Malgré une baisse générale du nombre de fumeurs en France, Provence-Alpes-Côte d’Azur reste la région où la cigarette est la plus ancrée dans les habitudes quotidiennes, avec plus d’un habitant sur cinq qui fume chaque jour.
Selon le Baromètre de Santé publique France 2024, 20,9 % des adultes de PACA déclarent fumer quotidiennement, contre 17,4 % en moyenne nationale. Seules deux autres régions, l’Occitanie et le Grand Est, présentent des niveaux comparables, avec respectivement 20,6 % et 19,8 % de fumeurs quotidiens. Ailleurs, la proportion tombe parfois en dessous de 15 %, comme en Île-de-France.
Un recul national, mais une vigilance locale
En dix ans, la France a perdu près de quatre millions de fumeurs quotidiens. Entre 2021 et 2024, le tabagisme quotidien est passé de 25,3 % à 18,2 % parmi les 18-75 ans de France hexagonale.
Dans le même temps, les livraisons de tabac aux buralistes ont chuté de 24 %, tandis que les ventes de substituts nicotiniques progressent. L’augmentation du prix du paquet, passé de 10,92 € à 12,54 € en 2024, y a largement contribué.
Mais ces politiques nationales n’ont pas la même portée selon les territoires. En PACA, la précarité rend la dépendance plus tenace : malgré le coût, les fumeurs continuent souvent de prioriser la cigarette, au détriment d’autres dépenses. Et les tentatives d’arrêt, bien que nombreuses, échouent plus fréquemment.
Un ancrage social et économique fort
Le baromètre pointe des inégalités persistantes : les ouvriers fument deux fois plus que les cadres (25% contre près de 12%), et les personnes en difficulté financière trois fois plus que celles qui se disent à l’aise (30% contre 10%).
Or, la région PACA concentre une part importante de foyers modestes et de chômeurs, notamment à Marseille, où le taux de pauvreté dépasse 25 %. Dans le Sud, la cigarette conserve aussi une image conviviale ou déstressante, moins stigmatisée qu’ailleurs. Un rapport culturel qui pourrait contribuer à son enracinement.
Des enjeux de santé publique majeurs
Le tabac demeure la première cause de mortalité évitable en France, responsable de près de 75 000 décès par an. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, cette habitude accroît la prévalence des maladies cardiovasculaires et respiratoires déjà élevées dans la région.
Alors que le gouvernement vise une génération sans tabac d’ici 2032, la région Sud apparaît comme un territoire à surveiller.
L’Agence régionale de santé PACA déploie plusieurs initiatives pour inverser la tendance. Elle participe activement à la campagne nationale Mois sans tabac : dès le 1er novembre 2025, la 10ᵉ édition invite les fumeurs de la région à relever le défi de 30 jours sans cigarette, notamment grâce à des kits d’aide à l’arrêt.
Elle a également lancé un appel à projet 2025 pour développer les « Lieux de santé sans tabac » : l’objectif est de faire décrocher le label « argent » aux établissements de santé engagés dans la démarche.
Ces actions illustrent la volonté régionale d’agir concrètement, mais leur réussite dépendra aussi de la capacité à s’attaquer aux causes sociales du tabagisme, car l’enjeu dépasse la communication : il s’agit de réduire les inégalités sociales de santé qui alimentent encore la dépendance.
À noter
L’édition 2024 du Baromètre de Santé publique France repose sur une nouvelle méthodologie, avec notamment la collecte des réponses par internet.Les comparaisons avec les éditions précédentes restent possibles, mais doivent être interprétées avec prudence, car une partie des évolutions pourrait découler de ces changements techniques plutôt que d’une réelle évolution du tabagisme.