Connaissez-vous les « écoducs », également connus sous le nom de passages à faune ou d’écoponts ? Il s’agit de ponts aménagés pour permettre aux animaux de traverser sans danger des routes ou passages très fréquentés et ainsi lutter contre la fragmentation écologique.
Les écoponts sont des aménagements créés pour permettre le passage des animaux à travers un obstacle artificiel. Ces obstacles sont bien souvent des routes, des autoroutes, des voies ferrées ou encore des barrages.
A proximité de Marseille, on retrouve un écopont sur l’autoroute entre Aubagne et Aix-en-Provence (photo de Une de l’article) et un autre sur l’A8, du côté de Brignoles.
Les passages à faune concernent aussi bien des insectes de petite taille que des grands mammifères. Ils ont pour but de rétablir des corridors biologiques afin que les différentes espèces impactées par une nouvelle infrastructure puissent circuler comme avant. On trouve par exemple des « crapauducs » pour les amphibiens ou des « lombriducs » pour les vers de terre, à savoir des canalisations construites sous les routes, ou encore des passerelles végétalisées aménagées au-dessus ou en dessous des autoroutes.
Recréer les habitats pour obtenir des résultats
Pour qu’un écoduc ait un impact réel pour le remaillage écologique du territoire où il se trouve, il doit résulter d’études préalables. Les écoponts doivent ainsi être positionnés en connectivité avec des habitats proches et favorables à la biodiversité ou sur d’anciens couloirs naturels de migration.
L’aménagement de surface doit reproduire, si possible, à l’identique les habitats, gîtes, refuges ou plus généralement les structures utilisées par les espèces visées par le projet pour leur déplacement. Ou du moins les imiter de façon fonctionnelle. Les écoducs sont donc généralement végétalisés de manière à offrir un milieu propice aux espèces amenées à les franchir.
Des passages pour écureuils, poissons ou même chauve-souris
La plupart des écoducs sont aménagés et positionnés de sorte à être utilisés ou utilisables par le plus grand nombre d’espèces. C’est pourquoi il est désormais commun de les réaliser en multipliant les matériaux, de sorte à créer une diversité d’habitats qui attireront différentes espèces, allant des insectes aux reptiles en passant par la microfaune.
Certains passages à faune sont, au contraire, destinés à des espèces ou des groupes bien précis qui sont menacés. Par exemple, les crapauducs pour que les amphibiens puissent atteindre leur marre pour se reproduire et déposer leurs œufs lorsque ces dernières se situent de part et d’autre d’une voie.
Il existe également des lombriducs, construits pour permettre la continuité du passage des vers de terre et d’autres invertébrés, afin que ces derniers puissent plus facilement circuler et échanger leurs gènes sur des parcelles fragmentées par des routes ou chemins imperméables et/ou damés. Mais aussi des passerelles expérimentales destinées aux écureuils au-dessus de routes, comme c’est le cas au Japon et au Royaume-Uni, ou aux chauves-souris, comme sur l’A89 près de Balbigny (42).
Les espèces terrestres ne sont pas les seules à avoir droit à leur passage à faune. Les « passes à poissons » sont aussi un type d’écoduc. Installés principalement pour la remontée des saumons, ils sont toutefois également utilisés par d’autres espèces migratrices comme les truites, les anguilles ou encore les lamproies.
Des infrastructures à développer
Si les écoducs compensent les effets de la fragmentation écologique liée à la construction de nouvelles infrastructures humaines, ils ont toutefois une portée moindre que ce morcellement en raison de leur nombre insuffisant. Une limitation qui s’explique notamment par le coût de ces aménagements, bien souvent élevé.
De plus, il est rare que les passages à faune soient construits sur des infrastructures déjà existantes. Généralement, lorsqu’ils sont aménagés, c’est dans le cadre de mesures compensatoires à l’occasion de la construction de grands axes de transport.
Toutefois, il arrive que d’anciennes constructions soient aménagées sur le tard, comme en témoigne l’écoduc du Col du Grand Bœuf, construit à partir de 2009 pour permettre aux espèces animales et végétales de traverser l’autoroute A7.
Par Agathe Perrier