Les élections européennes passées, la course à la succession de Jean-Claude Gaudin est lancée. Made in Marseille vous propose un tour d’horizon des forces en présence en plusieurs volets. Premier acte de cette série d’articles avec Les Républicains. Qui sera de la partie et qui restera sur le banc ? Revue d’effectif.
Après la débâcle des Républicains aux Européennes, au niveau local, l’heure est à la (re)mobilisation, à droite. Pour LREM, qui démontre son ancrage sur le territoire, tous les espoirs semblent désormais permis en 2020, tandis que le Rassemblement national reste une menace.
Le PS à l’agonie, un large rassemblement des forces de gauche est envisagé pour conquérir la ville de Marseille. Dans ce nouveau paysage politique, les collectifs écolo-citoyens constituent la nouvelle donne, et comptent s’imposer comme une alternative incontournable. Etat des lieux.
Acte I. Les Républicains
La gueule de bois est passée… ou presque. Une semaine après les résultats du scrutin européen (8,3% des voix), chez Les Républicains, il est temps de relativiser. Ce samedi matin, dans son QG de campagne, Bruno Gilles rassure ses troupes. « Pas d’affolement. C’est un point d’étape qui s’est mal passé pour notre parti politique, mais ce n’est pas grave, on continue », explique-t-il, devant un peu plus de 150 personnes, parmi lesquelles une quinzaine d’élu(es) municipaux, issus de différents secteurs de Marseille.
A droite, on se raccroche aux résultats des dernières élections. Lors du second tour des présidentielles de 2007, Nicolas Sarkozy obtient 61% des suffrages à Marseille. Moins d’un an plus tard, pour les municipales, face à Jean-Noël Guérini, l’UMP mène l’une de ses campagnes les plus difficiles. 2012 marque une nouvelle débâcle pour la droite lors des présidentielles qui consacrent François Hollande (PS), alors que deux ans plus tard, Jean-Claude Gaudin est élu pour un quatrième mandat.
Son dernier, qui rend cette succession si complexe et aiguise tant les appétits. « Les élections européennes et même nationales n’ont rien avoir avec les élections locales. Il faut sortir du cadre du parti politique. Quand on est dans une élection municipale, en particulier à Marseille, on doit avoir l’honnêteté de reconnaître sa famille politique mais ne pas en être prisonnier », poursuit le sénateur LR, qui se positionne comme le « candidat populaire ».
Bruno Gilles trace sa route
A la permanence, les militants de différents horizons s’activent pour la distribution des tracts dans les 16 arrondissements de la cité phocéenne. 20 000 impressions (60 000 depuis le début de la campagne), reprenant le triptyque « éthique, gouvernance et transparence ». Sur le terrain, les membres de l’équipe doivent jouer les commerciaux pour « vendre » au mieux leur candidat.
Dernière mise au point avant de se déployer : « Quand on me soutient, on n’est pas contre les autres, en particulier contre les gens de notre même famille politique », insiste Bruno Gilles. « Je suis le seul candidat, mais on n’est pas contre Martine Vassal, loin de là. C’est une amie, on continue à discuter, on ne sait pas d’ailleurs si elle sera candidate », prévient-il.
Si le sénateur ne veut pas hypothéquer sur l’avenir, traçant sa route, de son côté, Martine Vassal laisse planer le doute sur ses intentions. Depuis son fameux « je ne m’interdis rien » lancé aux journalistes lors de ses vœux à la presse en janvier 2019, les pronostics vont bon train. Ira ? N’ira pas ?
Martine Vassal, un profil « macron-compatible » ?
L’activité en forte croissance sur les réseaux sociaux et le lancement récent de la plateforme collaborative en ligne Marseille Métropole Audacieuse renforcent l’hypothèse selon laquelle la présidente de la Métropole Aix-Marseille Provence prépare son entrée dans la course. En coulisse, nombre de chefs d’entreprises et d’élus soutiennent la présidente du Département des Bouches-du-Rhône, qui apparaît comme la « candidate idéale pour la droite et peut rassembler plus largement », lâche son cercle rapproché.
Laurent Wauquiez avait d’ailleurs eu des propos très élogieux envers la secrétaire départementale LR : « Il y a une personnalité qu’on aime beaucoup qui est Martine Vassal ; elle a énormément de courage, beaucoup de talent, beaucoup d’envergure et elle aime sa ville avec la même passion que celle de Jean-Claude ou de Renaud… C’est quelqu’un en qui j’ai une grande confiance ». Une déclaration télévisée alors même que Bruno Gilles était déjà en campagne.
