Le conseil municipal a adopté une nouvelle mesure sur le stationnement, qui comprend la fin de la gratuité entre midi et 14 heures et entre 18h et 19h, un tarif plus élevé dans l’hyper centre que sur le reste du territoire, et une baisse du tarif résident à l’année, avec pour objectif de la part de la municipalité de renforcer le turn over des véhicules en centre-ville et de faciliter le stationnement des résidents dans les rues du centre, le soir quand ils rentrent du travail.
Décryptage de la séance du conseil municipal sur le stationnement
Les élus se sont exprimés les uns après les autres sur le sujet du stationnement. Au final, la délibération a été adoptée par la majorité, avec l’abstention du groupe de Lisette Narducci, et le vote contre du Parti Socialiste et du Front National.
Benoit Payan, responsable du groupe socialiste au conseil municipal, a dénoncé les voitures ventouses des abonnés annuels qui empêchent la rotation du stationnement dans le centre-ville et a accusé la municipalité de trop taxer l’autopartage « Dans ce rapport tout est compliqué, mais pour simplifier, tout augmente. La durée, le tarif,… Carton plein. Avec cette mesure, vous allez chasser les clients des commerces du centre-ville. Autre point négatif du dossier, les résidents… Ils sont 15 000 Marseillais au total, dont 2 600 abonnés annuel et 12 400 abonnés à la journée. Et pour ces 12 400 Marseillais, le cout de leur abonnement sera doublé. Sans parler des abonnés aux parkings privés Vinci et Qpark, qui payent 50% plus chers qu’à Lyon, Bordeaux ou Aix. Vous en arrivez même à taxer les véhicules en autopartage dont on sait qu’ils diminuent la pollution de l’air, qu’ils réduisent le bruit en centre-ville et l’occupation des places de stationnement. »
Pour Karim Zéribi, élu EELV « La priorité est d’offrir aux Marseillais un réseau de transports en commun efficace avec des parkings relais en périphérie avant d’augmenter le prix du stationnement en centre-ville. »
Jean-Marc Coppola, élu Front de Gauche « Je reconnais tout le travail fait par monsieur Ricca et les services pour ce dossier, et c’est vrai que dans une ville où le réseau de transports en commun est bien développé, cette mesure pourrait être efficace. Mais aujourd’hui à Marseille, on sait que le principal frein à l’accès à l’emploi pour beaucoup de Marseillais est la question du stationnement pour accéder à leur lieu de travail. Pourquoi ne pas prendre l’exemple de Toulon qui a des prix de stationnement très bas en centre-ville ? Cela entraine une forte rotation du stationnement, et les commerçants sont très contents. J’ai une solution pour tout ça, il faut refuser de construire la gare souterraine à Saint-Charles qui ne verra arriver le TGV qu’après 2030 et reverser les 2 milliards d’euros de cette opération à la construction d’un réseau de transports en commun efficace et le faire rapidement, car c’est la seule priorité immédiate pour toute la métropole. »
Lisette Narducci, élu au Parti Radical de Gauche « J’apprécie la possibilité que les résidents puissent continuer à payer moins cher l’abonnement. C’est une bonne chose, mais certains CIQ comme celui de National, me réclament l’installation de parcmètres, dans un quartier saturé par l’automobile et où il n’y a aucun parking, tout comme Camille Pelletan. Voilà pourquoi l’abonnement résident est capital. La question qui me pose problème est celle de la suppression de la gratuité à la pause méridienne, aujourd’hui les commerçants sont en grande difficulté, malgré les efforts faits pour organiser des événements, cela reste quand même une inquiétude. Dès l’annonce, certains commerçants du centre et la fédération ont tenu à réagir sur le sujet. Pour cette raison, nous nous abstiendrons de voter en faveur de ce rapport. »
Jean-Luce Ricca, adjoint au stationnement à la ville de Marseille a répondu aux inquiétudes de l’opposition « A propos des voitures ventouses dénoncées par monsieur Payan, nous devons pouvoir offrir aux résidents, la possibilité de se garer près de chez eux, et non pas chasser les habitants du centre-ville. En ce qui concerne l’autopartage, un véhicule ne paiera que 18 centimes pour stationner toute une journée en ville. Notre espace public n’est pas extensible à souhait… D’autant que l’espace public n’est pas un dû, tout le monde doit participer, et franchement 18 centimes, c’est un cout en deçà de ce qui est raisonnable. Alors, bien sur, on entend vos réflexions sur l’importance de mettre en place des parkings relais en périphérie et on les approuve, mais très honnêtement cela concerne la métropole, et je m’engage à porter auprès de Laure Agnès Caradec, présidente de l’Agam, et Gérard Chenoz à la métropole, la nécessité d’augmenter le nombre des parkings relais, vous avez raison nous devons faire un effort sur ce domaine là. »
Lionel Royer-Perrault, adjoint au maire de Marseille au sujet du manque de transports en commun sur le territoire « Si aujourd’hui nous n’avons pas un réseau de transports en commun, c’est parce que nous avons une histoire chaotique qui remonte à Gaston Defferre, à l’époque où il a refusé de constituer la communauté urbaine. Je pense qu’il est important de le rappeler. C’est pourquoi nous défendrons coute que coute la création d’une liaison nord sud en transports en commun. »
Dominique Tian, 1er adjoint au maire de Marseille « Il n’est pas inimaginable que d’ici 10 ou 15 ans, on ait créé une ligne de métro pour desservir le secteur de Bonneveine, c’est quand même un bassin de 150 000 personnes qui attendent le métro depuis des années. Mais ne vous inquiétez pas, nous irons consulter les habitants, car nous sommes convaincus qu’il ne s’agit pas là de faire une compétition entre le nord et le sud, mais bien de prendre en compte que le sud aussi a besoin d’un développement en transport. »
Guy Teissier, président du Conseil de Territoire Marseille Provence (ex MPM) « En ce qui concerne les parkings, je voudrais dire qu’en 24 mois à la tête de la communauté urbaine MPM, nous avons réalisé un parking relais de 500 places à Dromel, nous terminons le parking de 80 places à la gare de la Pomme, et un autre à la Barrasse d’environ 100 places, le tout pour créer une meilleure connexion avec les gares de TER et de métro pour relier l’Est de la métropole et notamment Aubagne. Je maintiens également concernant le sujet des transports commun, qu’il est primordial de faire le tracé nord sud en desservant notamment en raccordant Dromel à Saint-Loup qui est un secteur clé de la saturation automobile. L’urgence est bien là. Nous pourrions ainsi éviter de voir 80 000 véhicules par jour traverser le centre-ville. En ce qui concerne le tramway, nous allons réaliser le prolongement de Castellane aux hôpitaux sud, c’est prévu et acté. Nous l’avons financé, les études sont achevées, ainsi que les enquêtes publiques. Le projet est bien avancé. Et de l’autre côté, le projet de relier le lycée Saint-Exupéry au nord du centre-ville est également en dans ces dispositions là. Quand ces deux projets seront terminés, nous pourrons envisager les projets vers le sud et vers le nord. Mais le sujet du jour sur le stationnement ne concerne pas celui sur les transports. La proposition de monsieur Ricca sur l’augmentation des amplitudes horaires notamment et la suppression de la pause méridienne, permettra de faire plus de turn over. Il faut aujourd’hui tout faire pour sauver le centre-ville de Marseille, et cette mesure va dans ce sens. »
