La méga-usine d’assemblage d’éoliennes flottantes géantes, en projet sur la zone industrialo-portuaire de Fos, se heurte aux restrictions militaires. La base aérienne d’Istres limite la hauteur des installations.

C’est un des projets phares de la réindustrialisation décarbonée de Fos-sur-Mer. Sur la zone industrialo-portuaire (ZIP), Deos, pour Développement de l’Eolien Offshore, devait construire des éoliennes géantes et flottantes. Objectif : les acheminer directement vers les futures fermes marines en projet sur la façade méditerranéenne (voir plus bas).

Cette giga-usine à 550 millions d’euros d’investissement, doit ainsi fabriquer les flotteurs, les stocker et assembler les éoliennes off-shore allant jusqu’à 300 mètres de haut, soit la taille de la tour Eiffel. Des géantes qui surpasseront largement les trois premières éoliennes de la ferme pilote Provence Grand Large, dans le golfe de Fos, qui tournent depuis cet été à 175 mètres de hauteur.

Les dimensions de cette future usine d’assemblage sont donc titanesques : il s’agit d’aménager une plateforme de 120 hectares. Sur terre, les activités industrielles, dont la production de flotteurs, doivent investir 75 hectares. En mer, le projet vise 45 hectares, avec 1 000 mètres de quai, notamment pour assembler les éoliennes.

L’Armée bloque sur la hauteur, Deos se restreint aux flotteurs

Petit hic : la proximité (10 kilomètres à vol d’oiseau) avec la base aérienne 125 d’Istres, la plus grande de l’Armée de l’air. Elle représente une importance géostratégique majeure pour les bases et opérations extérieures. L’Armée se montre ainsi intransigeante sur la hauteur des infrastructures qui se situent dans ses couloirs aériens.

« Sur l’ensemble des bassins Ouest (Fos), l’Armée impose un plafond à 190 mètres de hauteur. Pour l’heure, il n’est pas possible de le relever », indique Benoit Rieul, chef de service au Grand port maritime de Marseille-Fos (Gpmm). Il précise cela au détour de l’événement Sudeole à Marseille ce mardi 25 novembre. Il rassemblait les acteurs publics et privés impliqués dans le développement de la filière d’éolien flottant en Méditerranée.

Cette limite en hauteur empêche donc de se projeter sur l’assemblage d’éoliennes de 300 mètres. Le représentant du port évoque donc un « scénario de replis ». Dans les bassins de Fos, le projet Deos devrait ainsi « se spécialiser dans la fabrication de flotteurs, et déporter les opérations d’assemblage (des éoliennes) à Port-la-Nouvelle (Aude) ».

L’objectif est ainsi de maintenir « la fabrication locale », sur le pourtour méditerranéen, glisse un observateur avisé. Alors que le Port devait livrer un foncier prêt à l’emploi d’ici fin 2028 pour l’usine Deos, peut-être l’Armée aura-t-elle assoupli ses exigences d’ici là ?

Les éoliennes doivent produire 4,2 gigawatts en Méditerranée d’ici 2050

Quoi qu’il en soit, les ambitions de développement de l’éolien offshore en mer Méditerranée restent grandes, comme l’a rappelé l’événement Sudéole, au Pharo.

Ce programme énergétique d’envergure européenne, prévoit de produire 4,2 gigawatts d’ici 2050 (l’EPR de Flamanville doit produire 1,6 gigawatt). Le tout avec des centaines d’éoliennes offshores réparties dans le golfe du Lion, entre Fos (Bouches-du-Rhône) et Port-la-Nouvelle (Aude).

Trois fermes pilotes sont déjà lancées pour tester différents modèles, leur impact environnemental et leur production, dont Provence Grand Large côté Fos, déjà en service. D’ici 2031-2032, les premiers grands parcs industriels d’éoliennes flottantes doivent produire leurs premiers électrons sur la façade méditerranéenne.

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