Le Plan local pour l’insertion et l’emploi de (Plie) Provence Marseille Centre fête ses 25 ans de collaboration avec l’association Emergences. L’occasion de faire le bilan sur les nouveaux défis du marché de l’emploi.
« L’idée est que l’on ne condamne pas des personnes à être incompétentes à vie », explique Marie-Laure Compagny, directrice opérationnelle et responsable qualité d’Emergences. Cela fait plus de 20 ans que l’association Emergences gère et anime le Plan local pour l’insertion et l’emploi de Provence Marseille Centre (Plie MPC), un outil visant à favoriser l’accès à l’emploi durable pour les personnes exclues du monde du travail. Il propose des procédures de diagnostic personnalisé, et un accompagnement des personnes dans leurs démarches de réinsertion professionnelle.
« On peut se demander quelle différence il y a entre Pôle Emploi et le Plie. Mais le dispositif s’adresse à des profils bien particuliers. Il ne s’agit pas d’accompagner des personnes touchant le RSA ou des chômeurs de longue durée, c’est bien plus spécifique que cela», ajoute Sabine Bernasconi, maire des 1er et 7e arr. de Marseille et présidente du Plie MPC depuis 2001. En effet, le public se caractérise par un éloignement conséquent et durable avec l’emploi.
1437 entreprises mobilisées
Concrètement, la majorité des adhérents ne possède aucun diplôme, et la moitié est sans activité depuis plus de 3 ans. Ils sont 65 % à habiter dans un quartier prioritaire de la ville et 87% à cumuler plus de trois difficultés sociales (logement, santé…). Pôle emploi alimente principalement le programme, bien que le bouche- à-oreille, les structures de solidarité, ou encore la Caf y contribuent aussi.
« Le Plie permet de justement tisser des liens très forts avec les entreprises du territoire». 1437 entreprises sont mobilisées, et 51 % des membres ont trouvé un emploi de plus de 6 mois, supérieur à un temps partiel. Les secteurs visés sont surtout centrés sur le bâtiment, l’hygiène, la sécurité et le service. L’organisme continue de suivre l’adhérent jusqu’à 6 mois après l’obtention d’un emploi durable. Cependant, le retour dans la vie professionnelle est progressif. Des chantiers d’insertion sont proposés afin de s’acclimater peu à peu à ce que Sabine Bernasconi qualifie de « vie normée ».
Etre acteur de son parcours professionnel
« Qui dit difficultés plurielles dit accompagnement global », affirme à son tour Pierre Allary, président d’Emergences. La durée moyenne d’accompagnement est de 11 mois. Cependant, Muriel Antolini, animatrice du réseau entreprise chez Emergences précise qu’il ne s’agit pas de « livrer les emplois sur un plateau d’argent », car le Plie se consacre à la transmission d’une démarche professionnelle. Les membres sont invités à être force de propositions. « Il faut remettre les personnes en difficulté au centre de leur parcours professionnel », poursuit Jean-Christophe Barusseau, directeur du Plie MPC.
Emile Badiel a adhéré au programme en 2014. Originaire du Burkina Faso, il se dirige vers le plan d’insertion car il est en difficulté dans sa recherche d’emploi. Or, il devient urgent pour lui de s’insérer dans la vie professionnelle, pour des raisons évidentes, mais plus encore du fait d’un petit garçon atteint de glaucome. « Le Plan m’a montré qu’il était possible de s’en sortir, de reprendre ma vie en main. L’accompagnateur qui m’a suivi m’a énormément apporté. Toutes mes expériences n’ont pas été faciles, et son intervention m’a été d’une aide précieuse ». A l’heure actuelle, il est en recherche d’un contrat professionnel dans les domaines de l’hygiène, la sécurité ou l’environnement.
Un système d’ambassadeurs a été lancé depuis peu, permettant aux « anciens », comme Emile, de transmettre aux autres membres leur expérience.
La volonté d’une « amélioration continue »
Le Plie MPC est le seul programme en France à avoir obtenu la certification Afnor d’engagement de service, label de confiance et de qualité. De nombreux enjeux sont poursuivis par le dispositif d’ici 2020, notamment axés sur le renforcement de sa collaboration avec les entreprises et la visibilité de ses actions.
Le dispositif souhaite également accélérer la phase d’entrée, puisque 60% des membres entreront en parcours moins de 18 jours après leur demande. Aussi, il s’agit de promouvoir le Clea, certificat des connaissances et compétences professionnelles de base, auprès des adhérents et des employeurs. « Notre programme recherche l’amélioration continue », conclut Pierre Allary.