La PME chinoise Quechen Silicon Chemical, n°3 mondial de la silice pour les « pneus verts », va implanter son usine européenne sur le périmètre du port de Marseille Fos. C’est la première fois qu’une entreprise chinoise s’installe en partant de zéro sur le territoire. Une première qui sera suivie par d’autres implantations pour Jean-Luc Chauvin, président de la Chambre du Commerce et d’Industrie Marseille Provence (CCIMP).
Quechen va ainsi installer son centre de production européen de silice sur le territoire du Grand Port Maritime (GPMM), et plus particulièrement au sein de la plateforme industrielle et d’innovation PIICTO. La silice est un matériau utilisé dans la production de pneus pour augmenter sa résistance et sa longévité, tout en réduisant la consommation de carburant, de 20% environ.
La signature de ce projet d’implantation de l’industriel chinois s’est faite en marge du déplacement du président Emmanuel Macron en Chine, sous l’égide du ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Lemaire, au début du mois de janvier 2018. Pour autant, la négociation remonte à bien plus longtemps en arrière et s’est faite en local. « Une trentaine d’entreprises du territoire se sont engagées et mobilisées en faveur du projet Quechen. Les dirigeants ont rencontré l’investisseur, pour le convaincre du dynamisme de notre écosystème. Ils ont témoigné de l’existence sur Aix-Marseille-Provence d’une communauté entrepreneuriale forte », a mis en avant Jean-Luc Chauvin.
D’après le président de la CCIMP, c’est la première fois qu’une PME chinoise investit sur le territoire sans racheter une autre entreprise, mais en partant de zéro. « Quechen vient s’installer ici parce qu’on s’est engagé à faire PIICTO. Avec cette plateforme, d’autres PME chinoises auront envie de le faire aussi. Quechen sera le révélateur et l’accélérateur pour le territoire », a-t-il souligné. Et d’ajouter : « Il y aura d’autres Quechen, je m’y engage ».
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L’investissement de la PME chinoise est de l’ordre de 100 millions d’euros et permettra la création de 130 emplois directs. Il témoigne de l’attractivité française pour les investisseurs internationaux, et chinois en particulier, et illustre les atouts en termes de localisation, de coûts d’implantation et de potentiel de R&D.
« Après presque deux années à étudier plusieurs sites potentiels, Quechen Silicon Chemical a choisi Fos-sur-Mer comme site d’investissement idéal pour son projet de construction d’une plateforme combinée pour produire 90 000 Mt /an de silice à haute dispersion (HDS), ainsi que les matières premières associées, et développer un centre de R&D. Le port de Marseille-Fos, premier port industriel français, associe un complexe logistique complet et performant avec des installations industrielles qui correspondent au plan stratégique de Quechen Silicon d’établir des usines de production proches de ses clients internationaux pour optimiser ses services, suivant la directive chinoise du projet « Routes de la Soie » (Belt and Road initiative) », a précisé le Grand Port de Marseille.
Les réactions des élus locaux quant à cette implantation
Pour Pierre Dartout, préfet de la région PACA et préfet des Bouches-du-Rhône : « Cette création d’usine greenfield par des investisseurs chinois représente, au-delà des emplois et de la richesse qu’elle apportera sur le territoire, une décision d’une grande portée, en droite ligne avec la volonté de rééquilibrage des relations commerciales entre les deux pays affirmée par le Président de la République. Elle illustre également les nombreux atouts industriels de notre territoire métropolitain, et consacre le partenariat efficace mis en place avec le port, les collectivités locales et l’Etat, pour les valoriser. L’Etat continuera, aux côtés des collectivités, à accompagner ce projet notamment à travers des conseils sur la réglementation environnementale, fiscale et douanière ainsi qu’une aide au recrutement ».
