La Cour des Comptes, grand arbitre des finances publiques, chargée principalement de contrôler la régularité des comptes publics de l’Etat et des collectivités locales, vient de dévoiler son rapport sur la construction et la rénovation des stades français pour l’Euro 2016 de football. Une analyse précise dans laquelle on retrouve le stade Vélodrome, appelé depuis quelques mois Orange Vélodrome.
Nos articles sur le Naming du Vélodrome par Orange
Pourquoi un rapport de la Cour des Comptes sur les stades de l’Euro ?
L’idée première de cette analyse n’est pas de « refaire un bilan économique de cette manifestation » comme l’explique la Cour, mais de comprendre « les risques financiers que la gestion d’enceintes sportives agrandies et rénovées fait peser sur les collectivités ». La Cour rappelle d’ailleurs que dans un bilan dévoilé en janvier dernier, il est mentionné que « L’Euro 2016 a incontestablement été un succès en termes d’organisation« .
« L’activité économique supplémentaire sur le territoire français directement imputable à l’UEFA Euro 2016 a généré des recettes fiscales complémentaires de l’ordre de 70 millions d’euros pour la TVA, 2,7 millions pour la taxe sur les séjours et 2,6 millions d’euros pour la taxe aéroport. » apprend on sur la synthèse du bilan économique réalisé en janvier 2017 (à lire ici).
Quel investissement et quelle gestion pour le stade marseillais ?
Depuis l’Euro 2016, la ville de Marseille dispose d’un stade conforme aux standards les plus exigeants de l’UEFA (classé 5 étoiles), ce qui lui a permis d’accueillir 6 rencontres : quatre matches de poules, un quart de finale et une demi-finale et qui permet aujourd’hui à son club hôte, l’Olympique de Marseille, de jouer dans l’un des stades les plus importants d’Europe. Le stade Orange Vélodrome est en effet passé de 60 000 à 67 354 places, gagnant notamment en confort et en service pour les spectateurs.
La Cour des Comptes explique dans son analyse que « Le montant initial des travaux prévus par le contrat (267,5 M€) » pour permettre « la création d’un nouveau stade Vélodrome, la restructuration et l’extension du stade Delort, l’exploitation et la maintenance de ces équipements, ainsi que la réalisation d’un programme immobilier d’accompagnement. »
La réalisation de ce projet était d’autant plus complexe que le chantier s’est déroulé en maintenant l’activité du stade et l’accueil du public, avec une jauge de 42 000 places, afin de satisfaire la demande du club résident.
Le rapport explique ensuite que « Le contrat initial a fait l’objet de deux avenants : le premier le 21 décembre 2012 pour tenir compte d’une mise aux normes du stade Delort lui permettant d’accueillir des compétitions d’athlétisme de niveau international et de rugby de niveau national ; le second le 8 juillet 2014 pour prendre en compte les intempéries survenues lors du chantier. »
Au final, le coût total des investissements réalisés dans le cadre du PPP s’établit à « 281,3 M€, dont 260,2 M€ pour le seul stade Vélodrome« .
Qui a financé quoi ?
« Le financement public représente 51 % du total du coût de l’investissement du volet Vélodrome réalisés dans le cadre du PPP. Sur un total d’investissement (dont le Vélodrome) de 281,3 M€, les apports publics s’élèvent à 134,8 M€ : État, 28 M€ (CNDS) ; conseil régional, 12 M€ ; conseil départemental, 30 M€ ; communauté urbaine, 20 M€ ; le solde (44,8 M€) étant financé par la ville de Marseille. Dans ce montage, à la différence par exemple du partenariat conclu pour la construction et la gestion du stade de Bordeaux, l’actionnaire du club résident n’a pas été appelé au financement du stade, par exemple au sein de la société de projet. » précise la Cour des Comptes.
Selon la Cour, « l’exploitation de ce stade dans la formule du partenariat public privé représente sur 35 ans des fonds publics d’un montant 1,8 fois supérieur à l’investissement initial. Elle risque de peser fortement sur les finances locales, car le modèle économique du stade et des relations entre le club professionnel résident et la ville n’a pas été modifié à l’occasion de sa création, afin de dégager le plus possible la ville des aléas d’exploitation, principalement des aléas sportifs. »
Elle précise en conclusion, la nécessité pour la ville de Marseille de réévaluer la redevance, « faisant valoir que ce loyer minoré était le fruit d’une démarche ayant un caractère « transitoire, n’ayant jamais eu vocation à être pérennisé en l’état »« , et insiste sur la bonne opération réalisée dans le cadre de l’opération de Naming qui permet à la ville réduire ses risques « Le contrat de Naming conclu par la société AREMA sur 10 ans à compter de la saison 2016-2017 avec la Société Orange et soutenu par la Mairie de Marseille est un facteur de réduction du risque, il sécurise une partie non négligeable de l’apport des recettes garanties. »
Retrouvez l’intégralité du rapport de la Cour des Comptes ici