et climatique positive et crédible » à l’horizon 2050, en trois temps :
2020-2025, le temps du plan climat et de l’engagement, avec la mise en œuvre d’actions concrètes contribuant à répondre à l’urgence et à engager l’ensemble des forces vives de la métropole dans la dynamique.
2025-2040 : le temps du projet métropolitain et de la structuration, avec un infléchissement de la trajectoire à travers la mise en œuvre d’actions structurantes et impactantes.
2040-2050 : le temps de la Cop 21 et de la maturation, avec une atteinte des objectifs de neutralité carbone et de résilience, gage d’un développement pérenne offrant une haute qualité de vie pour tous.
Aller encore plus loin
Le plan climat a suscité plusieurs interventions et un même constat : il faut aller encore plus loin. Pour le maire de Gignac-la-Nerthe, Christian Amiraty (SE) ce projet ne doit pas être un document « pour se donner bonne conscience, je sais que ce ne sera pas votre état d’esprit, c’est un document qui nous engage ». Il souhaite que la métropole réévalue ses ambitions sur l’axe 9, pour arriver à un Département 100% bio dans six ans, sur le même modèle que ce qu’il met en œuvre dans sa commune.
Même constat pour Annie Lévy-Mozziconnacci (PS), qui salue la démarche et « le principe d’une vision ». Elle miet l’accent sur deux « spécificités » territoriales : l’industrie et les transports, qui nécessitent « des efforts », soulignant que cet enjeu environnemental dépasse les clivages gauche-droite.
Quant à Luc Tallassinos, adjoint au maire de Gréasque, il estime que « par endroit, ce plan n’est pas assez ambitieux, notamment en matière de moyens alloués ». Il préconise également d’être moins timide dans le domaine de l’industrie. « Il va falloir être plus incisif avec le verdissement de blason des industriels ».
EELV vote le plan climat
Reste Nouriati Djambae (EELV) qui a été l’un des « aiguillons » pour boucler le plan climat. Malgré tout, pour elle, le document ne tient pas suffisamment compte des spécificités de la métropole. Elle propose également la création « d’un véritable RER entre Aubagne-Marseille et Aix-en-Provence et entre Marseille et Martigues ».
Il manque à son sens des axes forts comme l’utilisation de matériaux bio-sourçables, l’absence de soutien à la construction aux normes HQE, et le volet gouvernance ne répond pas aux enjeux. Malgré ses réserves, l’élue a décidé de voter le plan climat, qui a été adopté, à la fin du conseil métropolitain.
Un plan à 274 millions d’euros
Ce vote constitue une étape importante dans son élaboration, même si Martine Vassal en convient : « ce n’est pas suffisant, on ne va pas assez loin, mais c’est déjà un bon début ». Le document se veut également évolutif. De fait, il sera mis à disposition du public durant un mois, pour permettre la concertation avec les citoyens.
Le projet suivra son parcours administratif et sera transmis aux autorités environnementales mais aussi à la région Sud, dans le cadre du Sradett (Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires).
La Métropole prévoit de mobiliser 274 millions d’euros pour mener à bien ce plan d’actions.