« Un cadeau empoisonné », analysent certains observateurs, dont Martine Vassal pourrait vouloir se défaire avec la démission récente du patron du parti. Ce départ lui fait perdre par la même occasion certains soutiens parisiens en vue d’une candidature. Mais par les temps qui courent, est-ce de bon augure de vouloir être adoubée par Les Républicains ? Elle qui a coutume de dire « qui m’aime me suive » semble voir plus large. Elle l’a dit lors de ses vœux, si elle était candidate, « pourquoi que de la droite ? » Avant de préciser : « il faut d’abord réfléchir au projet ».
4 juillet « Indépendance day »
Ainsi, le fameux rassemblement prévu le 4 juillet au Silo, organisé par les Amis de Martine Vassal, pourrait bien marquer une forme d’indépendance. Pour s’affranchir de son parti ? à l’image de Valérie Pécresse. Ou du bilan municipal ? Pour marquer la rupture. Sachant que « les municipales se jouent sur une personnalité et un projet, plus que sur un parti politique », avancent des élus Les Républicains.
Les Européennes et les élections locales « ça n’a rien avoir, confirme Martine Vassal. C’est indépendant des partis. Sur les dernières élections, combien de maires encartés Les Républicains ont mis le logo sur les affiches ? Vous seriez surprise… », nous confie-t-elle posément.
À l’heure où des inconnues demeurent sur la question de la fusion entre la Métropole et le Département, notamment sur le mode de scrutin, Martine Vassal n’aura peut-être pas d’autre choix que d’entrer dans le match, pour espérer conserver son statut de patronne des deux institutions. Par ailleurs, le fait d’accepter l’une des plus importantes réformes constitutionnelles du président, à savoir cette fusion, envoie également un signe fort au gouvernement. Malgré sa récente prise de position à la Métropole (lire par ailleurs), Martine Vassal apparaît ainsi comme une personnalité « macron-compatible ».
Une chose est sûre, la présidente de la Métropole ne veut rien précipiter. D’abord le temps des idées, puis celui du projet… viendra ensuite celui d’une éventuelle candidature, « mais il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs », nous réaffirme-t-elle. « Il est trop tôt ».
Muselier : « si on ne se met pas d’accord, on perdra »
De son côté, Renaud Muselier garde un œil très attentif sur la situation. Le président LR de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur dont le crédo est « ni extrême, ni système », a toujours affirmé « être bien à la Région ». Il y a quelques jours, il déclarait « j’irai là où je serai le plus utile pour aider notre ville à se moderniser et à prospérer. Là où je peux être utile pour Marseille ».
Et il nous confirme que là où il se sent « le plus utile pour aider Marseille, c’est à la Région » où il dispose de « davantage de leviers d’action ». Il n’est d’ailleurs pas du genre à foncer « comme un taureau quand on tend un chiffon rouge ». Même si « Marseille est dans son ADN » et qu’il regarde en arrière, il dit ne pas avoir « l’esprit revanchard, ce n’est pas un bon moteur, mais je n’oublie rien ».
Sur le terrain, Les Républicains affichent leur solidarité, comme ce jeudi 6 juin, à l’occasion de l’inauguration de Réservoir Sun. Malgré les résultats d’un récent sondage sur les municipales de 2020, qui place LR entre 25 et 28 %, le RN à 20% et LREM à 12 %, le patron de la Région reste lucide. Il y a, pour lui, deux enseignements fondamentaux à tirer de ce scrutin européen : la sortie de jeu de Jean-Luc Mélenchon d’une part. « La deuxième donne essentielle, c’est qu’on ne peut, en aucun cas, surtout dans des grandes villes, avoir l’ombre d’une division. Si on ne se met pas d’accord, on perdra ».
Il faut pour le président de la Région Sud, trouver des espaces de discussions, trouver la ligne, la gouvernance, pour « fabriquer » des alliances. « Quand Jean-Claude dit qu’il ne s’est jamais marié avec personne, c’est faux. On s’est marié UDF-RPR. Pour gagner la ville de Marseille aussi… Aux dernières élections, je n’y étais pas, mais on s’est marié dans le 2-3 [la liste UMP menée par Jean-Claude Gaudin et la liste PRG menée par Lisette Narducci dans le 2e secteur NDLR]», rappelle-t-il. On s’est toujours marié ! ».
Et quand il s’agit d’alliance, se pose la question de la macron-compatibilité. « Il faut être compatible pour Marseille ! », assure-t-il.
Sur les municipales à Marseille, la question que je me pose est de savoir où je serai le plus utile pour aider notre ville à se moderniser et à prospérer !
J’irai là où je peux être utile pour #Marseille.#eemt pic.twitter.com/DKPazPm037— Renaud Muselier (@RenaudMuselier) 2 juin 2019
> A suivre notre deuxième volet. Marseille 2020 – La République en marche : qui portera le brassard de capitaine ?