Pour Jean-Claude Gaudin, président de la métropole Aix-Marseille-Provence : « Notre jeune métropole rassemble désormais des forces économiques sur l’ensemble du territoire qui étaient auparavant dispersées et donc moins bien valorisées. Fédérés, ces atouts constituent un territoire très compétitif. Travaillant main dans la main avec la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, nous ne pouvions que nous hisser au rang des métropoles les plus attractives. Notre agence métropolitaine Provence Promotion, conjointe avec la Chambre de Commerce et d’Industrie Marseille-Provence, a ainsi permis à la Provence de tenir la corde face à une trentaine de sites européens concurrents et je félicite ses équipes. Je salue particulièrement un de ses administrateurs, Didier Parakian, président de la Commission « Économie et Innovation » à la métropole, qui fut, en décembre 2015, le premier élu en France à entrer en contact avec Quechen ».
Pour Renaud Muselier, président de la région PACA : « Parmi les 28 sites d’implantation identifiés en Europe, l’entreprise Quechen choisit aujourd’hui d’entrer en négociation exclusive avec nous pour implanter son usine ici, à Fos-sur-Mer. C’est un choix stratégique, que je tiens à saluer et qui vient concrétiser de long mois de négociations. Christian Estrosi s’était rendu en Chine, à Wuxi, dans une des usines du groupe pour rencontrer monsieur Que. J’ai également rencontré monsieur Que le 3 juillet dernier, dans mon bureau à l’Hôtel de Région et nous avons longuement échangé sur les atouts de la région. C’est un choix fort qui témoigne du potentiel de notre territoire, de son attractivité et de la qualité de nos infrastructures. C’est donc pour moi une véritable bataille de gagnée, pour la croissance et l’emploi en Provence-Alpes-Côte d’Azur ! La région Provence-Alpes-Côte d’Azur accompagnera Quechen dans son projet aux côtés de la Métropole Aix-Marseille Provence, de Provence Promotion et de l’Etat. Jouer collectif, acteurs industriels et institutionnels, c’est ce qui nous a permis de convaincre Quechen ».
Pour Frédéric Chalmin, directeur général de KEM ONE : « Le projet européen de Quechen Silicon Chemical rencontre pleinement la stratégie de notre groupe chimique. Nous disposons à Marseille-Fos d’un de nos principaux centres industriels qui développera de nombreuses synergies avec cette future usine de silice. Nous envisageons notamment une collaboration en recherche et développement. Les structures entrepreneuriales de nos groupes sont très proches. La perspective d’une collaboration étroite nous enchante ».
Pour Christine Cabau Woehrel, présidente du directoire du Grand Port Maritime de Marseille-Fos : « Par sa taille, l’investissement de Quechen Silicon Chemical nécessitera des ressources abondantes en matière de foncier, d’énergies, d’eau industrielle et de connectivité internationale. Notre port, le premier de France, présente aujourd’hui des atouts majeurs à l’échelle européenne pour accueillir les projets d’investisseurs internationaux susceptibles de rayonner en Europe mais aussi vers l’Afrique et le Moyen-Orient. »
Pour Christophe Lecourtier, directeur Général de Business France : « Business France se félicite de la décision de Quechen, car ce type d’investissement greenfield se démarque des acquisitions ou prises de participations que privilégient généralement les investisseurs chinois. Sur le long terme, cet investissement a donc vocation à jouer un rôle de « vitrine » vis-à-vis d’autres industriels chinois. Les entreprises chinoises implantées dans l’hexagone emploient plus de 45 000 personnes dans plus de 600 entreprises ».
Pour Jean-Luc Chauvin, président de Provence Promotion et président de la CCIMP : « Nous avons franchi une très belle étape et je félicite monsieur Que et ses équipes d’avoir reconnu notre attractivité, trop souvent sous-estimée. Quechen Silicon Chemical est un projet emblématique et sera sans aucun doute le premier d’une série d’investissements à capitaux chinois. La conduite du projet Quechen est pour le territoire une nouvelle manière de travailler pour renforcer son attractivité et notamment celle de sa plateforme PIICTO, creuset de l’industrie du Futur. Une dynamique collective privée publique s’est organisée. Depuis deux ans une vingtaine d’entrepreneurs français et chinois ont défendu le territoire à l’image de Tanya Saadé (CMA-CGM), Gérard Deman (UIC)…, ou encore Total, Pétroineos… pour faire gagner le territoire ».
Par Agathe Perrier