La série de web-reportages baptisée « La Popote à Pépé » sort son quatrième épisode qui met à l’honneur la trufficulture dans le Minervois (région Occitanie). Il sera diffusé en avant-première ce jeudi 5 juillet 2018 à la Cité de l’Agriculture de Marseille, avant sa sortie sur Youtube dans la foulée.
Avec cette série de web-reportages, le pari pris par Justine Bonnery, la réalisatrice, et son équipe n’est pas banal : filmer des paysans nés avant les années 1940 pour leur faire parler de leur vision de leur métier et de son évolution depuis des décennies.
Après trois premiers épisodes tournés et sortis en 2017 (voir ci-dessous), l’équipe présente son quatrième opus. Trois pépés habitant près de Carcassonne ont été filmés pour l’occasion, pour parler cette fois de la truffe. L’ensemble de la série sera diffusé ce jeudi 5 juillet à Marseille (voir infos pratiques en bas de l’article).
Un projet d’amitié
D’où est venue une telle idée d’ailleurs ? Justine Bonnery explique : « J’ai grandi avec mon arrière grand-mère dans sa ferme. Quand elle est morte, personne n’a repris l’affaire et je me suis rendu compte que ces gens-là, cette France là allait disparaître, et qu’il fallait se dépêcher ».
Le projet est avant tout une histoire d’amitié qui s’est concrétisée tout naturellement autour d’une volonté commune. Ne manquait plus qu’à trouver qui filmer pour commencer. « Ce sont mes grands-parents dans l’épisode numéro 1 », rigole Nicolas Pousson-Ribis, cadreur. Mais il ne s’agit pas seulement de personnes de leur entourage. « Pour l’épisode numéro 3, on ne les connaissait pas, il a donc fallu y aller en amont pour les rencontrer, les mettre à l’aise, les familiariser à notre présence et à celle du matériel… Il faut dire que souvent, ces gens là n’ont pas internet », explique la réalisatrice.
La série est diffusée sur Youtube et les réseaux sociaux et rapporte un -tout- petit peu d’argent. Les membres de l’équipe ne sont pas payés, seulement défrayés, la matériel est à eux ou est loué et la réalisation coûte peu. Pour le troisième épisode, ils ont obtenu une subvention du Conseil départemental de l’Aude, ce qui leur a permis de louer un drone et pouvoir ainsi faire des plans aériens. Car, en dehors de dresser le portrait de ces laissés pour compte, c’est aussi et surtout la mise en avant d’un territoire et d’un patrimoine qui importe.
Un format court qui parle à tous
Habituée à des projections dans les villages de l’Aude, l’équipe ne s’attendait pas forcément à un tel accueil dans des grandes villes comme Marseille. Pourtant, ces tranches de vie résonnent bien au delà de leur terroir. « On montre une réalité, avec un côté très humain », essaie d’expliquer Nicolas Pousson-Ribis qui se défend de vouloir en faire une affaire politisée, « c’est certainement pas politique, mais c’est vrai qu’il peut y avoir un côté militant dans le sens où le public se pose des questions ».
S’ils déclarent montrer la réalité telle qu’elle est, et ne rien censurer, l’équipe a tenu aussi à ne pas mettre les gens en porte à faux : « Certains continuent de pratiquer leur métier comme on le faisait dans les années 50… Or, avec toutes les nouvelles normes, notamment européennes, ils pourraient être dans l’illégalité, il ne s’agit pas de leur faire prendre des risques vis à vis de la loi », explique Justine.
L’accueil du public marseillais a été des plus chaleureux. L’originalité du concept et son traitement n’y sont pas pour rien : les web-reportages sont courts (de 10 à 15 minutes), la mise en scène et le montage, soignés. La musique aux sonorités « kusturicienne s» donne à l’ensemble une imagé décalée et drôle. « C’est le côté naturellement fun de ces gens et de l’équipe qui rssurgit », explique humblement Nicolas.
Reste que, si certains passages prêtent à rire, ce n’est jamais aux dépens de ces personnes. « On ne force pas le rire ou le ridicule, simplement on est toujours tombé sur de vrais personnages ! » Car, s’il faut savoir en rire, c’est aussi pour ne pas en pleurer. L’ensemble (les trois reportages dans leur continuité) se révèle être plutôt doux-amer. En ces temps troubles, ou l’individualisme prime, les préoccupations de ces paysans sont sincères et réelles et nous forcent à nous interroger sur notre rapport au monde et aux autres. Il faut donc espérer une longue vie à « la Popote à Pépé » qui devrait s’enrichir de nombreux autres épisodes et témoignages dans les prochaines années. Pour que ces gens-là, ces histoires là, ne soient pas oubliés mais restent gravés dans le marbre, et les mémoires.
Les épisodes de la Popote à Pépé
Infos pratiques
Projection de la série La popote à Pépé, dont le quatrième épisode en avant-première
Jeudi 5 juillet 2018 à 20h
À la Cité de l’Agriculture de Marseille
37 boulevard National, 13001 Marseille
Entrée libre et gratuite