Ça vous tenterait de plonger en immersion dans un appartement complètement investi par cinq artistes ? C’est ce que vous propose cette semaine la photographe Michèle Clavel, avec sa visite de la nouvelle exposition d’art contemporain installée À L’appartement, rue Montgrand. Une expo très « street art » sur toile.
Les cinq artistes présents s’amusent avec les mots, les formes, les matières et autres émotions fortes. Leurs œuvres inspirées sont tour à tour techniques, provocatrices, instinctives voire idéalistes, elles partent à la recherche d’une nouvelle expressivité de notre rue et de notre temps.
Aurel
Grand enfant à l’imagination débordante, l’univers d’Aurel, jeune talent normand, est étonnant.
Proche de l’univers graffiti, le travail vivant d’Aurel met en scène son personnage fétiche, le panda, à la fois nounours mignon et icône de culture.
Ses œuvres minutieuses, objets du quotidien ou toiles ; racontent l’histoire de différents mondes presque utopiques en pleines mutations. Ses toiles sont colorées et son style graphique proche de la bande dessinée tisse une proximité sincère avec le public.
C’est avec une certaine finesse qu’il joue des métamorphoses et regards dessillés de son animal favoris pour exprimer ses idées et peurs inavouées.
Symboles, bulles, flèches et autres cartoons gravitent ensemble sur des fonds de toiles sombres et violents ; une façon pour lui d’apporter sa vision de notre société.
DER
C’est en 1989 que l’artiste DER investi pour la première fois les murs de Toulouse avec ses pièces. Inspiré du mouvement graffiti à partir duquel il crée sa signature nommée calli-graffiti, il se passionne pour le travail de forme des lettres, devenant étirées, arrondies et profondes.
En 1994, il devient le premier artiste à utiliser la 3D dans le Street-art et acquiert peu à peu les lettres de noblesse dans l’écriture de rue.
Membre du groupe disparu «TRUSKOOL», il s’exprime aujourd’hui avec le collectif «Leclub» connu pour ses nombreuses fresques murales ainsi qu’en solo à travers le monde grâce à une carrière prospère. Ces dernières années, se sont les collaborations avec les grandes marques industrielles telles que Coca-Cola pour le design de canette ou Adidas qui le projette sur le devant de la scène internationale.
Elastiques, organiques et colorées, ses lettres sont le reflet d’un art calligraphique vivant et hypnotique.
Entre innovation et virtuosité, DER crée des partitions Street-art faisant corps avec la toile et nos façades s’animent avec chacune de ses œuvres.
Leyto
Depuis les années 90, l’art graffiti de Leyto ne cesse de nous surprendre.
S’inspirant des cultures et des arts de rues qu’il rencontre, ce graffeur expressionniste nomade nous invite à découvrir un art calligraphique systémique, poétique et instinctif, stimulé par ses voyages.
Friches industrielles, murs de rue, usines désaffectées et toiles deviennent les lieux de sens de ses écritures rythmiques, réinventant la lettre en un unique système graphique coloré.
Riche de sens, ses signes font le lien entre une recherche sémiologique complexe, entremêlant symboles, glyphes et autres code graffitis et, une nouvelle grammaire de l’image à la fois vivante, dessinée et musicale.
Mona Fabiani
Globetrotteuse marseillaise insatiable, Mona Fabiani allias Woozmoon est une jeune artiste autodidacte dotée d’une sensibilité à fleur de peau.
Curieuse d’ailleurs, ses nombreux voyages inspirent ses toiles et carnets de notes ; témoins et confidents intimes de ses humeurs et moments de vie.
Son travail est une véritable introspection intimiste, un retour sur ses vécus qu’elle partage et exprime singulièrement. A l’image du Ying et du Yang, ses personnages phares Wooz et Moon guident les plus curieux au plus profond de ses pensées, symboles et écritures secrètes.
Et c’est entre réalité, imaginaire, passé et présent que L’appartement décrypte la sensualité de cette artiste, nous entrainant inconsciemment dans son univers riche de couleurs et de poésies.
Olivier Devignaud
Graphique et provocateur, Olivier Devignaud s’inspire de l’évolution de notre société de consommation et des différents modes de vie afin de capturer les moments intimes de chaque génération. Entre street-art et art figuratif, il décode et critique nos souvenirs et nos habitudes, souvent dictés par l’art publicitaire.
Son travail fait écho à un univers enfantin aux tonalités fleuries et animales, se construisant sur la perte de repères, disparition et deuil de l’enfance. Les références théologiques et martiales de ses œuvres plastiques transportent les questionnements et incertitudes fondamentales de nos existences.
C’est une fenêtre sur notre histoire contemporaine que L’appartement propose avec le travail de cet artiste.
Formes et bêtes sont à l’image d’une société intrigante et poétique qui s’inscrit dans d’incessants combats pour exister.
Infos pratiques
« Figures de Style »
À L’appartement,
Galerie d’art contemporain à vivre
68 rue Montgrand
13006 Marseille